Une tête disparaît
2016 | 9 min 28 s
Prix et festivals
Cristal d’Annecy du meilleur court métrageAnnecy 2016
Meilleur court métrage d'animationNew York City Short Film Festival 2016
Meilleur court-métrage d'animationFestival Imaginaria 2016 de Conversano
Prix UnifranceFestival Off Courts 2016 de Trouville
Prix de la Meilleure Mise en ScèneFestival International du film d'Animation 2016 de Paris
Prix d'animationFestival du film court de l'Isle-Adam 2016
Coup de Cœur du juryFestival International du Film d'Animation de Paris 2016
Sélection officielleRegard- Festival international du court métrage au Saguenay 2017
Mention spéciale du jurySeattle International Film Festival 2017
Sélection officiellePalm Springs International ShortFest 2017
Synopsis court
Jacqueline n’a plus toute sa tête, mais comme tous les étés elle est bien décidée à prendre le train pour aller voir la mer. Seulement, cette année, elle est sans cesse suivie par une femme qui se prend pour sa fille, et son voyage prend des allures inattendues et fantasmagoriques.
Avec tendresse et poésie, Franck Dion nous place du côté de cette dame âgée, atteinte d’une démence dégénérative et nous fait entrer dans son esprit désorienté qui pourrait la mettre en danger.
Synopsis long
Jacqueline commence à perdre la tête et, littéralement, à l’oublier ici et là. Cependant, pour rien au monde elle ne raterait le train qui, comme chaque année, la conduit au bord de la mer. Seulement, une immense femme la poursuit, l’appelant « maman ». Pourtant, si c’était sa fille, elle la reconnaitrait! Et peu importe l’endroit où Jacqueline essaie de se réfugier, impossible de la semer…
Avec une profonde délicatesse et une poésie certaine, le cinéaste d’animation Franck Dion nous fait entrer dans l’esprit vacillant et fragile de cette dame âgée atteinte d’une maladie neurodégénérative. Confrontée à ses propres illusions, amusantes et surprenantes, déambulant dans les couloirs du train comme en un rêve sans fin, Jacqueline cherche à fuir, sans en avoir conscience, ce qui est peut-être son lien le plus solide avec le monde réel. Heureusement, sa fille n’est pas le monstre qu’elle perçoit et veille à l’amener à bon port.
Entrevue avec Franck Dion
Comment est arrivé le projet d’Une tête disparaît?
Il est issu d’une conjoncture entre deux éléments. Je travaillais sur un long métrage d’animation comme coréalisateur, mais plus j’avançais, moins je me sentais à ma place. J’ai donc tout arrêté pour revenir au court métrage qui offre un espace de liberté sans aucune commune mesure. Comme tout le monde pensait que j’étais parti pour deux ou trois ans, il a fallu que je me remette rapidement au travail. J’ai donc écrit le scénario d’Une tête disparaît assez vite, mais l’histoire me tenait à cœur car j’ai été confronté, dans mon entourage proche, à un cas de maladie mentale dégénérative et je voulais en parler.
C’est une thématique de plus en plus courante, mais cette idée de voir le monde à travers l’esprit de la personne malade est originale.
C’était le défi que je voulais relever. Le sujet est de plus en plus souvent exploité car beaucoup d’individus sont confrontés à des maladies comme l’Alzheimer ou la démence sénile. J’ai donc cherché à l’aborder d’une autre manière. Je voulais aller vers quelque chose de plus poétique et essayer de voir la maladie du point de vue de quelqu’un qui en est atteint sans que cela soit perçu, dans un premier temps, comme une souffrance. Cette souffrance est relayée au second plan, dans le regard de la fille de mon personnage principal, Jacqueline.
Le titre, comme une partie de l’intrigue, fait penser au film d’Alfred Hitchcock, Une femme disparaît, sans l’histoire d’espionnage.
