Retour à Holy Angels
2017 | 13 min 57 s
Sélections et prix
Sélection officielleImagineNATIVE Film and Media Arts Festival 2017
Founder's Award and Indigenous Award Yorkton Film Festival 2018
Sélection officielle - Présence autochtoneMontreal First Peoples Festival 2018
Programmer's Choice Alberta Métrage DocumentaireEdmonton International Film Festival 2018
Sélection officielleVancouver International Film Festival 2018
En 1963, Lena Wandering Spirit se trouve, comme plus de 150 000 enfants autochtones, soustraite à sa famille et envoyée au pensionnat. Le court métrage documentaire de Jay Cardinal Villeneuve Retour à Holy Angels retrace de façon percutante l’histoire coloniale du Canada au moyen d’images impressionnistes et du langage fragmentaire d’une enfant. Villeneuve rencontre Lena alors qu’il travaille comme vidéaste à la Commission de vérité et réconciliation. Filmé avec une farouche détermination à révéler le passé, mais aussi à tourner la page, Retour à Holy Angels témoigne de la résilience d’un peuple qui a su trouver des moyens de guérir et de revenir aux sources.
Synopsis long
Le court métrage documentaire de Jay Cardinal Villeneuve Retour à Holy Angels retrace de façon percutante l’histoire coloniale du Canada au moyen d’images impressionnistes et du langage fragmentaire d’une enfant.
En 1963, Lena Wandering Spirit se trouve, comme plus de 150 000 enfants autochtones, soustraite à sa famille et envoyée au pensionnat. Le réalisateur la rencontre alors qu’il travaille comme vidéaste à la Commission de vérité et réconciliation.
Lena Wandering Spirit demeure six ans au pensionnat indien de Holy Angels, à Fort Chipewyan, en Alberta. Sur fond de couloirs et de salles de classe aujourd’hui déserts, des fragments de souvenirs se détachent : silhouettes sombres de religieuses, phrases éparses du catéchisme, grondements sordides de la chaudière du sous-sol.
Lena se souvient : « Ils nous désignaient par des numéros. » Comme de nombreux adultes survivants, elle demeure marquée par la crainte et la douleur. Mais d’autres souvenirs, plus profonds, persistent : courir pieds nus l’été, cueillir des petits fruits, partager des histoires, ressentir la chaleur et l’amour d’une famille.
L’interprète de cinq ans Phoenix Sawan ravive les souvenirs de Lena Wandering Spirit. Parcourant en dansant l’immeuble abandonné, elle défie en toute légèreté la sombre histoire du lieu. Filmé avec élégance, précision et une farouche détermination à révéler le passé, mais aussi à tourner la page, Retour à Holy Angels témoigne de la résilience d’un peuple qui a su trouver des moyens de guérir et de revenir aux sources.
Q et R AVEC JAY CARDINAL VILLENEUVE
1. Comment votre première rencontre avec Lena Wandering Spirit s’est-elle déroulée, et qu’est-ce qui vous a amené à vouloir raconter son histoire ?
J’ai fait la connaissance de Lena à Edmonton, alors que je filmais les déclarations des survivants dans le cadre de la Commission de vérité et réconciliation. J’ai enregistré le récit de ce qu’elle a vécu au pensionnat de Holy Angels, et son histoire comportait de nombreuses indications passionnantes et uniques qui m’ont vraiment intrigué. Des choses dont je n’avais jamais entendu parler, par exemple le fait qu’on l’ait emmenée au pensionnat en motoneige en suivant une ligne de piégeage à travers la forêt. J’ai été très ému de trouver le vieux Bombardier décrépit, à l’abandon derrière le musée. Son compte rendu de la soirée de cinéma à Holy Angels m’a également bouleversé. Je n’arrivais pas à imaginer ce que pouvait ressentir un enfant en se trouvant pour la première fois devant ces images en mouvement projetées à l’écran, en particulier les vieux films de cow-boys et d’Indiens. De voir sa culture autochtone représentée de cette façon a dû produire un effet terrible sur Lena.
