TURBINE
2018 | 8 min 21 s
Dessin sur papier
Sélections et prix
Meilleure animation canadienne: mention spécialeOttawa International Animation Festival 2018
Sélection officielleVancouver International Film Festival 2018
Meilleure animation courtNew York City Short Film Festival (NYC Shorts) 2018
Sélection officielleDenver International Film Festival
Sélection officielleFestival du nouveau cinéma (FNC) 2018
Sélection officielleFestival du Court Métrage Clermont-Ferrand 2019
Concours d'animation de courts métragesTallinn Black Nights Film Festival - PÖFF 2019
Un pilote atterrit chez lui en catastrophe. Une turbine d’avion remplace son visage et il est amoureux du ventilateur de la cuisine. Pour sauver leur mariage, son épouse prendra les grands moyens.
Bande-annonce
Synopsis
Un pilote de guerre traumatisé atterrit en catastrophe par la fenêtre de son appartement. En rentrant du travail, son épouse découvre qu’il a maintenant une turbine d’avion à la place du visage et qu’il est tombé amoureux du ventilateur de plafond de la cuisine. Pour sauver leur mariage qui bat de l’aile, elle décide qu’elle ne laissera plus son humanité se mettre en travers de leur amour.
Description détaillée
Un pilote de guerre traumatisé atterrit en catastrophe par la fenêtre de son appartement. Lorsque son épouse rentre de l’usine de fabrication d’obus où elle travaille, elle découvre qu’il a maintenant une turbine d’avion à la place du visage. Et comme si cela ne suffisait pas, il est tombé amoureux du ventilateur de plafond de la cuisine. Pour sauver leur mariage qui bat de l’aile, elle décide qu’elle ne laissera plus son humanité se mettre en travers de leur amour.
D’une facture aussi complexe qu’impeccable, ce court métrage dessiné à la main par Alex Boya explore, sur un ton techno-tragicomique, les conséquences souvent occultées de la guerre. Campé librement dans les années 1940, au moment où la technologie entre en grande pompe dans l’espace domestique grâce aux premiers appareils électroménagers, le récit présente la turbine comme un symbole du modernisme et de la vénération technologique qui ont redéfini les sociétés. La nôtre ne fait pas exception puisque téléphones intelligents, montres et autres gadgets s’invitent aujourd’hui sans vergogne dans notre univers quotidien et nous font, pourrait-on dire, perdre la face.
Réalisé par Alex Boya (dont le premier film, Focus, a été créé dans le cadre du célèbre programme Hothouse de l’Office national du film du Canada) et produit par Jelena Popović (La maison du hérisson, Manivald), Turbine se livre avec audace à un essentiel examen de ce dédale où nous nous sommes égarés en succombant aux charmes et aux promesses de la technologie.
Alex Boya à la Fabrique culturelle
Cliquez ici pour visionner la capsule sur Alex Boya sur le site de la Fabrique culturelle
Rire du chaos : Alex Boya nous parle de Turbine
Alex Boya est un homme façonné par deux mondes. Né à Sofia, en Bulgarie, peu après l’effondrement du Parti communiste au pouvoir, il vit à Montréal depuis que sa famille a immigré quand il avait deux ans. Ainsi, d’une part, il porte en lui ce qu’il décrit comme « des lettres, des objets et des vieilles photos rapatriées de l’époque juste avant ma naissance », et de l’autre, il a connu une enfance nord-américaine typique au cours de laquelle ce qui s’est le plus rapproché d’un conflit se résume à des batailles avec des figurines Star Wars.
Ces deux univers aux antipodes se rencontrent dans le dernier court métrage d’Alex Boya, Turbine (2018), une tragicomédie surréaliste sur les effets de la guerre et de la technologie chez un couple marié, produit par Jelena Popović à l’Office national du film du Canada (ONF).
« C’est en effet singulier, dit-il, parce que Turbine montre clairement l’Europe de l’Est, mais aussi une famille nucléaire occidentale et un peu du rêve américain, représenté par les appareils ménagers que notre protagoniste aime si tendrement. Je crois que ces deux mondes sont indissociables chez moi. »
Les deux parents d’Alex Boya étant artistes, il n’est pas difficile de comprendre d’où vient son intérêt pour l’art. « Comme beaucoup d’enfants, explique-t-il, j’ai découvert les crayons Crayola à la maternelle et n’ai pas arrêté de dessiner depuis. »
Après des études en illustration et en design au Collège Dawson, à Montréal, il suit brièvement le réputé programme d’animation de l’Université Concordia, où il réalise le court métrage Rites of passage (2012).
« Mais le point tournant de mon parcours, ajoute-t-il, c’est lorsque j’ai été embauché par l’Université McGill afin de produire des illustrations médicales (et d’autre matériel pédagogique et de communication interne) pour plusieurs départements. Ce genre de dessin, c’est mon dada depuis l’adolescence. »
Le premier contact d’Alex Boya avec l’ONF a eu lieu en 2015 grâce au stage de formation renommé Hothouse. Il faisait partie d’un groupe de huit réalisateurs mis au défi de produire un film d’une minute en trois mois, sous la tutelle de l’animateur oscarisé Chris Landreth (Ryan, Subconscious Password). Sa contribution : Focus, une tentative étonnante et imaginative d’illustrer le trouble déficitaire de l’attention qui lui a valu une mention honorable pour la meilleure animation canadienne au Festival international d’animation d’Ottawa en 2015.
