Physique de la tristesse
2019 | 27 min
Technique d’animation – Peinture à l’encaustique
LAURÉAT DU PRESTIGIEUX CRISTAL D’ANNECY DU MEILLEUR COURT MÉTRAGE • FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM D'ANIMATION D'ANNECY 2020
Sélections et prix
Cristal du court métrageFestival international du film d'animation d'Annecy, Annecy, France (2020)
Prix FIPRESCIFestival international du film d'animation d'Annecy, Annecy, France (2020)
Sélection officielle, Canada's Top Ten of 2019TIFF - Toronto International Film Festival, Toronto, Canada (2019)
Mention honorable pour le meilleur court métrage canadienTIFF - Toronto International Film Festival, Toronto, Canada (2019)
Prix du meilleur film d'animation canadien remis par l'Institut canadien du filmOttawa International Animation Film Festival, Ottawa, Canada (2019)
Meilleur court métrage & Meilleur court métrage d’animation Festival du nouveau cinéma - FNC, Montreal, Canada (2019)
Mention honorable dans la catégorie du meilleur court métrage canadien Vancouver International Film Festival, Vancouver, Canada (2019)
Prix Golden Spike pour le meilleur court métrageValladolid International Film Festival, Valladolid, Spain (2019)
Sélection officielleAnimafest Zagreb – World Festival of Animated Film, Zagreb, Croatia (2020)
Gagnant, Réalisateur – Fiction / Gagnant, AnimationYorkton Film Festival, Yorkton, Saskatchewan, Canada (2020)
Plus de prix et sélections
« J’ai toujours existé. Je sommes nous. »
Nous sommes tous des immigrants. Certains quittent des villes ou des pays, mais tous laissent leur enfance derrière eux. Tel le Minotaure de la mythologie, nous errons dans nos labyrinthes personnels avec pour seul bagage nos souvenirs, capsule temporelle portable remplie d’éléments disparates d’un passé à jamais hors de portée.
Première œuvre entièrement animée selon la technique de l’encaustique, Physique de la tristesse est inspiré d’un roman de l’écrivain bulgare Guéorgui Gospodinov. Le film dépeint la vie d’un inconnu naviguant à travers ses souvenirs de jeunesse dans la Bulgarie communiste — cirques, emballages de chewing-gum, service militaire, premiers élans amoureux —, lesquels le ramènent aux sentiments de mélancolie et de déracinement croissants qui plombent son existence d’adulte au Canada : quête éperdue d’un point d’ancrage, d’une famille, de soi.
Errant dans les méandres de pensées et d’émotions fugitives, Physique de la tristesse brosse l’éloquent portrait d’une génération disloquée, égarée au cœur d’espaces personnels et géographiques en perpétuelle mouvance.
Chaque image du film, magistralement dessinée et animée par le cinéaste nommé aux Oscars Theodore Ushev (Vaysha l’aveugle, Les journaux de Lipsett), constitue en elle-même une œuvre d’art qui évoque avec justesse l’existence d’automate du protagoniste rempli de nostalgie.
Narré par Xavier Dolan, avec la participation spéciale de Manuel Tadros, Physique de la tristesse est à ce jour le film le plus ambitieux, le plus intimiste et le plus bouleversant de Theodore Ushev. Une production de l’Office national du film du Canada avec la participation d’ARTE France.
Synopsis court
Nous sommes tous des immigrants. Certains quittent des villes ou des pays, mais tous laissent leur enfance derrière eux. Tel le Minotaure de la mythologie, nous errons dans nos labyrinthes personnels avec pour seul bagage nos souvenirs, capsule temporelle portable remplie d’éléments disparates d’un passé à jamais hors de portée.
Première œuvre entièrement animée selon la technique de l’encaustique, Physique de la tristesse est inspiré d’un roman de l’écrivain bulgare Guéorgui Gospodinov. Le film dépeint la vie d’un inconnu naviguant à travers ses souvenirs de jeunesse dans la Bulgarie communiste — cirques, emballages de chewing-gum, service militaire, premiers élans amoureux —, lesquels le ramènent aux sentiments de mélancolie et de déracinement croissants qui plombent son existence d’adulte au Canada : quête éperdue d’un point d’ancrage, d’une famille, de soi.
Chaque image du film, magistralement dessinée et animée par le cinéaste nommé aux Oscars Theodore Ushev (Vaysha l’aveugle, Les journaux de Lipsett), constitue en elle-même une œuvre d’art qui évoque avec justesse l’existence d’automate du protagoniste rempli de nostalgie.