2. Votre film — c’est d’ailleurs l’un de ses aspects les plus saisissants — fonctionne à la manière d’un souvenir d’enfance. Des fragments et des souvenirs (sensoriels) de lieux particulièrement intenses refont surface. Parlez-nous un peu de la façon dont vous avez travaillé avec Lena Wandering Spirit pour l’amener à reconstituer et à revivre ces souvenirs.
Je l’ai simplement laissée raconter son histoire comme elle l’entendait, et j’ai écouté. Je lui ai posé des questions sincères, et puisque nous étions déjà amis, nous avons échangé de façon très détendue et avec bienveillance. Notre entretien s’est déroulé sur deux jours, et à certains moments, Lena était vraiment en proie à ses souvenirs. Mais comme je me rappelais son témoignage personnel, j’orientais mes questions de manière qu’elles ne lui semblent pas trop journalistiques ou inquisitrices.
3. Le pouvoir curatif de la danse et de la culture, lequel est lié à la mémoire corporelle, réside dans un art vivant transmis par les grands-mères à leurs petites-filles. Cet art se révèle ici particulièrement percutant. Quel rôle la danse joue-t-elle dans votre film ?
La danse est le fil d’Ariane grâce auquel Lena renoue avec la petite fille qu’elle était avant le pensionnat. Il était essentiel que Phoenix exécute cette danse de guérison au pensionnat même, non seulement afin d’interpréter les souvenirs de Lena, mais pour procurer la guérison dans un lieu où c’était vraiment nécessaire.
4. Bien qu’elle soit très concrète, la superposition des entrevues, des ombres chinoises et du spectacle de danse rappelle aussi la façon étrange dont l’esprit reçoit et traite le traumatisme. Comment êtes-vous parvenu à trouver cet équilibre entre le corps et l’esprit dans la narration du film ?
L’un des aspects qui m’a le plus frappé alors que j’écoutais les témoignages des survivants des pensionnats est l’expérience extracorporelle qu’ils vivaient pendant qu’ils subissaient ces affreux sévices. J’avais du mal à écouter les récits. En entendre parler est une chose, mais lorsque la personne vous en fait part directement, c’en est une autre. J’avais la responsabilité d’être là avec eux, d’apporter ma modeste contribution à leur guérison. Presque chaque fois que nous terminions la rencontre, je recevais une accolade, ou à tout le moins des remerciements pour mon écoute. Il n’y a pas un jour où je n’ai pas pleuré en travaillant avec eux. J’ai fait des cauchemars et je combats encore le trouble de stress post-traumatique. Je ressens beaucoup de colère contre l’Église, la religion organisée et le gouvernement du Canada. D’un côté, j’aurais préféré ne jamais avoir entendu ces récits, mais de l’autre, je suis content de l’avoir fait, parce que je connais maintenant la vérité.
5. Comment vous êtes-vous senti en revenant à Fort Chipewyan ?
Fort Chip est un endroit époustouflant où vivent des gens formidables. C’est un lieu très isolé, d’une beauté naturelle impressionnante. Mais la vie y est également terrible en raison de la pollution des eaux environnantes par les sables bitumineux, du prix faramineux et de la piètre qualité des aliments disponibles.
6. Vous avez déjà évoqué le sentiment que vous avez éprouvé, à la visite de pensionnats désaffectés, et l’atmosphère très particulière qui se dégage de ces lieux…
Lorsque vous entrez dans un pensionnat, vous sentez quelque chose. J’ai eu une réaction très forte, presque un haut-le-cœur. L’ambiance est étrange, sinistre, comme imprégnée d’une mauvaise énergie. On pressent qu’il s’y est passé des choses affreuses. Il m’est arrivé de me trouver seul dans certaines parties du bâtiment et d’avoir à quitter les lieux parce que j’étais terrorisé. J’ai été particulièrement bouleversé par le fait que certains de ces pensionnats sont aujourd’hui devenus des immeubles de bureaux ou des lieux de travail. J’ai enregistré des témoignages de survivants dans l’établissement même où ces gens avaient vécu, enfants, et où ils travaillent aujourd’hui ! Je ne sais pas comment ils arrivent à supporter la situation — ils continuent tant bien que mal, je suppose. Beaucoup de survivants ont entrepris une thérapie.
