Au rythme du Labrador
2018 | 70 min
Sélections et prix
Sélection officielleSt. John’s International Women’s Film Festival, St. John's, Newfoundland & Labrador (2019)
Les mornes terres intérieures du Labrador abritent depuis peu un nombre croissant d’ouvriers philippins ayant franchi des milliers de kilomètres en espérant trouver, dans le petit centre régional de Happy Valley-Goose Bay, l’emploi qui procurera à leur famille une vie meilleure remplie de promesses. Au rythme du Labrador accompagne quelques-uns de ces hommes et de ces femmes qui s’efforcent de se tailler une place dans la culture et le climat d’un Labrador profondément étranger, mais se trouvent déconcertés par ce qu’il en coûte de vivre loin de ses parents, de son ou sa partenaire et de ses enfants.
Trois des meilleurs jeunes réalisateurs canadiens conjuguent ici leurs perspectives pour nous offrir le fruit de cette remarquable collaboration d’auteurs qu’est Au rythme du Labrador. Alliant les images documentaires à l’animation interprétative, le film nous présente sous un angle intimiste l’envers de la mobilité et des déplacements radicaux qu’autorise la modernité, et nous montre à quel point l’humain s’accroche à ses racines lorsque des changements fondamentaux le submergent. Au rythme du Labrador met en lumière les liens qui unissent les ouvriers philippins à leur famille, les soutiennent et les motivent, mais laisse également entrevoir l’histoire d’amour qui se dessine en filigrane : celle de gens d’un pays tropical qui se découvrent une passion pour le Nord.
Entrevue avec les réalisateurs
De plus en plus de Philippins quittent leur foyer pour venir travailler à l’autre bout du monde, sur les mornes terres intérieures du Labrador, dans l’espoir d’offrir à leur famille bonheur et prospérité. Mais pour cela, il leur faut d’abord laisser leurs êtres chers.
Au rythme du Labrador suit plusieurs de ces hommes et de ces femmes qui tentent de s’adapter à un climat et à une culture qui leur sont totalement étrangers, tout en apprenant à vivre loin des leurs. Ce film unique fusionne documentaire et animation pour raconter des histoires bouleversantes.
Il a été réalisé par trois des plus brillants cinéastes canadiens : Justin Simms, Rohan Fernando et Tamara Segura. C’est là une remarquable collaboration d’auteurs. Nous nous sommes entretenus avec les trois cinéastes du projet et de leur méthode de collaboration.
Comment les choses se sont-elles passées dans cette coréalisation ?
Justin Simms : J’ai aimé faire ce film à trois. En tournage, le cinéaste se sent très seul. Si bien que je m’estime chanceux d’avoir fait partie d’un trio. C’était agréable de partager la charge de travail et la pression. Je me suis senti franchement moins isolé que dans un tournage où j’aurais été le seul réalisateur.
Rohan Fernando : Partager le fardeau, ça a été formidable.
Tamara Segura : Moins de pression, plus de collaboration et plus de compétences. Résultat : une confiance redoublée dans le processus. Et je suis très contente d’avoir travaillé avec des gens qui ont 10 ans d’expérience de plus que moi, car j’ai appris énormément.
D’après vous, comment le fait d’arriver chacun avec votre propre histoire a-t-il influé sur le processus ? Aurait-ce été différent si vous vous étiez d’abord rencontrés et aviez ensuite décidé de l’histoire ensemble ?
Rohan : Commencer avec trois canevas différents s’est avéré bénéfique. Dès le début, nous avons senti que chacun de nous avait la paternité de son œuvre. C’est seulement après avoir travaillé de concert pendant au moins un an et demi et avoir approfondi nos idées que nous avons songé à les rassembler.
Tamara : Dès le départ, une partie de moi sentait qu’il s’agirait d’un seul film. Je n’ai jamais considéré que c’était mon propre film. J’ai toujours compris qu’il allait faire partie de quelque chose de plus grand. J’ai toujours cru qu’à la fin, il s’agirait d’une seule histoire.
À quels autres défis avez-vous fait face en tournant ce film ?
Rohan : Un des plus grands défis a été de parvenir à entrer en contact avec les sujets et à pénétrer dans leur intimité. Ce sont des personnes très occupées. Elles ont deux ou trois emplois qu’elles doivent concilier avec leur vie de famille. Elles ont chacune une vie extrêmement exigeante. Se montrer sensible à leur situation tout en essayant malgré tout de faire un film n’était pas chose aisée. Surtout qu’on débarquait sur place pour une semaine, puis qu’on repartait, et ainsi de suite… C’était difficile d’entrer dans leur vie, dans leur intimité, de tourner et de disparaître à nouveau.
