Wintopia
2019 | 88 min
Sélections et prix
Sélection officielleIDFA 2019
Sélection officielleHot Docs 2020
Prix Colin Low pour le meilleur documentaire canadienDOXA 2020
Sélection officielleRIDM 2020
Sélection officielleVictoria Film Festival 2021
La découverte d’une boîte de cassettes vidéo. L’obsession utopique d’une vie. Les efforts d’une fille pour achever le dernier film de son père. Wintopia retrace l’énigmatique parcours du documentariste de renom Peter Wintonick, vers lequel sa fille Mira braque sa caméra tout en essayant de déchiffrer la carte qu’il a laissée derrière lui. Imprégné d’émotion et de fantaisie, le film nous conduit sur la voie d’univers possibles au fil d’une quête de réconciliation, tant entre l’artiste et sa famille qu’entre les rêves et la réalité.
Mot de la réalisatrice
« Il parlait toujours de toi. »
« Tu étais pour lui le centre du monde. »
« Il était si fier de toi. »
J’ai beaucoup entendu ces paroles lorsque mon père est mort, de la part de personnes provenant de Reykjavik, Amsterdam, Vancouver, Mumbai, Sydney… Ça me surprenait toujours un peu. Il n’avait pas l’habitude de me dire des choses pareilles, mais semblait les dire à des gens de partout dans le monde que je n’avais jamais rencontrés.
Mon père était Peter Wintonick, l’« ambassadeur canadien du documentaire », reconnu pour son film Chomsky, les médias et les illusions nécessaires, réalisé en 1992 et fréquemment cité parmi les documentaires les plus influents de tous les temps. Il est mort soudainement, à l’âge de 60 ans, après un bref combat contre le cancer.
Lorsque mon père a appris qu’il était malade, la première chose qu’il a dite était qu’il voulait faire un dernier film. Un hommage au travail d’une vie. De temps en temps, sur une période de 15 ans, il partait seul aux quatre coins du monde pour tourner un film sur l’Utopie. Le mot est en soi une séduisante contradiction, désignant à la fois un lieu parfait et un lieu qui n’existe pas, et résoudre cette impossibilité était devenu une obsession pour mon père, qui passait de longs moments loin de chez lui. Finalement, il a été pris par d’autres projets et ses enregistrements ont fini enfouis au sous-sol. Il y avait environ 300 cassettes vidéo en tout qui, au moment de sa mort, étaient recouvertes de poussière. Bien des pères transmettent à leurs enfants leur dernière volonté, leur demandant par exemple de disperser leurs cendres dans un lieu significatif. Le mien m’a laissé la tâche de conclure son projet de vie, sa quête de l’Utopie.
Après sa mort, j’ai passé plusieurs mois à visionner le contenu des cassettes, transportée dans les profonds recoins de l’imagination de mon père. Ici, il était en Espagne, debout près d’un ancien moulin à vent, battant des bras en se prenant pour Don Quichotte. Là, il se promenait dans un écovillage en Écosse, essuyant des gouttes de pluie sur la lentille de sa caméra, son regard bleu perçant traversant le temps pour plonger dans le mien. Alors que les images défilaient sur l’écran et que je me demandais comment j’allais les assembler, le processus créatif et le processus de deuil se sont mélangés. Il est alors devenu très clair que je ne pourrais pas terminer le film de mon père, mais que je pourrais faire le mien : une tendre enquête sur la vie d’un artiste, d’un chercheur infatigable luttant pour être présent auprès des siens.
L’un des aspects les plus fascinants de ce processus a été pour moi de devoir réconcilier l’optimisme de mon père avec mon propre cynisme. Lorsqu’il visitait des usines coopératives ou des communes de squatteurs, il y voyait la promesse d’un avenir meilleur. En regardant ses images des années plus tard, à une époque désespérément dystopique, je ne pouvais voir pour ma part que la manière dont ces endroits n’avaient pas répondu aux attentes. Mais plus je passais du temps devant ces images, tout en revisionnant sa filmographie radicale et poétique, et plus j’enregistrais des témoignages de sa famille et de ses amis cinéastes, plus la sagesse de son optimisme se révélait à moi.
