Roxham
2018 | 15 min
Accessible en réalité virtuelle et en ligne
Sélections et prix
Sélection officielleFIPADOC 2019
Production Interactive - Documentaire FinalistePrix Numix 2019
Nomination meilleure expérience interactive : toutes catégories Prix Gémeaux 2019
Sélection officielle & FinalisteVR Arles Festival 2018
Sélection officielleFestival du documentaire Open City 2018
Sélection officielleFestival international du film de Camden 2018
FWA of the DayThe FWA Awards 2018
Sélection officielleFestival du film de Fantasia 2018
Une création de Michel Huneault, avec Maude Thibodeau et Chantal Dumas, produite par l’ONF, en collaboration avec Le Devoir, Phi et Dpt.
– Stop ! Si vous faites un pas de plus, vous serez arrêtés.
– Je sais, je suis désolé. Vous devez nous aider ; nous entrons.
Début 2017, les arrivées de demandeurs d’asile grimpent en flèche à Roxham. Ce chemin entre les États-Unis et le Canada, tranquille et pratiquement inconnu, devient le point d’entrée irrégulière le plus emprunté au pays.
L’expérience Roxham nous place au cœur de l’interception de ces individus par des agents de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), des instants à la fois tendus et structurés.
Témoin de 180 tentatives de passage, en 16 jours de travail entre février et août 2017, Michel Huneault en rapporte un récit photographique et sonore. Le projet est devenu une expérience en réalité virtuelle créée en collaboration avec la designer interactive Maude Thibodeau (Dpt.) et la créatrice sonore Chantal Dumas.
Sur les photos, les demandeurs d’asile se découpent en silhouettes composites. Plusieurs formes de tissus se superposent à leur identité, préservant leur anonymat. Ces textures sont tirées d’une autre série du photographe, prise lors de la crise migratoire de 2015 en Europe. Représentant à la fois protection et réconfort, ces matières textiles rappellent que les deux phénomènes participent à la même Histoire.
À Roxham, tout comme dans l’expérience immersive, la frontière est invisible, mais la confusion est palpable. La langue est une barrière en soi, les émotions fusent. La migration, une décision avant tout intensément intime, se propulse au cœur des débats publics et politiques. Le lieu devient vite symbolique, il incarne les tensions entre la responsabilité internationale d’accueillir et le devoir de protéger un territoire national.
En sept chapitres, Roxham, un chemin de 10 mètres de large, se fait microcosme des crises mondiales. Une expérience humaine pour comprendre cette quête confuse d’un lieu sûr.
Résumé
Un récit immersif sur le chemin Roxham, fragment de frontière où l’on arrête et où l’on accueille à la fois. Le photographe Michel Huneault documente l’interception de demandeurs d’asile passant des États-Unis vers le Canada et leur quête confuse d’un lieu sûr.
Mot du créateur
– Stop ! Si vous faites un pas de plus, vous serez arrêtés.
– Je sais, je suis désolé. Vous devez nous aider ; nous entrons.
Le chemin Roxham est le point d’entrée irrégulière le plus emprunté par les demandeurs d’asile traversant des États-Unis au Canada. Sur ce fragment de frontière autrement tranquille et bucolique, ces arrivées grimpent en flèche au cours de 2017.
J’y documente plus de 180 tentatives de passages, sur 16 jours de travail, entre février et août de la même année. Les individus que j’y vois proviennent de plus d’une vingtaine de pays : Érythrée, Soudan, Syrie, Pakistan, Colombie, Turquie, Yémen, Guatemala, Haïti, El Salvador, Tchad, Philippines, Nigéria, Burundi et plusieurs autres. Roxham est un véritable microcosme des crises et conflits du moment. Un mouvement migratoire planétaire nous y rejoint, ici attisé ponctuellement par les politiques de l’administration Trump.
À mon premier jour à Roxham, une jeune femme du Nigéria, enceinte, approche avec ses valises. Quand les agents de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) l’avertissent de ne pas traverser la frontière, elle fige les deux pieds enfoncés au milieu du fossé enneigé. Elle hésite et pleure, les suppliant de la laisser entrer au Canada. Les minutes passent, puis un agent américain arrive de l’autre côté de la frontière. Il l’embarque, elle disparaît. C’est la première tentative de passage que je vois, et ça m’ébranle.