Une et deux lignes
En deux lignes
Physique de la tristesse retrace la vie d’un inconnu naviguant à travers ses souvenirs de jeunesse en Bulgarie, lesquels le ramènent à la mélancolie et au déracinement croissants qui plombent son existence d’adulte au Canada.
En une ligne
Physique de la tristesse brosse l’éloquent portrait d’une génération disloquée cherchant désespérément un point d’ancrage au cœur d’espaces personnels et géographiques en perpétuelle mouvance.
Description de la technique d’animation
Physique de la tristesse est le premier film entièrement animé selon la technique de l’encaustique, ou peinture à la cire chaude. Ce procédé, dont l’utilisation remonte à l’Antiquité, consiste à ajouter des pigments de couleur à de la cire d’abeille fondue, puis à appliquer ce liquide ou cette pâte à chaud sur une surface donnée (bois, tissu, etc.).
C’est ainsi qu’ont été réalisés les portraits de momies égyptiennes puis, longtemps après, les œuvres d’artistes tels Jasper Johns, Tony Scherman et Fernando Leal Audirac.
Pour créer Physique de la tristesse au moyen de la technique de l’encaustique, Theodore Ushev mêle de la cire d’abeille légèrement blanchie et des pigments. « C’est une vieille recette que mon père m’avait donnée », souligne-t-il. Il applique ensuite ce mélange sur du papier et laisse sécher. « Puis, je le chauffe afin qu’il se liquéfie, poursuit Ushev. Je peux alors changer le mouvement et les couleurs. C’est très exigeant physiquement. Vous devez peindre très rapidement parce que la cire chaude sèche vite. »
Le recours à l’encaustique n’a rien d’un choix aléatoire pour Ushev. « Les premières capsules temporelles ont été les tombeaux et les cercueils égyptiens, dit-il. On disposait des objets du quotidien autour de la personne enterrée et on plaçait sur le dessus un portrait à l’encaustique. L’encaustique a été la première technique utilisée pour créer des portraits réalistes des morts sur les sarcophages égyptiens, ce qui permettait de préserver durant des siècles le souvenir de la personne. Avec Physique de la tristesse, j’ai voulu créer un sarcophage de ma génération. »
Entretien avec le réalisateur Theodore Ushev
Il s’agit de votre deuxième collaboration avec Guéorgui Gospodinov. La première avait donné lieu à Vaysha l’aveugle, une œuvre nommée aux Oscars et adaptée d’une nouvelle de Gospodinov. Qu’est-ce qui vous a touché à ce point, dans son livre Physique de la mélancolie?
Il y a quelques années, en vacances en Bulgarie, j’ai acheté ce livre. À mon retour à Montréal, je me suis mis à le lire, un soir, et je n’ai pas pu le poser avant d’avoir atteint la dernière page. Il m’a profondément touché : j’avais l’impression d’y trouver, non seulement ma propre vie, mais celle de toute une génération également. J’y ai tout de suite vu un film – une capsule temporelle de notre époque, réalisée au moyen de la technique de peinture la plus ancienne et la plus durable qui soit.
Le film comporte des éléments autobiographiques, mais il semble en fait porter sur une certaine génération plutôt que sur une personne en particulier. Vous seriez considéré comme appartenant à la prétendue génération X. Êtes-vous d’avis que les gens qui appartiennent à une génération donnée présentent certains traits communs qui les distinguent des générations précédentes?
Chaque génération, y compris la génération X, à laquelle j’appartiens, possède son propre code de lecture. Nous sommes nés à une époque remplie d’espoir, probablement l’époque la plus optimiste et la plus joyeuse de tout le siècle. Le monde se transformait : il était vivant et plein de couleurs psychédéliques. Nous avons amorcé notre vie active durant une autre période particulièrement optimiste (la fin de la guerre froide). Malgré tout cela, nous avons échoué à créer un monde meilleur et nous nous trouvons à présent dans un univers sur lequel règnent des dirigeants incompétents et arrogants, habités par la haine. Comment une génération élevée dans l’amour de la liberté et de la compassion en est-elle arrivée à se soumettre à des radicaux de droite imbéciles? Ça me dépasse!
Vous avez dédié le film à votre père, décédé en 2018. Parlez-nous un peu de l’influence qu’il a eue sur l’artiste que vous êtes.
