Meneath : l'île secrète de l'éthique
2021 | 19 min 22 s
Image par image
Anglais ponctué d’un peu d’anishinaabemowin, avec sous-titres en français
Sélections et prix
Sélection officielleTIFF - Festival international du film de Toronto, Canada (2021)
Mention spéciale - Prix du Canadian Film Institute (CFI) pour la meilleure animation canadienneFestival international d’animation d’Ottawa, Canada (2021)
Prix du public : Meilleur court métrage canadienGIRAF Festival of Independent Animation, Canada (2021)
Canada's Top Ten - courts métragesTIFF - Toronto International Film Festival, Canada (2021)
Sélection officielle - Generation 14plusBerlinale, Allemagne (2022)
Nomination - Meilleur court métrage d'animation Prix Écrans canadiens, Toronto, Canada (2022)
Prix spécial du jury- École NAD-UQACSommets du cinéma d'animation, Montréal, Canada (2022)
Mentions spéciales du jury internationalTricky Women International Women's Animated Film Festival, Vienne, Autriche (2022)
Prix d'animationYorkton Film Festival, SK, Canada (2022)
Prix autochtoneYorkton Film Festival, SK, Canada (2022)
Sélection officielleFestival international du film d’animation d’Annecy, France (2022)
Prix du public - Meilleur court métrageCinefest Sudbury, Canada (2022)
Trickster AwardSkoden Indigenous Film Festival, Canada (2022)
Sélection officielleFestival du film de Tampere, Finlande (2022)
Plus de prix et sélections
Meneath : l’île secrète de l’éthique explore les contradictions entre les sept péchés capitaux (luxure, gourmandise, avarice, paresse, colère, orgueil et envie) et les sept enseignements sacrés (amour, respect, sagesse, courage, vérité, honnêteté et humilité), telles que les vit une petite Métisse vive et précoce. Son déchirement intérieur nous est révélé sans complaisance grâce à l’animation image par image d’une sombre beauté que signe Terril Calder. Convaincue d’être souillée et destinée aux enfers, Baby Girl reçoit, de la part de Nokomis, des enseignements anichinabés qui la remplissent de force et de fierté et lui ouvrent une voie vers la guérison. De ce véritable tour de force cinématographique émerge un univers d’une troublante familiarité, mais aussi porteur d’espoir, qui offre une perspective unique sur les angles morts des systèmes coloniaux.
Bande-annonce
En une phrase
Meneath : l’île secrète de l’éthique illustre le difficile parcours d’une fillette métisse vive et précoce convaincue d’être destinée aux enfers.
Synopsis long
Au cœur de l’île de la Tortue, une petite Métisse voit le jour. Lorsque Jésus lui révèle les prétendus péchés de l’humanité, son innocence d’enfant se brise. Convaincue d’être souillée et destinée aux enfers, la fillette vit dans la peur et le dégoût d’elle-même. Pour apaiser le traumatisme des abus qu’elle a subis, Nokomis met en lumière les enseignements anichinabés profondément enfouis à l’intérieur de l’enfant. Pour chaque péché présumé, la petite fille reçoit un enseignement qui la remplit de force et de fierté, et lui ouvre une voie vers la guérison.
Porté par l’animation image par image d’une sombre beauté que signe Terril Calder, Meneath : l’île secrète de l’éthique explore sans complaisance les contradictions entre les sept péchés capitaux (luxure, gourmandise, avarice, paresse, colère, orgueil et envie) et les sept enseignements sacrés anichinabés (amour, respect, sagesse, courage, vérité, honnêteté et humilité), telles que les vit cette fillette métisse vive et précoce. Meneath (ou « île », en anishinaabemowin) illustre son difficile parcours, tout en nous invitant à examiner nos propres cheminements et à réfléchir à notre héritage commun. Au sens large de l’allégorie, le film offre une perspective unique sur les angles morts des systèmes coloniaux.
Monté par l’artiste primé Jeff Barnaby (Rhymes for Young Ghouls, Blood Quantum), Meneath est le fruit de la première collaboration entre Terril Calder et l’Office national du film du Canada. Véritable tour de force cinématographique, le film aspire à dépasser les traumatismes et à affirmer le respect des cultures.
Mot de la réalisatrice
Depuis quelque temps, je suis obsédée par la notion de code-switching (alternance codique). Notre époque a donné un nom à un enjeu qui me dévore de l’intérieur : l’idée de devoir s’intégrer à la culture dominante ou, du moins, de changer suffisamment pour donner l’impression qu’on l’est. J’ai quitté ma communauté (Fort Frances) à l’âge de 18 ans pour étudier les beaux-arts à Winnipeg. J’en ai maintenant 52, et je constate qu’une grande partie de mon « parcours professionnel » a consisté en l’apprentissage de cette intégration. Ma façon d’être a souvent donné l’impression que j’étais peu professionnelle ou peu instruite. Cela me frustrait beaucoup, mais une partie de moi le croyait. J’ai appris à m’intégrer, ou à m’adapter aux codes dominants, pour mettre les gens autour de moi à l’aise, voire pour gagner leur respect, selon leur propre définition. Je voulais être acceptée. C’est un véritable obstacle pour beaucoup d’Autochtones qui ne peuvent pas ou ne veulent pas agir de même pour faire des études ou pour poursuivre une « carrière ». Faire semblant d’être une autre personne pour s’intégrer, c’est en demander beaucoup à quelqu’un. Aujourd’hui, à l’âge que j’ai, j’en viens à me demander si nous sommes vraiment forcés de faire ça.
