Mamie habite en Gaspésie dans une maison faisant dos à la mer. Sa petite-fille se questionne : « Pourquoi Mamie ne s’intéresse-t-elle ni à elle, ni à ses autres petits-enfants? Pourquoi ne partage-t-elle pas avec moi son affection et sa belle couverture? Que s’est-il passé pour rendre Mamie si indifférente? » Dans cette magnifique animation d’aquarelles peintes à la main, la cinéaste remonte dans ses souvenirs d’enfance pour livrer un récit touchant et personnel sur la rupture de transmission entre elle et sa Mamie.

Mamie habite en Gaspésie dans une maison faisant dos à la mer. Sa petite-fille se questionne : « Pourquoi Mamie ne s’intéresse-t-elle ni à moi, ni à ses autres petits-enfants? Pourquoi ne partage-t-elle pas avec moi son affection et sa belle couverture? Que s’est-il passé pour rendre Mamie si indifférente? »

À l’image de sa demeure, Mamie se renferme et ne laisse entrer quiconque dans son cœur. S’il est vrai que nous sommes le condensé de nos expériences et de ceux que l’on accueille dans notre vie, que reste-t-il si on ne laisse personne y entrer? Dans cette magnifique animation d’aquarelles peintes à la main, la cinéaste remonte dans ses souvenirs d’enfance pour livrer un récit touchant et personnel sur la rupture de transmission entre elle et sa Mamie.

Mamie est une réalisation de Janice Nadeau et une coproduction de l’Office national du film du Canada et de Folimage.

Comment l’idée de Mamie a-t-elle pris naissance?

L’étrange relation que j’avais avec ma Mamie me revenait souvent en tête, par bribes de souvenirs. Je me demandais pourquoi elle ne s’intéressait pas à moi quand j’étais petite. Quand j’ai eu un enfant, je me suis rendu compte que le désir de transmission était en fait un sentiment naturel, instinctif. J’ai alors vu ma relation avec ma Mamie sous un nouvel angle : pourquoi n’avait-elle jamais eu cet attachement? J’avais envie de faire un film modulé selon mes souvenirs d’enfant, sans jugement, sans avoir besoin de les confronter à la réalité.

Avec Nul poisson où aller, en coréalisation avec Nicola Lemay à l’ONF,  je me suis engagée dans le film jusqu’à devenir coréalisatrice, alors qu’à la base je devais être directrice artistique. Nicola, qui a été comme un mentor, souhaitait que je sorte de cette expérience en me sentant prête à réaliser mon propre film. Et ça a été le cas! Le scénario de Mamie a remporté le prix du meilleur scénario au concours de la SODEC « Cours écrire ton court », lequel était assorti d’un voyage au Festival international d’animation d’Annecy. Mamie a été l’un des cinq projets sélectionnés au « Carrefour de la création » du Festival, et a remporté le prix Folimage.

 Comment s’est déroulée l’expérience de coproduction avec l’ONF et Folimage?

J’ai d’abord été étonnée qu’une maison de production française s’intéresse à un récit qui se passe en Gaspésie, mais j’ai réalisé que la thématique de la transmission parlait à tous également. J’ai commencé le processus de production à l’ONF, d’où je suis sortie avec un scénarimage et une animatique béton, pour me rendre chez Folimage, à Valence. Là-bas, j’ai travaillé avec une équipe d’animateurs, d’assistants et un monteur. Finalement, après cinq mois, je suis revenue à l’ONF pour tout terminer.

 Peux-tu nous parler un peu de la technique préconisée pour la création du film?

J’ai choisi l’aquarelle, parce que c’est un médium avec lequel je suis à l’aise. Cette familiarité avec la technique m’a permis de mettre le gros  de mon énergie sur la direction de l’animation et la réalisation.

 Que peux-tu nous dire de l’ambiance sonore de Mamie?

J’ai approché Benoit Charest pour composer la musique du film. J’aime beaucoup son travail parce que c’est un artiste qui n’a pas de recette : il crée une réponse artistique au film. Il a pris la voie de la sobriété, avec un seul piano, accompagné du violoncelle pour deux scènes précises, plus ludiques. Sa musique suit le mouvement de la mémoire : les souvenirs arrivent tantôt rapidement, tantôt lentement, dans l’ordre ou le désordre. Ainsi, la bande sonore change souvent de cap et modifie l’univers des personnages par l’apparition de-ci de-là de notes dissonantes, de respirations.

Le travail sur le son d’Olivier Calvert apporte un décalage parfois plus ironique entre l’image et le son. C’est ainsi que les enfants désobéissants créent des bruits d’animaux de la jungle, que leurs disputes autour du pâté à la mélasse sont des cris de mouettes! La bande sonore est à l’image du monde imparfait et décalé que le film illustre.

Comment as-tu vécu le passage de l’illustration à l’animation?

Mon travail d’illustration évoluait déjà vers l’animation sans que je m’en rende trop compte. Mes dessins devenaient de plus en plus minimalistes et j’y intégrais déjà la notion de temps. C’était déjà une prémisse du travail de scénarisation! En animation, chaque dessin prend vie en regard de celui qui le précède et celui qui le suit, il fait partie d’une chaîne marquée par le mouvement, l’intention, l’émotion. Du coup, chaque illustration n’a pas à être aussi léchée, il reste de l’espace créatif pour intégrer le jeu. J’ai tellement aimé l’animation que pour l’instant j’ai du mal à penser en termes d’image statique.

 Peux-tu nous parler de ton prochain projet?

Je vais réaliser à l’ONF l’adaptation d’Harvey, publié aux éditions de la Pastèque en 2009 (texte : Hervé Bouchard, illustrations : Janice Nadeau). Le projet est en développement, et c’est Marie-Francine Hébert qui signera le scénario.