L’influence qu’il a exercée sur moi tenait surtout à sa philosophie de vie : il était à la fois doux et gentil, et très fort. Il lui a fallu lutter contre le communisme totalitaire et la censure qui régnaient en Bulgarie à son époque. Toute sa vie, il a peint des œuvres abstraites et visionnaires influencées par la technologie, en dépit de l’idéologie dominante entièrement tournée vers le réalisme socialiste, et malgré les offensives des fonctionnaires de l’État. J’ose à peine imaginer ce qu’a pu lui coûter cette résistance. Je partagerai toujours sa conviction selon laquelle un artiste ne doit accepter aucune compromission en ce qui concerne ses choix artistiques – quels que soient les obstacles et quelle que soit la précarité de sa situation.
Vous avez maintenu ce rapport père-fils jusque dans le choix de vos narrateurs. Il s’agissait évidemment d’une décision consciente. Pourquoi vous a-t-il semblé nécessaire de faire appel à deux hommes qu’un lien père-fils unit dans la vraie vie?
Il s’agissait d’une décision instinctive. En fait, c’est mon producteur, Marc Bertrand, qui m’a suggéré de demander au père de Xavier, Manuel Tadros, de prêter sa voix au présentateur de cirque (Manuel collabore depuis longtemps avec le Cirque du Soleil). Puis, alors que nous étions en train de l’enregistrer, quelqu’un a proposé d’ajouter d’autres pères. Et, à ce moment-là, le déclic s’est fait. La complexité des relations père-fils venait tout à coup de passer au premier plan, comme dans la mythologie grecque. Les fils d’artiste ressentent toujours un complexe d’infériorité, croient qu’ils ne seront jamais aussi bons que leur père. Rossif, Xavier et moi donnons tous les trois cette impression. Chacun a composé à sa façon avec ce sentiment, que ce soit par la révolte ou par le déni. Rossif n’a jamais voulu devenir acteur : c’est par hasard qu’on a découvert son immense talent de comédien (cela n’a évidemment pas été le cas de Xavier, lequel était un enfant prodige). Et moi? J’ai refusé de devenir peintre, même si j’adore la peinture. J’ai emprunté une voie parallèle, celle du réalisateur-animateur, pour faire en sorte qu’on ne puisse pas comparer directement mon travail aux peintures de mon père. C’est le labyrinthe dans lequel il nous a fallu cheminer pour tuer le Minotaure en nous.
Vous dites dans le film que nous sommes tous des immigrants. Qu’entendez-vous par là?
J’ai eu de nombreuses conversations avec d’autres immigrants, et je sens souvent en eux une inexplicable nostalgie du passé, que ce soit de la vie au temps du communisme, d’un autre pays ou de leur petit village natal. Ils ont tendance à ajouter un peu de « lustre » à leurs souvenirs, à polir une vie qui n’était pas vraiment si agréable. Je me suis rendu compte que leur nostalgie n’était en fait reliée qu’à leur enfance, à leur jeunesse, à leurs émotions, à leurs amours. La nostalgie semble être reliée non pas aux lieux, mais aux souvenirs d’événements et d’objets.
Pourquoi avez-vous privilégié la technique de l’encaustique pour l’animation de Physique de la tristesse?
L’encaustique est l’une des techniques de peinture les plus anciennes que nous connaissons. Grâce à elle, les Égyptiens réalisaient des portraits qu’ils enterraient avec leurs morts, dans des tombeaux qui constituaient les premières capsules temporelles, puisqu’ils contenaient des objets que la personne avait utilisés au quotidien. Du point de vue conceptuel, le choix de l’encaustique allait de soi. Mais, comme personne n’y avait eu recours pour l’animation, il m’a fallu inventer la technique. Les premières scènes ont été un véritable désastre. Puis, tout à coup, j’y suis arrivé, et c’est devenu ma technique lorsque je me suis servi d’une recette que mon père m’avait donnée pour mélanger la cire et le pigment. J’ai pu alors peindre 50 images par jour, en ajoutant beaucoup de détails à chacune.
Ce film est le plus long et le plus ambitieux que vous ayez réalisé jusqu’à présent. Le livre Physique de la mélancolie comporte tant d’éléments intéressants qu’il aurait aisément pu vous amener à réaliser un long métrage. Avez-vous eu à prendre des décisions douloureuses, à l’étape de la création, pour en arriver à restreindre la durée du film?
Oui. Ç’aurait pu facilement devenir un long métrage, mais je préférais une forme plus courte. Je déteste le fait que les impératifs de la distribution, des projections et des festivals imposent une forme : c’est un piège. La longueur d’un film ne devrait pas avoir à respecter un modèle standard. La durée du film devrait correspondre à celle dont j’ai besoin pour raconter l’histoire et susciter des émotions chez le spectateur.