Oui, c’est exactement la raison d’être du titre! C’est une référence à ce film d’Hitchcock que j’aime beaucoup. C’est aussi pourquoi cela m’amusait que mon film se déroule dans un train avec cette dame âgée qui perd la tête. Pour la version anglaise, on a d’ailleurs voulu transformer le titre en A Head Vanishes et j’ai insisté pour que cela soit The Head Vanishes!
Pourquoi cette importance accordée au train ?
Le train est un objet très cinématographique et esthétique. Il porte en germe l’idée du cheminement de la pensée qui file et qui n’est pas dépourvue d’à-coups et de problèmes. C’est également le moyen d’accompagner le personnage dans son voyage imaginaire comme dans son voyage réel. Et c’est un moyen de se laisser porter, de rêver. Le train porte en lui quelque chose de poétique.
D’où vient l’idée de représenter cette femme qui perd littéralement la tête?
C’est dû à une anecdote que ma mère m’a racontée quand j’étais enfant. Mon arrière-grand-mère est décédée quand j’avais 11 ans, et c’était une dame très digne et distinguée. Dans ses derniers jours, ma mère, qui était proche d’elle, est allée à l’hôpital et mon arrière-grand-mère lui a demandé si elle pouvait aller chercher sa tête sous le lavabo, car elle était persuadée qu’elle avait roulé en dessous et qu’elle l’avait perdue. C’est une image qui est restée gravée en moi et que j’ai voulu utiliser au sens propre car le cinéma d’animation permet d’utiliser ce genre de choses de façon littérale assez simplement.
Comment a été travaillé le design des personnages?
À l’origine, j’aurais voulu un rendu graphique plus déstructuré avec des personnages et des décors imitant le papier mâché tout en utilisant la « facilité » d’emploi de la 3D. Faute de temps et à la suite de quelques déconvenues quant au financement du film, j’ai dû reconsidérer la production et aller vers une 3D plus simple. Je me suis donc dirigé vers un style épuré, même si c’est une épure relative car je me situe habituellement dans un registre opposé. Ici, le rendu est aussi plus naïf car je ne voulais pas non plus que le visuel répète et insiste sur la dureté de la situation lorsque Jacqueline perd la tête. À mesure que les sentiments deviennent plus radicaux, je voulais une image plus douce.
J’ai aussi insisté sur la différence de taille des deux protagonistes. Cela m’amusait que cette dame âgée redevienne une petite fille, jusqu’à être dangereuse pour elle-même sans s’en rendre compte. Derrière elle, à la fois immense mais rassurante, on voit sa fille. Les rôles sont inversés et elle devient en quelque sorte la mère de sa mère.
Tous vos films traitent de la solitude et de certains états mentaux qui l’accompagnent.
Oui, ce qui m’intéresse dans les histoires que je raconte, ce sont d’abord les personnages. C’est certainement issu de ma formation de comédien au théâtre, mais je place mes personnages au cœur de l’histoire et j’ai envie de les humaniser le plus possible. Et la maladie mentale est un autre de mes intérêts. C’est présent dans Edmond était un âne comme chez Jacqueline. C’est tout un pan de notre vie qui m’intéresse, car ce sont des conflits intérieurs avant tout. J’aime représenter des êtres confrontés à leurs propres affres, parler de la fragilité, de l’introspection. Ce sont des thèmes forts que j’affectionne particulièrement.
Comment votre formation de comédien vous oriente-t-elle dans la création des mouvements des personnages?
Cette formation m’aide, car en écrivant j’ai tout de suite une idée de la manière dont mes personnages vont bouger ou s’exprimer. Je ne suis pas animateur sur mes films donc je soumets cette idée aux animateurs qui sont, pour moi, des comédiens par médium interposé. Je leur donne des indications de jeu, de mouvement, mais un bon animateur doit être capable de réinventer et de s’approprier le personnage, de lui donner une manière d’être à laquelle je n’avais pas pensé. Ça a été un vrai plaisir sur ce film car je souhaitais une animation plus simple. En tant que spectateur, plus je vieillis, plus j’aime voir des animations très simples, voire maladroites tant qu’elles servent les propos et le caractère du personnage.