Pour mon père, la recherche de l’Utopie ne consistait pas à trouver un endroit parfait. C’était plutôt une manière de reconnaître qu’on ne peut pas simplement découvrir un monde meilleur, mais qu’on doit le créer activement, et que le point de départ de cette quête créative réside dans la capacité d’imaginer ce qui existe au-delà du statu quo. En ce sens, Wintopia est essentiellement un film sur l’espoir. C’est un film très personnel qui traite de l’urgence de notre époque. Alors que la crise climatique et le fascisme des temps modernes portent au désespoir, mon père nous rappelle l’importance primordiale de la production consciente et délibérée de l’espoir en tant que moteur essentiel de l’action collective. Qu’arriverait-il si nous refusions d’accepter les défauts de l’époque ? Et si, au lieu de hausser les épaules devant les problèmes du monde, nous nous mettions au défi d’imaginer un avenir différent ? Comment pourrions-nous reprendre un peu la main sur les forces dominant le monde et nos vies ? Ce sont les questions que j’espère voir germer dans l’esprit des gens lorsqu’ils verront Wintopia.
Mon père était aussi très drôle, et une de mes principales intentions lorsque j’ai monté Wintopia était de permettre à son sens de l’humour particulier de résonner tout au long du film, en soulignant les moments absurdes et en saluant sa manière enjouée de nous indiquer de ne pas tout prendre trop au sérieux. Je réalise des documentaires audio depuis 15 ans, c’est pourquoi le son et la musique jouent aussi un rôle important dans ce film, captant l’intimité d’une narration réflexive et de conversations téléphoniques personnelles.
Je ne peux pas savoir ce qu’aurait ressenti mon père en voyant comment j’ai réalisé sa dernière volonté, mais je sais ce que ça a signifié pour moi. Lorsqu’une personne meurt, notre dialogue avec elle s’éteint. Avec Wintopia, une nouvelle conversation entre mon père et moi a pu naître. Ce fut comme une dernière chance de le comprendre. D’être proche de lui. Quel cadeau !
Bande-annonce
Images
Affiche
Équipe
Générique (anglais)
DIRECTOR
MIRA BURT-WINTONICK
PRODUCERS
BOB MOORE, ANNETTE CLARKE
EDITOR
ANOUK DESCHĒNES
ORIGINAL MUSIC BY
DAVID DRURY
SOUND DESIGNER
MARIE-PIERRE GRENIER
LINE PRODUCER
VALERIE SHAMASH
ASSOCIATE PRODUCER
KATIE McKAY
ONLINE EDITOR
HAMED (ED) ALEALI
EXECUTIVE PRODUCERS
DANIEL CROSS, MILA AUNG-THWIN
Contacts de distribution
Festivals canadiens : festivals@nfb.ca
Festivals internationaux : distribution@eyesteelfilm.com
Ventes : distribution@nfb.ca | maelle@catndocs.com
Site web du film : eyesteelfilm.com/portfolio/wintopia
Relations de presse
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Katja De Bock
Attachée de presse – Vancouver
C. : 778-628-4890
k.debock@onf.ca | @NFB_Katja
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À propos de EyeSteelFilm
Daniel Cross spent six years making his first film, THE STREET (1997). The arduous production process alternated between filming on Montreal’s gritty streets with the local homeless population, and trying to ‘find’ precious 16mm film (i.e., he had to beg, borrow and steal). As a result, ‘EyeSteelFilm’ was chosen as a company name by founders Daniel and Mila Aung-Thwin, during the making of S.P.I.T. Squeegee Punks in Traffic in 1998. The production of that film involved sharing a camera with homeless Squeegee Punk/co-director Eric “Roach” Denis, setting the tone for the company’s interactive, inclusive direct filmmaking ethos. As EyeSteelFilm began expanding, Bob Moore joined as a partner with a deft focus on international co-producing. Today, EyeSteelFilm looks to work with engaged, like-minded filmmakers from around the world who seek to engage with reality using the language of documentary cinema.
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L’ONF en bref
Fondé en 1939 et unique en son genre, l’Office national du film du Canada (ONF) produit, coproduit et distribue des documentaires et des films d’animation distinctifs, engageants, pertinents et innovants. Incubateur de talents, il est un des plus grands laboratoires de création au monde. Depuis plus de huit décennies, l’ONF permet aux Canadiennes et aux Canadiens de se raconter et de se rencontrer. Ses films sont de plus une ressource éducative fiable et accessible. L’ONF possède également une expertise reconnue mondialement en préservation et en conservation, en plus d’une riche collection vivante d’œuvres qui constituent un pilier important du patrimoine culturel du Canada. Jusqu’à maintenant, l’ONF a produit plus de 14 000 œuvres, dont 6500 sont accessibles gratuitement en ligne sur onf.ca. L’ONF ainsi que ses productions et coproductions ont remporté au-delà de 7000 prix, dont 11 Oscars et un Oscar honorifique récompensant l’excellence de l’organisation dans toutes les sphères de la cinématographie.