Le mythe du Minotaure revêt un aspect essentiel dans le roman de Gospodinov : que représente pour vous le Minotaure?
Nous vivons dans un labyrinthe. Nous sommes punis, mais nous ne sommes pas coupables. Le Minotaure ne commet aucun crime du fait d’être le fils du taureau. Pas plus que je ne suis coupable d’avoir grandi dans l’antre d’un pays communiste ou d’avoir été l’enfant d’un artiste. Tous les Minotaures de ce monde rêvent de sortir du labyrinthe, de la grotte, pour voir le soleil, pour être une personne heureuse. Ce film porte sur la quête du bonheur de tous les Minotaures du monde. « Je sommes nous. »
Matériel promotionnel
Bande-annonce
Extraits
La technique (Revue de tournage)
Images
Réalisateur Theodore Ushev - Photos additionnelles
Équipe
Générique
L’Office national du film du Canada
avec la participation d’ARTE France
présente
Physique de la tristesse
Un film de
Theodore Ushev
Inspiré du roman Physique de la mélancolie de Guéorgui Gospodinov
Avec la voix de
Xavier Dolan
Souvent, la fin du monde n’est qu’une affaire strictement personnelle…
À la mémoire de mon père
Production
Marc Bertrand
Conception sonore
Olivier Calvert
Voix additionnelles
Manuel Tadros
Theodore Ushev
Consultants
Anca Damian
Guéorgui Gospodinov
Révision
Mélanie Gleize
Affranchissement des droits
Sylvia Mezei
Avec la participation d’ARTE France
Unité de programmes cinéma
Responsable des courts : Hélène Vayssières
Remerciements
Natalie Hamel Roy
Maxwell Diggory
Martin Delisle
Alexandra Ushev
Musiques
Shitty City
Yesterday’s Fire
Composition : Spencer Krug, Risto Joensuu, Markus Joensuu, Saku Kämäräinen, Matti Ahopelto
Interprétation : Moonface
Avec l’autorisation de Third Side Music
Hungarian Quick March
Composition : Franz Liszt
Interprétation : Central Wind Orchestra of the Hungarian Army
Avec l’autorisation de Naxos of America, Inc.
The Safety Dance
Composition : Ivan Doroschuk
Interprétation : Men Without Hats
Avec l’autorisation de Universal Music Publishing Canada et Marc Durand Productions
Fuga
Composition : Nikola Gruev
Interprétation : Kottarashky
Avec l’autorisation de Asphalt Tango Records
The Hebrides, Op. 26, Fingal’s Cave
Composition : Felix Mendelssohn
Avec l’autorisation de Naxos of America, Inc.
Symphony No. 8 in B Minor, D 759 / Rosamunde
Composition : Franz Schubert
Avec l’autorisation de Naxos of America, Inc.
Tous les garçons et les filles
Composition : Françoise Hardy, Roger Samyn
Interprétation : Françoise Hardy
Avec la permission de Sony Music Entertainment et des éditions Ad Litteram
Archives sonores
Office national du film du Canada
Société Radio-Canada
Direction technique
Pierre Plouffe
Eric Pouliot
Spécialiste technique – animation
Yannick Grandmont
Coordination technique
Jean-François Laprise
Bruitage
Nicolas Gagnon
Enregistrement du bruitage
Geoffrey Mitchell
Mixage
Isabelle Lussier
Montage en ligne
Serge Verreault
Production déléguée
Anne-Marie Bousquet
Mylène Augustin
Administratrices
Diane Régimbald
Karine Desmeules
Coordination de production principale
Camila Blos
Coordination de studio
Michèle Labelle
Laetitia Seguin
Mise en marché
Geneviève Bérard
Production exécutive
Julie Roy
Studio d’animation
Programmation et production, Programme français
Création et innovation
www.onf.ca
© 2019 Office national du film du Canada
Relations de presse
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Nadine Viau
Attachée de presse – Montréal
C. : 514-458-9745
n.viau@onf.ca
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L’ONF en bref
L’Office national du film du Canada (ONF) est un chef de file dans l’exploration de l’animation comme forme d’art, de mise en récit et de contenu innovateur pour les nouvelles plateformes. Il produit des œuvres d’animation audacieuses dans ses studios situés à Montréal, mais aussi partout au pays, et collabore avec les créateurs et créatrices les plus en vue de la planète dans le cadre de coproductions internationales. Les productions de l’ONF ont remporté plus de 7000 récompenses, dont, en animation, 7 Oscars et 7 Grands Prix du Festival d’Annecy. Pour accéder à ces œuvres uniques, visitez ONF.ca.