7. Qu’en est-il à cet égard de l’histoire qu’a vécue votre famille ?
Ma grand-mère, Florence Cardinal, a été pensionnaire à Wabasca, en Alberta. Jusqu’à sa mort, elle a parlé le cri couramment et est demeurée très religieuse. Je n’ai jamais trouvé le moment propice pour l’interroger au sujet de sa vie au pensionnat. Mon père a été touché, parce qu’il s’agissait de sa mère. Ma mère a fréquenté l’externat indien. C’était un pensionnat, mais parce que les membres de sa famille vivaient ensemble dans une communauté métisse, elle et ses frères et sœurs pouvaient rentrer de l’école à la fin de la journée. Je me souviens toutefois d’épisodes sombres de mon enfance directement attribuables au pensionnat.
8. La volonté de rendre hommage aux survivants se situe au cœur de votre film. Il est par ailleurs remarquable de constater que Lena Wandering Spirit arrive à relater ses souvenirs avec une certaine légèreté, voire avec une pointe d’humour, par moments. La création de ce film a-t-elle eu des effets libérateurs ?
Je crois que, pour Lena, ce fut le cas d’une certaine façon. En ce qui me concerne, le cinéma est un processus cathartique et je me suis senti très lié à cette histoire. J’en suis toujours à tenter de composer avec les effets des récits que j’ai entendus, et je dois trouver d’autres moyens de m’en détacher. Même si nous n’arriverons jamais à mesurer entièrement les répercussions des pensionnats indiens sur Lena et sur tous les autres survivants, peut-être pourrons-nous, en écoutant leur histoire, contribuer à leur démarche de guérison.
9. Comment votre œuvre s’inscrit-elle dans ce continuum visant à promouvoir et à mieux faire comprendre l’histoire du Canada et des Premières Nations ?
Je la conçois comme une autre façon de révéler la vérité. Il est fondamental que nous racontions nos propres histoires, à défaut de quoi nous laissons place à la colonisation, en ce sens que nous laissons aux non-Autochtones le soin de faire état de l’histoire, de la culture et de la tradition des Premières Nations. Malheureusement, les stéréotypes d’Hollywood sur les « Indiens » existent toujours, et ce tableau romancé favorise encore l’ignorance et le racisme à l’égard des populations autochtones. Mon militantisme consiste à réaliser des films. C’est ainsi que j’arrive à illustrer et à représenter ce qui me paraît important en ce moment.
10. Quels sont les films et les cinéastes qui ont influencé votre travail ?
Plus jeune, je me suis beaucoup intéressé au cinéma documentaire. Les films qui présentaient du théâtre, de l’opéra ou du ballet m’ont toujours captivé. Je suis passionné par le cinéma muet, l’expressionnisme allemand et le film noir. J’adore les films de genre, en particulier l’horreur, mais aussi les films indépendants audacieux axés sur le néoréalisme viscéral et la violence. Enfant, je détestais les anciens films en Technicolor, surtout les productions en costumes d’époque et les westerns, mais aujourd’hui, je veux en créer ma propre version. Quant à mes cinéastes préférés, ce sont Alanis Obomsawin, Carl Theodor Dreyer, Takeshi Kitano, Darren Aronofsky, Andrew Dominik, Sarah Polley, Werner Herzog, Sofia Coppola, Dario Argento, Sonia Boileau, Robert Rodriguez, Denis Villeneuve, David Cronenberg, Ana Lily Amirpour et Zacharias Kunuk, pour n’en nommer que quelques-uns.
11. Le cinéma est un moyen de communication, mais également un outil de compréhension et d’empathie. Représente-t-il à vos yeux un élément du processus de guérison en ce qui touche l’histoire coloniale du Canada ?