Pouvez-vous nous parler de l’un de vos sujets, Rey ?
Justin : C’est un autre sujet potentiel, Nathan, qui nous a recommandé Rey. Il nous a dit que Rey travaillait au café de l’aéroport et qu’il attendait sa famille depuis plus longtemps que n’importe lequel de tous les travailleurs venus des Philippines.
Rohan : Nous avons tous les deux rencontré Rey, et je me rappelle que je le trouvais bien timide. Je ne savais pas s’il pourrait articuler les pensées que nous avions besoin de l’entendre exprimer, et nous avons pas mal discuté de ce problème. Mais nous avions quitté nos enfants une semaine et nous rencontrions un homme qui n’avait pas vu les siens depuis quatre ans, alors nous étions sur la même longueur d’onde dès le départ. Et quand nous avons commencé à lui parler, il a dit qu’il voulait nous montrer quelque chose. Et il nous a amenés dans cette chambre de la maison. Il a ouvert une pièce verrouillée remplie de jouets. Je pense que ça nous a donné le frisson à tous les deux et, à ce moment-là, nous avons su qu’il se passait quelque chose de spécial.
Dans un documentaire, quand les choses fonctionnent rondement, cela relève d’une sorte de loi du karma. On n’est pas entièrement responsable du produit final, car il va se passer des choses qui échappent totalement à la volonté du cinéaste. Rey attendait d’obtenir son visa pour pouvoir faire venir sa famille. Et le premier jour de tournage avec lui, il a reçu un courriel juste au moment où nous partions. Il m’a intercepté sur le seuil de la porte et m’a demandé ce que je pensais que ça voulait dire. J’ai lu, j’ai couru rattraper Justin et Mark et leur ai demandé de revenir tourner. Il venait de recevoir le courriel qu’il attendait depuis quatre ans. Quand je disais que ça échappe à la volonté…
Tamara, il s’agissait de votre première véritable expérience en documentaire. Souhaitez-vous en parler ?
Tamara : Le documentaire était l’une de mes plus grosses peurs. J’ai toujours préféré travailler sur des fictions, car je peux ainsi tout diriger ; ça fait partie de mon tempérament. Au début, je trouvais la situation stressante, mais au fil du temps, l’histoire s’est précisée, et je me suis détendue en faisant confiance à l’équipe et à nos compétences. J’ai trouvé l’expérience très gratifiante. Fantastique.
Pourquoi ce film est-il important et que souhaitez-vous que le public en tire ?
Tamara : J’espère que le film créera de l’empathie. C’est tout ce que je souhaite vraiment. Chaque fois qu’on verra une personne qui parle avec un accent, qu’on ait spontanément un sentiment d’empathie parce qu’on connaît ses luttes et son histoire et qu’on sait que nous sommes semblables, que nous nous ressemblons tous incroyablement.
Justin : J’espère que quiconque verra ce film sera impressionné comme je l’ai été par la force de caractère de ces gens. Ils ont vécu des problèmes bien réels. Quitter leur foyer, leur famille, venir ici vivre dans des conditions très difficiles. Et pourtant, ils sont dévoués les uns aux autres et au bien commun. Ils font souvent passer les autres avant eux-mêmes. Et dans le monde actuel, je pense que nous sommes tous d’accord pour dire que ce sont des qualités qui devraient être plus courantes.
Rohan : Pour moi, en tant que père, voir ces personnes et ce qu’elles font pour leur famille… Elles se dévouent pour leurs enfants, pour leur offrir une vie meilleure. En plus de mieux prendre conscience des avantages dont je jouis, j’ai mieux compris ce qui est vraiment important et comment faire pour revenir aux vraies valeurs.
En quoi ce film se distingue-t-il ?
Justin : Ce qui m’attirait dans ce film, c’est la perspective de faire de l’animation. C’était une première pour moi. Michael Crummey écrit de façon très imagée, et quand je lis ses textes, c’est comme si une lumière flamboyante éclairait mon esprit. Nous avons pu explorer ces visions.
Et travailler avec deux autres cinéastes, tous ces rouages qui se sont mis en place… Nous espérions faire un film émouvant, lumineux, poétique en quelque sorte, mais qui resterait un documentaire, et qui se présenterait sous une forme différente. En ce sens, c’est un film unique.
Chacun a ajouté son grain de sel et nous avons tous, à un moment ou à un autre, cédé la place à l’un d’entre nous, un peu comme cela se fait dans un groupe de musiciens. Parfois, nous connaissons tous la chanson à interpréter et, à d’autres moments, nous passons à l’improvisation pure et simple. Quelqu’un trouve un rythme ou un court riff et les autres suivent. Je suis convaincu que le résultat est meilleur que si l’un d’entre nous avait fait le film tout seul.