Dès ce premier jour, je me demande comment documenter ce moment important sans mettre à risque les demandeurs d’asile, déjà vulnérables. Je décide de recouvrir leurs silhouettes de tissus que j’ai photographiés ailleurs et avant, en 2015, pendant la crise migratoire en Europe : des photos de couvertures captées en Hongrie, de vêtements propres offerts aux migrants en Autriche ou encore des détails de tentes plantées pour eux en Allemagne. Ces tissus protègent leur identité et rappellent que Roxham fait partie de la même grande histoire.
L’étroit chemin Roxham devient rapidement symbolique. Ce moment où une personne choisit de changer sa vie en franchissant une ligne invisible en est un intensément intime. Mais c’est aussi un moment foncièrement public, par les débats politiques et légaux qu’il suscite. Ces personnes ne sont pourtant pas « illégales », ni même leur passage à la frontière : en 1951, le Canada a signé une convention pour accueillir toute personne qui se présente aux autorités en tant que demandeur d’asile, peu importe le lieu de son arrivée. Le passage est donc irrégulier, mais pas illégal. L’individu est, lui, un demandeur d’asile tout à fait légal.
Reste que durant ce court instant, cette responsabilité internationale d’accueillir les demandeurs d’asile confronte le devoir de protéger un territoire national. La confusion règne et la tension est palpable. La langue est une barrière en soi; les émotions fusent.
À Roxham, debout sur la frontière, un monde en mouvement vient à nous.
Michel Huneault
Montréal, mars 2018
Lexique : les mots comptent, mais lesquels utiliser?
Migrant, réfugié ou demandeur d’asile
Migrant : Terme générique et large, mais imprécis pour désigner toute personne qui quitte son lieu de résidence habituel, peu importent les causes de son déplacement, le caractère volontaire ou non de ce dernier et le statut juridique de la personne.
Demandeur d’asile : Une personne qui cherche à obtenir le statut de réfugié, mais qui ne l’a pas encore obtenu. Tant que la procédure est en cours, cette personne est demandeur d’asile, synonyme de demandeur du statut de réfugié.
Réfugié : Une personne qui a fui et qui a obtenu la protection d’un pays parce qu’elle craint d’être persécutée pour différents motifs : race, religion, nationalité, opinions politiques ou appartenance à un groupe social.
La définition de la Convention de Genève de 1951 est reprise dans la loi canadienne.
À BANNIR
Personne « illégale » ou « migrant illégal »
Seul un acte peut être illégal, pas un individu. On peut commettre un acte illégal, mais ça ne rend pas en soi la personne illégale.
« Par exemple, une personne qui n’a pas payé ses impôts à temps ou en entier n’est généralement pas décrite comme un contribuable illégal », écrit Louise Arbour, représentante spéciale du Secrétaire général pour les migrations des Nations unies.
Personne « irrégulière »
C’est le même raisonnement : une personne ne peut pas être irrégulière. C’est la manière dont elle entre au pays qui est irrégulière : son passage est irrégulier, son entrée est irrégulière.
Un individu peut être « sans statut », mais seulement une fois que sa demande d’asile a été refusée et qu’il a épuisé tous les recours. Ainsi, les personnes photographiées par Michel Huneault ne sont pas encore « sans statut », mais bien des « demandeurs d’asile ».
Passage « illégal » ou entrée « illégale »
Ces passages sont irréguliers, mais légaux. La Convention de 1951 sur la protection des réfugiés, signée par le Canada, prévoit qu’aucune sanction pénale ne sera appliquée aux personnes qui demandent l’asile.
Dans l’expérience Roxham, on entend les agents de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) dire que « c’est illégal de traverser ». Ils profèrent cet avertissement avant que la personne traverse la frontière et demande l’asile.
En bref : Le passage est « irrégulier », mais pas illégal, et l’individu lui-même est demandeur d’asile tout à fait légal.
Pourquoi traverser la frontière à Roxham et non pas dans un poste frontalier?
La rencontre de trois grandes responsabilités du Canada laisse peu d’options aux personnes qui veulent traverser.
1. La souveraineté du territoire national. L’autorité, la compétence exclusive d’un État sur son territoire lui enjoint de protéger ses frontières.
2. Accueillir. La Convention de 1951 sur la protection des réfugiés, signée par le Canada, prévoit qu’aucune sanction pénale ne sera appliquée aux personnes qui demandent l’asile.
3. Entente sur les tiers pays sûrs. Elle a été signée avec les États-Unis et est entrée en vigueur en 2004. Le principe est simple : demander l’asile dans le premier pays où l’on se trouve. Un demandeur d’asile en provenance des États-Unis sera donc refoulé s’il se présente à la douane de Lacolle par exemple. La règle s’applique uniquement à ceux qui font une demande à un poste frontalier. Elle ne s’applique pas à une personne qui ne se trouve pas à un point d’entrée régulier.