Le cinéma constitue une arme très puissante. Comme cette arme est relativement nouvelle pour les Premières Nations, elle peut nous servir à guérir, à décoloniser et à enseigner. Mais il s’agit également d’un divertissement. Il y a tant de façons dont le cinéma peut contribuer à reconstituer l’histoire des tentatives d’élimination de notre peuple ! Je vais donc tenter de lutter au moyen de mes films, et d’ouvrir des voies nouvelles qui seront, je l’espère, porteuses d’inspiration.
Extraits
Matériel promotionnel
Images
Équipe
Générique
Écrit et réalisé par
JAY CARDINAL VILLENEUVE
Avec
LENA WANDERING SPIRIT
PHOENIX ALEC SAWAN
Producteur
SELWYN JACOB
Directrice de la photographie
AMY BELLING
Montage
ILEANA PIETROBRUNO
Compositeur
WAYNE LAVALLEE
Productrice déléguée
TERI SNELGROVE
Supervision de la production
JENNIFER ROWORTH
Directrice de production
CAROLINE COUTTS
Photographie additionnelle
KIRK TOUGAS
Premier assistant à la caméra
DESMOND MAY
Chef électricien
TYLER BURROWS
Enregistrement
LISA KOLISNYK
JEFF HENSCHEL
Chorégraphe
MICHELLE OLSON
Dessinatrice des costumes
DAWN MABEE
Photographe de plateau
ROSAMOND NORBURY
Marionnettiste
DUSTIN HAGERUD
Coordination de la production
KAT JAYME
JUSTIN MAH
KRISTYN STILLING
Assistants à la production
ALAN REID
LU ZHANG
MEREDITH LEWIS
Coordonnateur technique
WES MACHNIKOWSKI
Conception sonore et mixage
CHRIS MCINTOSH
Colorisation numérique
ANDREA CHLEBAK
Services de postproduction
UMEDIA
Version française et sous-titres
Claude Dionne
Mise en marché
LESLIE STAFFORD
Publicité
KATJA DEBOCK
Administration
CARLA JONES
Productrice exécutive
SHIRLEY VERCRUYSSE
Nous remercions
ELAINE ALEC
JENNY BREUKELMAN
DARRYL CARDINAL
CHURCH OF THE NATIVITY
OF THE BLESSED VIRGIN MARY,
FORT CHIPEWYAN, ALBERTA
KEVIN COURTOREILLE
MARTHA DABROS
SISTER CECILE GOYER
JOSEPH GIBOT
KATHY «NAN» OMOTH
EDWARD MARTEN
JOHN MICHAEL
STARR MURANKO
FORT CHIPEWYAN BICENTENNIAL MUSEUM
ST. MARY’S RESIDENTIAL SCHOOL, MISSION, BRITISH COLUMBIA
SUZANNE PLOURDE
FATHER REDDY
ROB «KASP»SAWAN
CARLA ULRICH
WILLOW SONG SPARROW VILLENEUVE
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L’ONF en bref
Fondé en 1939 et unique en son genre, l’Office national du film du Canada (ONF) produit, coproduit et distribue des documentaires et des films d’animation distinctifs, engageants, pertinents et innovants. Incubateur de talents, il est un des plus grands laboratoires de création au monde. Depuis plus de huit décennies, l’ONF permet aux Canadiennes et aux Canadiens de se raconter et de se rencontrer. Ses films sont de plus une ressource éducative fiable et accessible. L’ONF possède également une expertise reconnue mondialement en préservation et en conservation, en plus d’une riche collection vivante d’œuvres qui constituent un pilier important du patrimoine culturel du Canada. Jusqu’à maintenant, l’ONF a produit plus de 14 000 œuvres, dont 6500 sont accessibles gratuitement en ligne sur onf.ca. L’ONF ainsi que ses productions et coproductions ont remporté au-delà de 7000 prix, dont 11 Oscars et un Oscar honorifique récompensant l’excellence de l’organisation dans toutes les sphères de la cinématographie.