avec amour, amma
2022 | 14 min 58 s
Documentaire
Anglais et kannada avec sous-titres français
Prix et festivals
Nomination - Santé mentaleYorkton Film Festival, SK, Canada (2023)
Nomination - MulticulturelleYorkton Film Festival, SK, Canada (2023)
Nomination - Point de vue documentaireYorkton Film Festival, SK, Canada (2023)
Sélection officielleqathet international film festival, Canada (2023)
Sélection officielleFIN Atlantic International Film Festival, Halifax (2022)
Sélection officielleSt. John’s International Women’s Film Festival, Canada (2022)
Sélection officielleVancouver Asian Film Festival, Canada (2022)
Sélection officielleMumbai Shorts International Film Festival, Inde (2022)
Souhaitant montrer le courage que requiert la vulnérabilité et la force que nécessite l’affirmation de soi, une jeune mère à qui l’on vient de diagnostiquer un trouble de la personnalité limite écrit à sa fille une lettre pour l’aider à faire face à un avenir incertain.
À la fois documentaire d’observation et essai personnel, avec amour, amma est à première vue le récit intime du parcours qu’amorce une famille vers la guérison. Mais en y regardant de plus près, on y trouve un effort courageux et sincère pour dépeindre la maladie mentale sous un angle nouveau, lors de rares moments qui jalonnent la voie de l’acceptation.
En une phrase
Une jeune mère à qui l’on vient de diagnostiquer un trouble de la personnalité limite écrit à sa fille une lettre sur le cheminement collectif qu’amorce sa famille vers l’acceptation.
Synopsis long
On dit que l’amour d’une mère pour son enfant a la solidité des falaises rocheuses qui se dressent contre l’océan, même lorsque déferlent les vagues tumultueuses de la maladie mentale.
Souhaitant montrer le courage que requiert la vulnérabilité et la force que nécessite l’affirmation de soi, une jeune mère à qui l’on vient de diagnostiquer un trouble de la personnalité limite écrit à sa fille une lettre pour l’aider à faire face à un avenir incertain.
La scénariste et réalisatrice Prajwala Dixit documente, dans ce film intergénérationnel, le cheminement collectif qu’amorce sa famille vers l’acceptation, et les difficiles conversations qui jalonnent le parcours.
Des scènes contemplatives nous entraînent de la côte sombre et venteuse de St. John’s, au Canada, à la métropole animée et grouillante de Bengaluru, en Inde. En kannada, sa langue maternelle, Prajwala exprime ses inquiétudes quant à ce que réserve l’avenir, mais une certitude lui donne de l’espoir : l’amour indéfectible qu’elle voue à sa fille.
Des échanges à cœur ouvert avec les êtres chers — fille, mère, conjoint, grand-mère — viennent ponctuer les images de ces paysages contrastés et les instants de réflexion solitaire de Prajwala. Sa détermination à rompre le cycle du silence et la souffrance qui se perpétuent dans sa famille d’une génération à l’autre les aidera, elle et ses proches, à progresser sans encombre sur ce territoire inconnu et déconcertant.
À la fois documentaire d’observation et essai très personnel, love, amma est à première vue le récit intime du parcours qu’amorce une famille vers la guérison. Mais en y regardant de plus près, on y trouve un effort courageux et sincère pour dépeindre la maladie mentale sous un angle nouveau, lors de rares moments qui jalonnent la voie de l’acceptation.
Entrevue avec Prajwala Dixit
Les paysages et les villes de l’Inde et du Canada s’entremêlent et offrent au public un regard unique sur votre maladie mentale. En quoi cette perception du paysage constitue-t-elle un élément important de la narration de votre histoire ?
St. John’s au Canada et Bengaluru en Inde, villes riches et dynamiques, stimulent les sens dès le premier contact. L’une se définit par les eaux, l’autre est enclavée. Elles livrent toutes deux un paysage visuel captivant, contrasté, qui a fait écho à mon expérience dans ces deux lieux. J’ai ressenti une grande ouverture à St. John’s. Dans le film, l’immensité des paysages terrestres et marins que la ville a à offrir en témoigne. En revanche, Bengaluru rimait avec constriction. Les conversations qui se déroulent à huis clos cherchent à en fournir une illustration.