Arrestation versus interception
Il s’agit bel et bien d’une arrestation par les agents de la GRC, puisqu’ils sont responsables de la sécurité aux frontières. Aucune charge n’est portée contre les personnes qui les traversent, parce qu’ils demandent l’asile (art. 31 de la Convention de Genève de 1951).
Ces « arrestations » sont compilées en « interceptions » dans les statistiques de la GRC.
Références :
- Qui est un migrant?
- Termes clés de la migration
- Immigrants illégaux, un terme à proscrire
- L’immigration illégale n’existe pas
- Introduction au système d’octroi de l’asile au Canada
- Le glossaire du Conseil canadien pour les réfugiés
- Texte de l’Entente sur les tiers pays sûrs
- Contestation de l’Entente sur les tiers pays sûrs
- Foire aux questions sur l’Entente sur les tiers pays sûrs
Détails techniques
L’expérience WebVR Roxham est accessible sur Oculus Rift et HTC Vive depuis votre navigateur web, ainsi que sur Samsung Gear VR. Le projet Roxham est également accessible en ligne (2D) sur appareils mobiles et ordinateurs.
Pourquoi la WebVR :
Nous soutenons le web ouvert et démocratique en tant qu’institution publique. Nous croyons que les standards web ouverts permettent à chacun de profiter de notre contenu et de pouvoir créer du contenu tout en s’exprimant. WebVR illustre à merveille la façon dont nous pouvons exploiter le potentiel du web, de la réalité virtuelle, et ainsi garantir que ces progrès demeurent accessibles à tous.
Démo
Images
Équipe
Générique
Une création de Michel Huneault,
avec Maude Thibodeau
et Chantal Dumas, produite par l’ONF,
en collaboration avec Le Devoir, Phi et Dpt.
Idée originale, conception, photographie,
captation sonore, texte et narration
Michel Huneault
Création sonore et mix audio
Chantal Dumas
Direction de plateau
(enregistrement narration)
Benoît Rousseau
ÉQUIPE DPT.
Conception et design d’expérience
Maude Thibodeau
Artiste 3D
Hugo Forget
Développement
Stéphane Demotte
Productrice
Geneviève Trépanier
Directeur de création
Nicolas S. Roy
ÉQUIPE ONF
Producteur exécutif
Hugues Sweeney
Chargée de production
Marie-Pier Gauthier
Chargée d’édition
Valérie Darveau
Directeur des technologies
Martin Viau
Coordonnatrices de production
Marie-Ève Babineau
Claudia Boutin
Dominique Brunet
Caroline Fournier
Administratrice
Marie-Andrée Bonneau
Marketing
Tammy Peddle
Coordonnatrice marketing
Stéphanie Quevillon
Stratège médias sociaux
Kate Ruscito
Gestionnaires de communauté
Alyssia Duval-Nguon
Mélissa Sauvé
Chargé de projet contenu web
Félix-Antoine Viens
Relations de presse
Marie-Claude Lamoureux
Technologies de l’information
Sergiu Suciu
Services juridiques
Hugo Barnabé
Traduction et révision
Jenny Montgomery
Catherine Bélanger
Remerciements
Louise Arbour
Stéphanie Beaudoin
Sophie Bertrand
Adil Boukind
Catherine Bourassa-Hébert
Laurence Butet-Roch
Michel Campeau
Sarah R. Champagne
André Dufour
Seif Elhamoud
Hubert Hayaud
Tarin Hugues
Joannie Lafrenière
Pierre-Alexandre Lapointe
Karine Laurier
Sophie Mangado
Edward Maloney
François Pouliot
Émilie Régnier
Susana Reisman
Fanny Rodrigue
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Relations de presse
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Marie-Claude Lamoureux
Attachée de presse – Montréal
C. : 438-304-6358
m.lamoureux@onf.ca | @MC_ONF
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À propos de Dpt.
Dpt. est un studio spécialisé dans la création d’expériences interactives pour des plateformes, des dispositifs et des lieux immersifs. Nous concevons et produisons des projets qui génèrent l’émerveillement.
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L’ONF en bref
Au carrefour mondial des contenus numériques, l’Office national du film du Canada (ONF) crée des animations et des documentaires interactifs d’avant-garde, du contenu pour appareils mobiles ainsi que des installations et des expériences participatives. Les productions interactives et plateformes numériques de l’ONF ont remporté au-delà de 100 récompenses, dont 21 prix Webby. Pour accéder à ces œuvres uniques, visitez ONF.ca.