Les Rose
2020 | 127 min 58 s
Sélections et prix
Meilleur documentaire canadienFestival Les Percéides - 12e Festival international de cinéma et d’art de Percé, Percé, Canada (2020)
En octobre 1970, des membres du Front de libération du Québec enlèvent le ministre Pierre Laporte, déclenchant une crise sans précédent au Québec. Cinquante ans plus tard, Félix Rose tente de comprendre ce qui a pu mener son père et son oncle à commettre de tels actes. Grâce aux confidences de son oncle Jacques, qui accepte pour la première fois de s’exprimer sur le sujet, et aux traces précieuses laissées par son père Paul, il fait revivre la richesse de l’héritage d’une famille ouvrière québécoise et redonne à la crise d’Octobre sa dimension sociale.
Fruit de dix ans de recherche, Les Rose permet de faire revivre des moments et des personnages que l’on ne connaissait que par quelques clichés, et laisse entrevoir le blocage social vécu par une jeunesse révoltée et les bouleversements qui s’ensuivirent.
Synopsis
En octobre 1970, des membres du Front de libération du Québec enlèvent le ministre Pierre Laporte, déclenchant une crise sans précédent au Québec. Cinquante ans plus tard, Félix Rose tente de comprendre ce qui a pu mener son père et son oncle à commettre de tels actes.
À propos du film
Un homme dans la soixantaine évoque sa jeunesse : « Les descentes qui ont été faites dans les fameux comités ouvriers là, les policiers qui pognent toutes les cartes de membres, ils versent tout ça sur la rue… Ce genre de répression stupide, ça nous a tous ouvert les yeux en même temps. » Cet homme, c’est Paul Rose. Dans un village au bord du fleuve, quelques années plus tard, Jacques, le frère de Paul disparu depuis, parle au fils de ce dernier : « On a dit : les règles démocratiques, quand c’est nous autres qui va les faire, peut-être qu’on va y croire, mais là, c’est fait par du monde qui triche, alors s’ils veulent tricher, nous autres, on va tricher su’ notre bord. »
En octobre 1970, des membres du Front de libération du Québec enlèvent le ministre Pierre Laporte. S’ensuivront des événements qui marqueront le Québec à jamais : l’appel à l’armée canadienne, la proclamation de la Loi sur les mesures de guerre, l’emprisonnement d’environ 500 personnes et la mort de Pierre Laporte.
Tout en déplorant cette tournure tragique, les ravisseurs ne se repentiront jamais, préférant assumer la responsabilité totale de leurs gestes. Cinquante ans plus tard, Félix Rose tente de comprendre ce qui a pu mener son père Paul et son oncle Jacques à commettre de tels actes, et plonge dans l’histoire familiale.
Les Rose, famille ouvrière de Ville Jacques-Cartier, se retrouveront dans l’œil de la tempête sociale et politique québécoise pendant plus de dix ans, en particulier une mère et ses fils. Grâce aux confidences de son oncle Jacques, qui accepte pour la première fois de s’exprimer sur le sujet, aux traces précieuses laissées par son père et à la marque profonde imprimée par la grand-mère dans le cœur de ses enfants, Félix Rose fait revivre la richesse des liens familiaux et de l’héritage d’une famille témoin du Québec d’avant la Révolution tranquille.
En suivant le fil de l’histoire familiale depuis l’aïeul employé de la Redpath, de Saint-Henri aux taudis de Ville Jacques-Cartier, des ateliers du Canadien National aux comités citoyens de la fin des années 1960, Les Rose redonne à la crise d’Octobre et à l’action du FLQ leur dimension sociale. La lutte ouvrière reprenant sa juste place dans le récit, le film permet de toucher du doigt l’ampleur du blocage social tel qu’il était vécu par une jeunesse récemment scolarisée, alerte, et donc révoltée par les injustices endurées par ses parents et amis.
Alors que la violence et le terrorisme semblent aux générations suivantes être un cul-de-sac évident, Félix Rose nous permet, sans l’excuser, d’entrevoir l’état d’esprit qui a pu rendre ces méthodes attirantes et appropriées pour certaines personnes des années 1960, à une époque où, selon le FLQ, les « voies démocratiques étaient bloquées » et où les droits, en particulier ceux des « petits », étaient régulièrement bafoués.
Grâce à des archives audiovisuelles exceptionnelles, Les Rose permet de faire revivre des moments et des personnages que l’on ne connaissait que par quelques clichés figés, vus et revus ; les vivants et les disparus entrent en dialogue. Tout en la rapprochant de nous grâce aux gros plans et aux archives familiales, le film permet de mesurer la distance parcourue depuis cette époque. Des combats presque oubliés refont surface : lutte pour l’amélioration des conditions de détention dans les prisons, égalité des femmes dans le système de justice, etc. On redécouvre le personnage de Rose Rose, femme du peuple peu scolarisée, mais d’une vive intelligence, profondément consciente des injustices sociales, qui, comme des milliers d’autres femmes d’une époque charnière, aurait pu rester dans l’anonymat, n’eût été le destin dramatique de ses fils.
Le réalisateur Félix Rose (Yes, Avec la gauche) s’est entouré pour cette équipée personnelle et sociale d’artistes reconnus, comme le directeur photo Eric Piccoli, dont la caméra discrète et à l’affût permet des échanges d’une rare intimité. Le monteur Michel Giroux (La mémoire des anges, La part du diable) entremêle encore une fois avec doigté images d’époque et images nouvelles, ajoutant ainsi une dimension poétique au film. La musique colorée de Philippe Brach et La Controverse épouse à merveille le récit des Rose sur un demi-siècle. Les équipes de Babel films (Philippe Allard, Marco Frascarelli, Eric Piccoli, Félix Rose) et de l’Office national du film (Colette Loumède) ont assuré la coproduction, et Rosalie Rose, sœur de Félix, la prise de son.