Je ne voulais pas réaliser un film normatif sur le trouble de la personnalité limite et ce qu’il représente pour moi. J’ai plutôt essayé d’intégrer une constante de ma vie dans le subconscient de la narration. À partir d’éléments naturels de l’environnement dans lequel je vis — l’océan, l’île, les falaises, la circulation — j’ai tourné des images qui communiquent non seulement ce qui sous-tend le trouble de la personnalité limite (idées suicidaires, peur chronique de l’abandon), mais j’ai également tenté de montrer les sentiments associés à d’autres problèmes de santé mentale, à d’autres maladies mentales et handicaps invisibles. L’isolement d’une île, le bruit persistant de la circulation, les déferlantes, le précipice indissociable de la falaise éclairent ma perception du trouble de la personnalité limite.
Pourquoi avoir choisi de structurer le film autour d’une lettre à votre fille ?
Alors que la pandémie faisait rage, le diagnostic de trouble de la personnalité limite nous a frappées, ma famille et moi, comme une gifle violente, qui laisse les oreilles bourdonnantes longtemps par la suite. Nous nous sommes retrouvées désorientées, aux prises avec un phénomène inconnu sans vraiment disposer d’outils pour cheminer dans cette épreuve. Ce qu’on trouve dans le domaine public dépeint souvent les personnes avec un trouble de la personnalité limite comme des individus terribles, incapables de vivre au quotidien. Cela n’a rien arrangé, bien sûr. Je savais que c’était faux, ce qui s’est confirmé lorsque j’ai commencé à rencontrer des personnes qui vivaient avec la même affection, au Canada et en Inde, des personnes ordinaires, qui me ressemblaient, sans rien en commun avec celles décrites dans la culture populaire et les médias grand public.
Ainsi que bien d’autres, j’ai senti que la pandémie s’avérerait un coup dur pour le monde, l’environnement, la santé mentale. Alors que je me lançais dans le cheminement de toute une vie vers la guérison, tous ces éléments m’ont incitée à concentrer mon énergie pour saisir des moments intimes qui montreraient à quoi s’apparenterait la voie de l’acceptation de la maladie mentale, après le diagnostic, dans ma famille.
Cette œuvre est très personnelle. Pour trouver le courage de la mener à bien, j’ai dû plonger à l’intérieur de moi et comprendre pourquoi il me semblait essentiel de présenter un sujet aussi intime sur une plateforme publique. À partir des conversations qui ont commencé dans l’établissement de santé mentale de St. John’s, j’ai su que je voulais communiquer avec ma fille, par l’entremise de cette production, dans une période très difficile et turbulente de notre vie. J’ai vite compris que je souhaitais lui montrer le courage qu’il faut pour afficher sa vulnérabilité et la force qu’il y a à dire sa vérité. C’est ainsi que ce film s’est tout naturellement structuré comme une lettre du moi présent à la future elle.
Votre voix assure la narration en kannada alors que la plupart des conversations se déroulent en anglais. Comment s’est passé le métissage de ces deux langues dans le film ? Pourquoi était-ce important ?
Les langues véhiculent plus que des mots. Elles sont l’un de nos premiers héritages tangibles dans ce monde. Le kannada est entré dans ma vie alors que je grandissais dans le ventre de ma mère et l’anglais, quand j’avais environ deux ans. En plus de souhaiter mettre en valeur une belle et ancienne langue dravidienne du sud de l’Inde comme le kannada, ainsi que son existence et sa présence au Canada, je voulais donner un ton intime au film à travers la lettre que j’avais écrite à ma fille. Le kannada m’a offert cette possibilité d’une manière inexplicable. Non pas parce que cette langue serait meilleure ou pire que l’anglais, mais peut-être parce qu’elle incarne une forme concrète d’héritage et d’amour que ma famille partage même si tout le monde se trouve physiquement dans différentes régions du globe.
Fait notable, ma mère et moi, inconsciemment, avons utilisé l’anglais quand les échanges s’annonçaient difficiles, un écart par rapport à nos habitudes, car la plupart de nos conversations se déroulent en kannada.
Le recours à deux langues évoque également la dualité de deux mondes dans ma vie d’immigrée indienne installée au Canada et le sentiment d’appartenir parfois aux deux réalités et parfois à aucune. Ce thème apparaît souvent dans mon travail de journaliste, de documentariste, de dramaturge et d’auteure, où j’essaie de créer un espace pour que les deux univers se jumellent.