Cette fusion d’images d’une précision médicale presque austère et d’un tracé vif et frénétique dans Focus, et par la suite dans Turbine, a entraîné Alex à se définir comme un « expressionniste médical ». « C’est une une approche conceptuelle qui cherche à définir les états intangibles de l’âme en recourant à la notion de visualisation médicale, c’est-à-dire rendre visible une région interne du corps, à la manière des dessins de la Renaissance représentant l’anatomie humaine. De plus, elle joue avec l’aspect pédagogique sous-jacent des images pour rendre tangibles, par l’animation, l’anticipation des conflits intérieurs dans l’esprit humain et leur signification comme plus librement démontré dans Focus. »
La même année, Alex Boya s’adresse à Jelena Popović, productrice à l’ONF, pour lui proposer un film sur le syndrome de stress post-traumatique (SSPT) et la prépondérance de la technologie à travers l’histoire d’un couple marié. La production a débuté un an plus tard.
Les origines de Turbine, curieusement, ne proviennent pas d’une expérience personnelle, mais d’un songe. « J’ai rêvé à un grand champ et un homme de dos, détaille-t-il. En m’approchant assez pour le voir de profil, j’ai remarqué que son visage était plat. Quand je me suis retrouvé devant lui, j’ai vu une turbine dans son visage creux, d’où bavait une sorte de salive/huile moteur. L’homme m’a dit de m’approcher pour qu’il puisse murmurer à mon oreille. Je saisissais tout de sa voix mécanique et régulière. Une fois réveillé, j’ai réalisé qu’il s’agissait simplement du climatiseur de la chambre à coucher. »
Bien que l’époque de l’action ne soit pas définie, Turbine se déroule clairement au lendemain d’une guerre majeure. Pourtant, Alex se préoccupe moins du champ de bataille que du conflit plus subtil qui se déroule dans l’espace domestique. « Au départ, il y a une résistance à la technologie, mais peu à peu elle s’infiltre dans la maison sous forme d’appareils banals puis exerce une domination subliminale, jusqu’à ce que ces appareils ménagers deviennent des prolongements du corps. »
Au lieu de se concentrer sur des éléments contemporains comme les téléphones intelligents et Internet, Alex voulait remonter plus loin dans le passé pour examiner comment la guerre a fait naître ces technologies. « Le téléphone intelligent est en quelque sorte trop hermétique, puisque constitué d’un boîtier plat et lisse à l’intérieur duquel réside toute sa ‘’magie’’. Mais si on remonte un peu plus loin, aux ordinateurs de table par exemple, on peut vraiment voir les divers éléments qui le composent : clavier, écran, source d’énergie, etc. Et en revenant encore davantage dans le passé, on tombe sur les premiers avions, les premières turbines, et les guerres qui ont entraîné leur création. »
Même si la technologie est au cœur de Turbine, le film aborde également les conséquences de la guerre sur les individus. « Le bagage émotionnel de notre pilote est essentiel à l’intrigue. Il s’agit d’une tragicomédie romantique au sujet d’un mari dont le corps a fusionné avec son avion de guerre. Puisqu’il a une turbine en lieu et place du visage, il ne peut plus communiquer avec sa femme. Elle essaie de rassembler les fragments de leur vie, et c’est là que le thème du SSPT entre en jeu. »
Le film qui en résulte est une œuvre riche, à facettes, qui nous amène à nous pencher sur de nombreuses questions, en premier lieu notre dépendance excessive à la technologie, mais aussi les rôles désuets associés au genre et, naturellement, les horreurs souvent invisibles de la guerre.
N’ayez pas peur de ces thèmes complexes et intimidants, parce que Turbine est aussi un court-métrage très drôle et surréaliste à propos d’un type qui tombe amoureux d’un ventilateur de plafond, et des efforts absurdes que sa femme fera pour préserver leur mariage.
Parfois, rire est le seul baume au chaos.
Équipe
Images
Générique
scénario et realisation
Alex Boya
design et animation
Alex Boya
consultant dramaturgique
Theodore Ushev
musique
Judith Gruber-Stitzer
conception sonore
Olivier Calvert
musiciens
Melanie Bergeron (accordéon)
Amanda Keesmaat (violoncelle)
Chantal Bergeron (violoniste)
enregistrement – bruitage et musique
Geoffrey Mitchell
bruitage
Lise Wedlock
mixage
Serge Boivin
montage en ligne
Serge Verreault
titres et générique
Mélanie Bouchard
coordination technique
Randall Finnerty
Candice Desormeaux
Luc Binette
direction technique
Eloi Champagne
administration
Victoire-Émilie Bessette
Rosalina Di Sario
Dominique Forget
Stéphanie Lalonde
mise en marché
Judith Lessard-Bérubé
relations de presse
Nadine Viau
productrice
Jelena Popović
producteur exécutif
Michael Fukushima
produit par
l’Office national du film du Canada
Relations de presse
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Nadine Viau
Attachée de presse – Montréal
C. : 514-458-9745
n.viau@onf.ca
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L’ONF en bref
L’Office national du film du Canada (ONF) est un chef de file dans l’exploration de l’animation comme forme d’art, de mise en récit et de contenu innovateur pour les nouvelles plateformes. Il produit des œuvres d’animation audacieuses dans ses studios situés à Montréal, mais aussi partout au pays, et collabore avec les créateurs et créatrices les plus en vue de la planète dans le cadre de coproductions internationales. Les productions de l’ONF ont remporté plus de 7000 récompenses, dont, en animation, 7 Oscars et 7 Grands Prix du Festival d’Annecy. Pour accéder à ces œuvres uniques, visitez ONF.ca.