


VAYSHA L’AVEUGLE – RV
Vaysha est une fillette née avec une particularité insolite : son œil gauche perçoit le passé, tandis que son œil droit ne voit que l’avenir. Vivre dans le présent est une impossibilité. Doit-elle énucléer l’un de ses yeux afin d’exister dans l’une de ces temporalités ? Est-elle condamnée à une appréhension confuse du réel ? Autant de questions au caractère aporétique. Vaysha l’aveugle est une œuvre expressionniste conçue en trois versions distinctes : 2D, 3D stéréoscopique et réalité virtuelle (RV). La raison qui a incité Theodore Ushev à se tourner vers la RV est fort simple : faire en sorte que le spectateur s’identifie davantage à l’héroïne. Car cette technologie informatique provoque, dans le cas présent, une immersion assujettie non pas aux contraintes du spectacle primaire, mais bien à celles de l’efficacité narrative. La métaphore du récit, empreinte de sagesse bouddhiste, n’en devient que plus convaincante. Chaque version fait usage d’une seule technique d’animation : la linogravure. Cet art traditionnel est toutefois recréé à l’aide d’une tablette graphique utilisée par bon nombre d’animateurs. En résulte une fascinante rencontre entre traditions artistiques et technologies de demain — une façon idoine d’assurer la pérennité d’un savoir-faire ancien et précieux.

La 3e roue
Un professeur d’éducation physique prend le pari de rendre le sport accessible à deux sœurs atteintes de dystrophie musculaire. Étonnamment, des élèves sans handicap demandent à avoir aussi accès aux fauteuils roulants pour jouer au basketball avec elles. Émerge alors un mouvement d’inclusion inversée qui va bientôt s’étendre à toute une communauté, et où la majorité s’adapte à la minorité.

Ennemi
Face à face, deux combattants s’observent. L’un après l’autre, ils dévoilent les raisons pour lesquelles ils se sont engagés dans la guerre ; pourquoi, comme leurs parents et ancêtres avant eux, ils ont trouvé un jour plus approprié de prendre les armes pour défendre leurs convictions, leur famille, leur pays, leur clan ou leur foi. Que connaissons-nous exactement des combattants ? Que savons-nous vraiment des motivations qui poussent des êtres humains à s’engager dans la lutte, au risque d’être tués, mais aussi de devenir tueurs ? Et pourquoi, alors que parfois plusieurs générations se sont succédé au combat, continuer la guerre ? Que représente pour eux la liberté ? L’avenir ? Israël-Palestine, République démocratique du Congo, Salvador, Corée du Sud et Corée du Nord, Soudan du Sud, Cachemire... De tous les conflits que connaît le monde aujourd’hui, ceux-ci semblent symboliser le mieux l’impossibilité pour chaque partie de s’identifier à l’autre.

Aabiziingwashi (Bien éveillés) Le cinéma autochtone en tournée

Memento mori
Filmé dans les coulisses de l’hôpital de transplantation d’organes le plus occupé au monde, Memento mori propose un parcours cinématographique sans compromis dans un univers où la vie et la mort se côtoient sans cesse. Tourné dans le style du cinéma direct, le film nous fait vivre les expériences les plus intenses qui soient dans la vie d’un être humain : les moments d’insupportable incertitude qui précèdent une perte brutale et insensée ou l’incommensurable joie d’avoir une seconde chance. Un bébé extirpé des griffes de la mort. Un père qui lutte pour sa vie afin de voir grandir sa fille. Les parents d’un jeune homme subitement emportés dans une tourmente qui mettra leur humanité à l’épreuve. Avec empathie et honnêteté, Memento mori nous transporte au sein d’un univers que très peu d’entre nous connaissent mais dans lequel nous risquons tous d’être aspirés un jour. Du cinéma d’observation à la fois beau et profond. Un véritable tour de force.