Il y a un moment particulièrement difficile dans le film où votre mère dit : « Même maintenant, je ne suis pas sûre de savoir pourquoi ils appellent ça un trouble. » Que voulez-vous que les gens comprennent sur les personnes et les familles aux prises avec un trouble de la personnalité limite ?
C’était difficile de filmer la conversation avec ma mère, en partie parce que ce genre de discussions avait rarement lieu chez nous. Pour ma mère, admettre que son enfant, son bébé, vit avec des troubles mentaux revient à admettre qu’elle aurait fait preuve d’irresponsabilité, ce qui n’est pas le cas. En Inde, la société exige beaucoup plus des femmes, en particulier les femmes de sa génération qui sont responsabilisées et culpabilisées parce qu’elles travaillent à l’intérieur et à l’extérieur de la maison. Ma mère a considéré que c’était sa faute, que quelque chose lui faisait défaut comme mère. Elle a réagi depuis cet espace pendant de nombreux mois. Une grande partie de l’année a passé avant qu’elle puisse accepter mon diagnostic et comprendre le sentiment de culpabilité, si jamais elle était coupable de quoi que ce soit.
Le trouble de la personnalité limite est complexe, comme tout problème de santé mentale et toute maladie mentale. Je ne suis pas une experte, je parle uniquement à partir de mes recherches personnelles et de mon expérience. Il n’y a pas deux personnes qui présentent un trouble de la personnalité limite identique. C’est la même chose pour le diabète, l’anxiété, un handicap physique. J’aime à parler de spectre. Selon le soutien social, l’environnement socioculturel, la génétique, ce trouble se manifeste différemment. Le chemin se révèle ardu et risque fort de mettre à mal les relations familiales et conjugales. Mais avec de l’amour, des soins, de la patience, de la persévérance et des encouragements, la bonne équipe médicale et les principes de base de la santé — régime alimentaire sain, exercice, sommeil — cette maladie se gère comme n’importe quelle autre. Malheureusement, tout le monde n’a pas accès à tous ces éléments, et c’est là que des systèmes sociaux, économiques et de santé fondés sur l’empathie peuvent offrir un soutien.
Le trouble de la personnalité limite n’est pas une fatalité ni le facteur déterminant d’une vie. Certains jours, le fracas des vagues semble ne jamais devoir finir, mais en réalité, dans le grand ordre des choses, comme l’île sur laquelle je vis, les vagues font partie de notre nature. Aujourd’hui, je comprends que cette situation m’apporte une perspective unique de la vie, qui alimente ma passion pour elle, me façonne. Et j’en suis heureuse.
Comment le tournage de ce film a-t-il changé votre point de vue et celui de votre famille sur la santé mentale et les maladies mentales ?
J’ai grandi en Inde où j’ai constaté l’absence d’espace sûr à l’intérieur ou à l’extérieur de la maison pour des conversations difficiles sur des sujets comme la santé mentale et le bien-être. J’ai hérité de la posture ambiante : considérer les questions de santé mentale et les maladies mentales comme une chose lointaine, de la « folie », des problèmes de « pays riches ». Ce film a joué un rôle immense : il a catalysé des conversations difficiles, intergénérationnelles dans ma famille. Il nous a permis de nous engager ensemble et individuellement sur la voie de la guérison et de la croissance. Soudain, les murs érigés avec le temps ont fondu et la chaleur nous a enveloppées. Ce film réunit plusieurs générations de ma famille avec, présente à l’esprit, la volonté de briser notre souffrance intergénérationnelle et de changer ainsi l’héritage de la plus jeune — ma fille — au chapitre des attitudes envers la santé mentale et le bien-être.
D’après vous, en quoi le débat sur la santé mentale diffère-t-il ou semble-t-il identique au Canada et en Inde ?
Selon l’Organisation mondiale de la santé, chaque année, le suicide fait plus de victimes que le VIH, le paludisme, le cancer du sein ou la guerre et les homicides. Toutes les 40 secondes, une personne met fin à ses jours par suicide et pour chaque suicide, on compte plus de 20 tentatives. La souffrance et la tragédie se révèlent, malheureusement, communes. Pourtant, à bien des égards, les tabous, les environnements sociaux et professionnels toxiques, l’ostracisme passif agressif et subversif, ainsi que les micro-agressions en matière de santé mentale demeurent omniprésents. Même si les troubles de l’humeur, comme l’anxiété et la dépression, sont relativement mieux acceptés au Canada, les conversations restent entourées de secret, ici et là-bas, à différents niveaux. Après la pandémie, un dialogue plus rigoureux s’est engagé en Inde et au Canada. Il reste à voir comment il se traduira en actions.