Bande-annonce
Images
Les sujets du doc
Équipe
Générique
Avec la participation de
Epitacia Bruce
La famille Hunter
La famille Verzosa
La famille Villanueva
RÉALISATION
Rohan Fernando
Tamara Segura
Justin Simms
SCÉNARIO
Michael Crummey
DIRECTION DE LA PHOTOGRAPHIE
Justin Simms
ANIMATION
Astroplastique
ANIMATION PRINCIPALE
Fred Casia
ANIMATION
Eva Cvijanovic
Hyun Jin Park
Elise Simard
MONTAGE
Hannele Halm
CONCEPTION SONORE
Mélanie Gauthier
MUSIQUE ORIGINALE
Asif Illyas
PRODUCTION
Annette Clarke
Rohan Fernando
IMAGES ADDITIONNELLES
Alfred Asuncion
Jacob Barker
Rohan Fernando
John Gaudi
PRISE DE SON
Jhomar Ignacio
Mark Neary
James Rillie
PHOTOGRAPHE
John Gaudi
DIRECTRICE DE PRODUCTION
Tamara Segura
ASSISTANTES DE PRODUCTION
Mylène Augustin
Marilyn Kukai Hunter
FIXER (PHILIPPINES)
Alfred Asuncion
RECHERCHISTES
John Gaudi
Navarana Igloliorte
Wanda Nolan
TRADUCTION
Jean Casia
TRANSCRIPTION Lisa Clarke
Tamara Segura
PERFORMANCE VOCALE
Ameurfina Casia
ENREGISTREMENT DES VOIX HORS-CHAMP
Geoffrey Mitchell
BRUITAGE
Francis La Haye
ENREGISTREMENT DU BRUITAGE
Luc Léger
ASSISTANTE AU MONTAGE SONORE
Sandy Pinteus
MUSIQUE PRODUITE ET INTERPRÉTÉE PAR
Asif et Shehab Illyas
du studio The SHIRE Film Scoring, Halifax, Canada
KULINTANG PHILIPPIN, RHODES, ORCHESTRATION, CLAVIERS ET GUITARES
Asif Illyas
PROGRAMMATION, PERCUSSION ADDITIONNELLE
Shehab Illyas
VIOLON ALTO
Kirsty Money
CHANT GUTTURAL
Echo Henoche
Althaya Solomon
ARCHIVES VISUELLES
Bird’s Eye Inc.
Michelle Baikie
Archives ONF
SUPERVISEURE DE PRODUCTION
Roz Power
COORDONNATEURS TECHNIQUES
Daniel Lord
Christopher MacIntosh
ASSISTANT AU MONTAGE
John Feron
MONTAGE EN LIGNE
Serge Verreault
SOUS-TITRAGE
Zoé Major
TITRES ET GÉNÉRIQUE
Jacques Bertrand Simard
MIXAGE
Jean Paul Vialard
COORDONNATRICE DE PRODUCTION
Cheryl Murgatroyd
ADMINISTRATION Camila Blos
Leslie Anne Poyntz
PRODUCTRICE ADJOINTE
Kelly Davis
MISE EN MARCHÉ
Johanna Lessard
RELATIONNISTE
Patricia Dillon-Moore
CONSEILLÈRE JURIDIQUE
Dominique Aubry
PRODUCTRICE EXÉCUTIVE
Annette Clarke
DIRECTRICE EXÉCUTIVE, PROGRAMME ANGLAIS
Michelle van Beusekom
Relations de presse
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Pat Dillon-Moore
Attachée de presse – Montréal
C. : 514-206-1750
p.dillon@onf.ca | @PatDoftheNFB
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L’ONF en bref
Fondé en 1939 et unique en son genre, l’Office national du film du Canada (ONF) produit, coproduit et distribue des documentaires et des films d’animation distinctifs, engageants, pertinents et innovants. Incubateur de talents, il est un des plus grands laboratoires de création au monde. Depuis plus de huit décennies, l’ONF permet aux Canadiennes et aux Canadiens de se raconter et de se rencontrer. Ses films sont de plus une ressource éducative fiable et accessible. L’ONF possède également une expertise reconnue mondialement en préservation et en conservation, en plus d’une riche collection vivante d’œuvres qui constituent un pilier important du patrimoine culturel du Canada. Jusqu’à maintenant, l’ONF a produit plus de 14 000 œuvres, dont 6500 sont accessibles gratuitement en ligne sur onf.ca. L’ONF ainsi que ses productions et coproductions ont remporté au-delà de 7000 prix, dont 11 Oscars et un Oscar honorifique récompensant l’excellence de l’organisation dans toutes les sphères de la cinématographie.