Le mystère de la chambre secrète
Le mystère de la chambre secrète entraîne les spectateurs dans un fascinant voyage à la frontière du réel et de l’imaginaire. Portrait de famille saisissant, histoire inspirante d’adversité et de résilience, ce court métrage d’animation richement coloré relate l’histoire de Grace, une fillette de 10 ans qui, grâce à ses superpouvoirs d’imagination, arrive à trouver son chemin dans le paysage émotionnel de la dépression de sa mère. L’auteure et réalisatrice Wanda Nolan s’est associée à l’animatrice Claire Blanchet pour tisser une histoire profondément émouvante. L’animation dessinée à la main donne vie à deux univers distincts : la « réalité », dépeinte en teintes sourdes, et l’imaginaire de Grace, foisonnant de couleurs saturées. Mariant les techniques et les médias, dont les fonds dessinés, les photos de paysage et le dessin à l’encre et au pastel sur papier, Le mystère de la chambre secrète propose un univers narratif texturé rempli de surprises, de défis et d’émotions tout en célébrant le pouvoir transformateur de la littérature et de l’imagination.

Streamers

Notes d’espoir
Ce long métrage documentaire brosse le portrait vivant et plein de délicatesse d’une communauté forcée de déménager. Au cœur du récit se trouve une jeune fille noire de 12 ans, aussi perspicace que lumineuse, qui, au fil de ses bouleversantes observations sur la vie, l’âme et la puissance de l’art, se fait la porte-parole des gens que la société réduit souvent au silence. Notes d’espoir témoigne en images du besoin universel de trouver sa voix et son appartenance.

La montagne de SGaana
La montagne de SGaana est un conte fantastique à propos d’un jeune homme emporté dans le monde des esprits et de la jeune femme qui vient à son secours. Dans ce petit bijou de film onirique, le cinéaste haïda Christopher Auchter entremêle avec brio animation traditionnelle et éléments emblématiques de l’art haïda auxquels donnent vie une riche palette évocatrice et des effets stylisés. Tandis qu’un jeune pêcheur navigue le long d’une rive escarpée, une minuscule souris vêtue d’un costume traditionnel haïda apparaît et se met à tricoter une couverture qui, à mesure qu’avance l’ouvrage, illustre le vieux conte du grand chasseur marin Naa-Naa-Simgat et de sa bien-aimée Kuuga Kuns. Quand une SGaana (mot haïda pour désigner l’« orque ») capture le chasseur et l’entraîne dans un monde surnaturel, la courageuse Kuuga Kuns se lance à son secours. Le couple pourra-t-il s’échapper de la montagne sous-marine de SGaana, ou fera-t-il désormais partie du monde des esprits haïdas ?

TESLA : LUMIÈRE MONDIALE
New York, 1905. L’inventeur visionnaire Nikola Tesla fait un ultime appel à J.P. Morgan, son mécène de jadis… Entre les déboires professionnels du génial Tesla et son amour absolu pour un oiseau qu’il aime « comme un homme aime une femme », TESLA : LUMIÈRE MONDIALE est une fantaisie tragique épousant le destin du père du courant électrique alternatif. Les mots que l’ingénieur adresse au banquier forment le canevas d’un récit émouvant et éblouissant, où la science et l’art se rejoignent pour faire naître une utopie, celle de l’énergie illimitée pour tous. La démarche du réalisateur Matthew Rankin (Mynarski chute mortelle) relève autant du documentaire animé que du cinéma expérimental. Le cinéaste s’inspire en effet d’événements réels qu’il inscrit dans une esthétique se référant aux avant-gardes européennes du début du XXe siècle. Le résultat est électrisant! Autour de la figure de Tesla se déploie un monde lumineux et profondément original, truffé d’idées éclairantes, le film vibrant d’une force fiévreuse qui culmine en une spectaculaire apothéose, tout autant vision d’horreur qu’épiphanie créatrice, véritable explosion formelle en hommage au génie incandescent de cette immense figure de la modernité.

Droit devant
Documentaire musical signé Marie Clements, Droit devant rattache un moment charnière de l’histoire des droits civils au Canada — les origines du nationalisme autochtone vers 1930 — au souffle puissant qui anime aujourd’hui le militantisme des Premières Nations. La cinéaste brosse un portrait électrisant de minuscules mouvements, la Native Brotherhood et la Native Sisterhood, devenus d’importants vecteurs d’évolution sociale, politique et juridique, et qui ont profondément changé le pays. Magnifiquement filmées et présentées par un groupe de chanteurs et de musiciens canadiens parmi les plus talentueux, les séquences musicales du film relient harmonieusement le passé et le présent, portées par la ferveur des voix, du blues, du rock et des rythmes traditionnels. Vibrant hommage à ceux et celles qui luttent pour la reconnaissance des droits des Premières Nations, Droit devant est une bouleversante expérience historique et un appel pressant à l’action.