Que voudriez-vous que le public retienne ? À qui votre film s’adresse-t-il ?
J’espère que le public repartira avec le cœur rempli d’espoir (et un petit rire à la toute fin du générique !). J’espère que cet espoir s’épanouira comme les fleurs éclosent, dans la fraîcheur du printemps, comme le cœur palpite avant de faire un vœu quand on souffle les bougies de son gâteau d’anniversaire.
Je pense sincèrement que quiconque ayant au moins 14 ans trouvera quelque chose qui lui parle dans ce film, surtout dans le contexte de la déstigmatisation des conversations sur la santé mentale. Mais, dans le fond de mon cœur, je crois que ce film s’adresse aux mères, à la mienne, à la vôtre.
Images
Équipe
Générique
scénario, réalisation et narration
Prajwala Dixit
direction de la photographie
Danae Elon
Bakul Sharma
caméra additionnelle
Prajwala Dixit
photographies
Ajay D’Souza
prise de son
Danae Elon
Sathya Murthy
montage
Heidi Haines
conception sonore
Sacha Ratcliffe
productrice
Annette Clarke
directrice de production
Lynn Andrews
assistante de production
Abhinaya Nair
transcription
Lori Heath
bruitage
Karla Baumgardner
enregistrement du bruitage
Geoffrey Mitchell
ಭಜರೇ ಹನುಮಂತಂ
Bhajare Hanumantham
chanté par Janaki S. K. Rao et Prajwala Dixit
nous remercions
Maya et Justin
Betaraya Swamy, Prathiba Swamy et Anantha Dixit
Janaki S.K. Rao
Bharati, Shravya et Subba Rao
Jenna, Yousef, Talia, Killy, Brooke, Tate et leurs parents
ainsi que
Ricardo Acosta
Michael Crummey
Christopher Darcy Dunn
Andrea Dorfman
Sharada Eswar
Rohan Fernando
Monica Kidd
Ruth Lawrence
Kerrin Rafuse
Tamara Segura
superviseure de production
Roz Power
coordonnateurs techniques
Daniel Lord
Christopher MacIntosh
enregistrement de la narration
Matthew Thomson
montage de finition et colorisation
Steve Cook
sous-titrage
Zoé Major
mixage
Jean Paul Vialard
mise en marché
Jamie Hammond
relationniste
Osas Eweka-Smith
conseillère juridique
Dominique Aubry
productrice associée
Kelly Davis
administration
Leslie Anne Poyntz
producteurs exécutifs
Annette Clarke
John Christou
Une production de l’Office national du film du Canada
love, amma
love, ಅಮ್ಮ
Un film de la série de courts Re-Imagining the Islands
ONF.CA
© 2022 OFFICE NATIONAL DU FILM DU CANADA
Relations de presse
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Nadine Viau
Attachée de presse – Montréal
C. : 514-458-9745
n.viau@onf.ca
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L’ONF en bref
Fondé en 1939 et unique en son genre, l’Office national du film du Canada (ONF) produit, coproduit et distribue des documentaires et des films d’animation distinctifs, engageants, pertinents et innovants. Incubateur de talents, il est un des plus grands laboratoires de création au monde. Depuis plus de huit décennies, l’ONF permet aux Canadiennes et aux Canadiens de se raconter et de se rencontrer. Ses films sont de plus une ressource éducative fiable et accessible. L’ONF possède également une expertise reconnue mondialement en préservation et en conservation, en plus d’une riche collection vivante d’œuvres qui constituent un pilier important du patrimoine culturel du Canada. Jusqu’à maintenant, l’ONF a produit plus de 14 000 œuvres, dont 6500 sont accessibles gratuitement en ligne sur onf.ca. L’ONF ainsi que ses productions et coproductions ont remporté au-delà de 7000 prix, dont 11 Oscars et un Oscar honorifique récompensant l’excellence de l’organisation dans toutes les sphères de la cinématographie.