Cela évite aussi d’avoir des personnages dont on se rend compte ensuite qu’ils sont impossibles à animer!
Oui. Ça découle aussi de mon expérience sur Edmond. Je me suis rendu compte que certains personnages, bien dessinés, ne fonctionnaient pas du tout lorsqu’ils étaient animés. Sur Une tête disparaît, j’ai donc fait moi-même l’animatique de manière très précise en 3D, avec des pantins qui possédaient les dimensions définitives des personnages et que je pouvais bouger dans tous les sens. Cela m’a permis de savoir ce qu’ils pouvaient faire et ne pas faire, et d’éviter des déconvenues pendant l’animation. L’animatique a donc été plus longue à faire que d’habitude, mais elle m’a permis de gagner du temps par rapport aux personnages, aux cadres et aux décors car les structures principales étaient déjà posées.
Tu sonorises aussi l’animatique de manière précise?
Oui, car j’ai besoin de cette précision pour insuffler un rythme au film. C’est impossible pour moi de travailler sans le son. En plus, cela permet de construire un objet de transition valable pour tout le monde : producteurs et animateurs. C’est un objet technique et artistique qui permet de juger du film en devenir.
À quel moment sont enregistrées les voix?
D’habitude je fais les voix témoin sur l’animatique de mes films, mais dans le cas présent cela aurait été ridicule ; donc j’ai enregistré une comédienne que j’ai ensuite calée sur l’animatique. Je voulais que Jacqueline ait une voix jeune et dynamique donc j’ai fait appel à une amie comédienne qui n’a pas du tout l’âge du personnage. Mais une fois la voix placée, j’ai eu une hésitation, j’ai pensé que ça ne marcherait pas et qu’elle serait juste une voix témoin. J’en ai enregistré une autre avant de revenir à mon premier choix qui s’est révélé être le bon.
Tout le son a été fait à l’ONF?
Je fabrique d’abord une bande son témoin pour l’animatique. Celle-ci comporte également une musique qui se rapproche plus ou moins de ce que j’aimerais que Pierre Caillet, mon compositeur depuis L’inventaire fantôme, écrive par la suite. Puis nous enregistrons la musique à Paris. L’ONF s’est occupé du design sonore, des bruitages, du mixage ainsi que de l’enregistrement de la voix anglaise que j’ai choisie sur casting parmi une dizaine de propositions.
Vous avez votre maison de production, Papy 3D. Comment s’est déroulée la coproduction avec Arte et l’ONF?
Concernant Hélène Vayssières, pour Arte, et Julie Roy, pour l’ONF, elles ont immédiatement voulu entrer en coproduction sur Une tête disparaît. Je bénéficie d’un soutien indéfectible de leur part depuis Edmond, et notre collaboration fonctionne à merveille sur le plan artistique. Elles montrent beaucoup d’enthousiasme et c’est agréable. Elles ont donné leur avis sur l’animatique ou sur les voix. On échange beaucoup et comme je suis mon propre producteur avec Papy 3D, elles sont un soutien précieux car elles me permettent d’avoir davantage de recul là où il ne m’est pas évident d’en avoir.
Comment s’est passée la collaboration avec toute l’équipe son de l’ONF?
Merveilleusement bien. La qualité d’accueil à l’ONF est incomparable et comme c’est la deuxième fois que je travaille avec eux, je connais tout le monde et on s’apprécie. J’adore arriver là-bas lorsque l’image est terminée, car c’est une merveilleuse manière de décompresser. Je m’en remets aux spécialistes du son et je n’ai plus qu’à donner mon avis. C’est reposant et cela donne une nouvelle énergie au film. J’ai eu l’impression de le redécouvrir après la fabrication du son.
Vous êtes déjà sur de nouveaux projets?