Willie J. Ermine, M.Ed., professeur adjoint à l’Université des Premières Nations du Canada, s’intéresse particulièrement au « développement conceptuel de l’“espace éthique”, un espace théorique entre les cultures et les points de vue sur le monde ». J’ai un immense respect pour lui et pour ses recherches universitaires incorporant la tradition. Il creuse le même problème que moi, mais selon une perspective universitaire. La morale chrétienne est si profondément ancrée au « Canada », qu’on la voit souvent comme la base morale à partir de laquelle se construire. C’est la morale par défaut, et tout le reste est considéré comme imparfait ou primitif. Cette façon de penser du « missionnaire » amène inconsciemment à nous traiter comme des païens, sans égard à notre foi. J’en suis venue à me demander si les gens s’en rendent compte. Je ne crois pas. C’est une conception raciste que de penser, sous le couvert de la parole du Sauveur : « Je suis une bonne personne et je veux que les autres le soient aussi. » Cela sous-entend une définition rigide de ce qu’est « une bonne personne ». Je me suis demandé si les gens avaient compris que cela nécessitait un accommodement de notre part. Que leur logique nous concernant ne fonctionnait pas, car ils n’avaient pas les outils pour nous comprendre. Mon film, Meneath : l’île secrète de l’éthique, essaie d’aborder cela, du point de vue d’une petite fille. Une petite fille guidée par une voix intérieure qui l’aide à se débrouiller dans le monde en tant que Métisse. Je fais entendre cette voix au public, afin de le rendre sensible à un autre système de valeurs. Son histoire est une histoire de guérison, d’acceptation et de réconciliation après un traumatisme.
Terril Calder, métisse
Je suis une Calder du Fort. Fort Frances, en Ontario, est une petite communauté où on n’a pas à expliquer qui on est. Nous sommes des Métis, et nous avons grandi dans un entre-deux, ni tout à fait blancs ni tout à fait autochtones. Métis signifie « de sang mêlé ». Ce qui peut prêter à confusion en laissant croire que c’est ce mélange des origines qui fait de nous des Métis. Or, ce n’est pas le cas. Pour être une Nation reconnue, il faut avoir une culture et une langue distinctes et un lien avec le peuple de la Nation de la rivière Rouge de Louis Riel. Notre nation-tribu était métisse. Mes ancêtres étaient de la Nation de la rivière Rouge, ils ont pris part à la rébellion des Métis, puis se sont exilés à Fort après la guerre civile lorsque la communauté fut déplacée. Il y eut une adhésion au Traité no 3 pour inclure mon clan. Nombreux sont ceux qui se sont alors installés dans des réserves, mais certains ne l’ont pas fait. Dans ma communauté, c’était une pomme de discorde, et ça l’est toujours. C’est un sujet délicat. Parce que nous nous sommes installés là avec les Anichinabés (Ojibwés), qui étaient nos alliés, nous avions une langue distincte qui n’était pas le michif. C’est une erreur de penser que le michif était notre seule langue. Nous parlions bungi et anishinaabemowin. Le bungi était un mélange de gaélique et de cri. C’est aujourd’hui une langue disparue. Ma dénomination (Métis Crie Orkney) révèle mes origines mixtes écossaises et cries. Cependant, ma Nation demeure « Métis ».
Le nom de famille Calder est écossais. On le retrace au Canada dès les débuts de la traite des fourrures. En créant Meneath, je me suis vraiment demandé qui devait incarner la voix « autochtone », l’une des deux voix du personnage principal. En faire une voix crie semblait aller de soi, car il n’y a pas beaucoup de connaissances sur la diversité da ma Nation ; mais, dans mon for intérieur, je savais qu’elle devait être anichinabée. Je ne me sens connectée ni à la culture crie, ni à celle écossaise, car ma communauté a évolué en devenant plus anichinabée. Nous avons mêlé notre sang depuis des siècles. Ce qui ne nous rend pas pour autant plus métis ou plus anichinabés. Ma mère est norvégienne et elle a grandi dans les bois aux environs de Fort Frances. Mon histoire est inhabituelle. J’ai été élevée dans ma communauté, et non dans une banlieue de Toronto, et le rapport que j’entretiens avec ma communauté nourrit ma curiosité et ma pratique artistique. Cela n’a jamais été quelque chose que j’ai dû adopter ou rechercher. Nous avons été élevés avec des héritages culturels, puisque la culture métisse est à la fois européenne et ojibwée-crie et, dans mon cas, anichinabée. Nous avons toujours vécu de notre terre et notre poisson constitue une denrée précieuse. Avec le temps, nos droits changent, notre acceptation change. Mais nous demeurons les Calders du Fort.
Extraits
Images
Affiche
Équipe
Générique
Écrit et réalisé par
Terril Calder
Voix
Gail Maurice
Kent McQuaid
Lake Delisle
Terril Calder
Conception et animation
Terril Calder
Montage
Jeff Barnaby
Conception sonore
Sacha Ratcliffe
Productrice
Jelena Popović
Producteur consultant
Jason Ryle
Producteurs exécutifs
Michael Fukushima
Robert McLaughlin
Une production de l’Office national du film du Canada
Relations de presse
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Nadine Viau
Attachée de presse – Montréal
C. : 514-458-9745
n.viau@onf.ca
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L’ONF en bref
L’Office national du film du Canada (ONF) est un chef de file dans l’exploration de l’animation comme forme d’art, de mise en récit et de contenu innovateur pour les nouvelles plateformes. Il produit des œuvres d’animation audacieuses dans ses studios situés à Montréal, mais aussi partout au pays, et collabore avec les créateurs et créatrices les plus en vue de la planète dans le cadre de coproductions internationales. Les productions de l’ONF ont remporté plus de 7000 récompenses, dont, en animation, 7 Oscars et 7 Grands Prix du Festival d’Annecy. Pour accéder à ces œuvres uniques, visitez ONF.ca.