Fruit de milliers d’heures de recherche et d’entrevues étalées sur près de huit ans, ce documentaire, à travers l’histoire d’une famille au passé controversé, apporte un éclairage nouveau sur les luttes sociales et politiques d’une époque pas si lointaine.
Les Rose - biographies principales
Paul Rose
En 1970, Paul Rose, enseignant, a 27 ans. Engagé dans diverses luttes sociales, il se joint au FLQ et fait partie de la cellule Chénier, qui enlèvera et assassinera le ministre Pierre Laporte. Condamné à perpétuité en mars 1971, il passera 11 ans en prison, où il poursuivra le combat pour l’amélioration des conditions de détention. Après sa libération conditionnelle en 1982, il deviendra conseiller syndical et consacrera ses énergies à la promotion de la souveraineté du Québec et à l’avancement des idées de gauche. Malgré l’interdiction qui lui est faite de se présenter aux élections, il sera l’un des fondateurs du Parti de la démocratie socialiste du Québec, l’un des ancêtres de Québec solidaire. Il est décédé en 2013.
Jacques Rose
Frère cadet de Paul Rose, Jacques a 23 ans lors de la crise d’Octobre. Il milite aux côtés de son frère depuis plusieurs années et participe à l’épisode de la Maison du pêcheur de Percé, en 1969. Responsable comme les autres membres de la cellule Chénier du FLQ de l’enlèvement et de la mort de Pierre Laporte, il sera toutefois acquitté de l’accusation de meurtre et passera huit ans en prison pour complicité après le fait et séquestration. À sa sortie, il se joindra au Comité d’information sur les prisonniers politiques aux côtés de sa mère. Il exercera le métier de menuisier.
Rose Rose
Rose Doré, originaire de Ferme-Neuve, a épousé Jean-Paul Rose en 1942. D’abord établie dans le quartier Saint-Henri à Montréal, la famille déménage à Ville Jacques-Cartier et retape sa nouvelle bicoque pour que les cinq enfants puissent y vivre confortablement. Profondément touchée par les injustices sociales dont elle est témoin, Rose encourage ses enfants à poursuivre leur éducation pour, si possible, échapper aux conditions de travail difficiles de l’usine. Après la crise d’octobre 1970, elle se porte à la défense de ses fils incarcérés, mais aussi de tous les prisonniers politiques, à travers le Comité d’information sur les prisonniers politiques. Atteinte d’un cancer, elle décède quelques mois avant la libération de son dernier fils emprisonné, Paul, à l’âge de 66 ans.
Questions et réponses
Bande-annonce
Teaser
Affiche
Images
Équipe
Générique
Scénario, recherche et réalisation
Félix Rose
Producteurs Babel Films
Philippe-A. Allard
Marco Frascarelli
Eric Piccoli
Félix Rose
Productrice ONF
Colette Loumède
Productrice déléguée ONF
Mélanie Lasnier
Montage
Michel Giroux
Direction photo
Eric Piccoli
Images additionnelles
Vincent Allard
Musique originale
Philippe Brach
X La Controverse
Prise de son
Rosalie Rose
Conception sonore et mixage
Jean-Philippe Goyette
Peak Média
Relations de presse
-
Nadine Viau
Attachée de presse – Montréal
C. : 514-458-9745
n.viau@onf.ca
-
Babel films
On est des raconteurs d’histoires. C’est notre raison d’être. Tourner la bonne histoire. C’est notre mission. Notre équipe, c’est celle derrière Projet-M, Temps Mort et Écrivain Public, lauréate de trois Prix Gémeaux et nommée deux fois aux International Emmy Awards. La compagnie est née d’une ambition de créer une boîte de production souple et vive. Dans un monde où la démocratisation des méthodes de production, de distribution et de diffusion change tous les jours, on veut pouvoir s’adapter rapidement aux nouvelles réalités. Notre objectif : atteindre le parfait équilibre entre le fond et la forme afin de développer des récits de fiction et de documentaire qui s’inscrivent dans l’histoire. Pour y arriver, nos projets doivent respecter notre règle des trois « a » : authentique, accessible et audacieux.
-
L’ONF en bref
Fondé en 1939 et unique en son genre, l’Office national du film du Canada (ONF) produit, coproduit et distribue des documentaires et des films d’animation distinctifs, engageants, pertinents et innovants. Incubateur de talents, il est un des plus grands laboratoires de création au monde. Depuis plus de huit décennies, l’ONF permet aux Canadiennes et aux Canadiens de se raconter et de se rencontrer. Ses films sont de plus une ressource éducative fiable et accessible. L’ONF possède également une expertise reconnue mondialement en préservation et en conservation, en plus d’une riche collection vivante d’œuvres qui constituent un pilier important du patrimoine culturel du Canada. Jusqu’à maintenant, l’ONF a produit plus de 14 000 œuvres, dont 6500 sont accessibles gratuitement en ligne sur onf.ca. L’ONF ainsi que ses productions et coproductions ont remporté au-delà de 7000 prix, dont 11 Oscars et un Oscar honorifique récompensant l’excellence de l’organisation dans toutes les sphères de la cinématographie.