Oui, je travaille à un récit interactif pour tablette graphique. Ce sera une application avec un scénario sur lequel l’utilisateur influera en fonction de ses choix. C’est un projet actuellement en développement et auquel seront associés Papy 3D et l’ONF. J’écris également un spécial TV animé pour lequel je pense utiliser différentes techniques : stop motion et 3D. J’aimerais bien le coproduire avec le Canada. Plus j’avance et plus je me rapproche de ce pays que j’adore et où je me sens bien.
Matériel promotionnel
Équipe
Bande-annonce
Images
Générique
Scénario, graphisme, montage et réalisation
Franck Dion
Voix française
Florence Desalme
Voix anglaises
Jeannie Walker
Kathleen Fee
Aadaptation anglaise, casting et direction de plateau
Kathleen Fee
Animation
Gilles Cuvelier
Gabriel Jacquel
Nicolas Trotignon
Franck Dion
Stagiaire
Bei Chen
Studio Train-Train
le studio qui n’a pas peur du quotidien
Modélisation 3D
Nicolas Trotignon
Rigging
Clément Vaucelle
Wipix
Textures, décors, rendu 3d et compositing
Studio Salon Liberté-Caulaincourt
Musique originale
producteur délégué à la musique
Pierre Caillet
Interprétée par
Akosh S : saxophone
Edward Perraud : batterie
Ludovic Balla : violon
Pierre Caillet : scie musicale
Musique enregistrée et mixée au
Studio Sequenza
par Thomas Vingtrinier
assisté de Rémi Bourcereau
Conception sonore
Pierre Yves Drapeau
Bruitage
Lise Wedlock
Enregistrement sonore
Geoffrey Mitchell (ONF)
Mixage
Serge Boivin (ONF)
Direction technique
Pierre Plouffe (ONF)
Coordination technique
Daniel Lord (ONF)
Coordination de production
Michèle Labelle (ONF)
Administration
Diane Régimbald (ONF)
Équipe administrative
Diane Ayotte (ONF)
Karine Desmeules (ONF)
Producteurs
Franck Dion, Richard Van Den Boom (Papy3D Productions)
Julie Roy (ONF)
Une coproduction de
Papy3D Productions
Office national du film du Canada
et ARTE France Unité de programmes cinéma
Responsable des courts
Hélène Vayssières
Avec la participation du
Centre national du cinéma et de l’image animée – contribution financière
Avec le soutien du
CNC (Nouvelles technologies en production)
Procirep
L’Angoa-Agicoa
Un grand merci à
Gilles Cuvelier
Jeremy Clapin
Pierre Caillet
Richard Van Den Boom
Alice Mallaroni
Papy3D
Julie Roy
Hélène Vayssières
Virginie Cauvy
Pascal Richard
Jocelyne You
Morad Kertobi
Séverine Thuet
Magali Jammet
Baptiste Heynemann
Marine Blin
Pierre Yves Drapeau
Florence Desalme
Vera Belmont
Nadège Dion
Ce film est dédié à la mémoire de
Denise et à ses filles
© 2016 Papy3D Productions – Office national du film du Canada – ARTE France
Relations de presse
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Nadine Viau
Attachée de presse – Montréal
C. : 514-458-9745
n.viau@onf.ca
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L’ONF en bref
L’Office national du film du Canada (ONF) est un chef de file dans l’exploration de l’animation comme forme d’art, de mise en récit et de contenu innovateur pour les nouvelles plateformes. Il produit des œuvres d’animation audacieuses dans ses studios situés à Montréal, mais aussi partout au pays, et collabore avec les créateurs et créatrices les plus en vue de la planète dans le cadre de coproductions internationales. Les productions de l’ONF ont remporté plus de 7000 récompenses, dont, en animation, 7 Oscars et 7 Grands Prix du Festival d’Annecy. Pour accéder à ces œuvres uniques, visitez ONF.ca.