Partie de moi aborde un sujet méconnu : la perte de cheveux chez les femmes. Le documentaire s’intéresse à Karène, la femme du réalisateur, qui est atteinte d’alopécie et qui est prête à tout pour retrouver sa confiance en elle-même. Avec les témoignages de Madeleine, 17 ans, Jenny, 30 ans et Marie-Claire, 60 ans, le film questionne la beauté en plongeant dans le quotidien de femmes de générations différentes. Produit dans le cadre du concours Tremplin, en collaboration avec Ici Radio-Canada Télé.

La perte de cheveux, c’est un sujet dont je peux parler… Je suis chauve depuis l’âge de 21 ans. Cependant, j’ignorais que ce phénomène touchait aussi les femmes, et je connaissais encore moins le mot « alopécie ». Comme la plupart des gens, quand je voyais une femme avec le coco rasé, je croyais qu’elle était malade, qu’elle avait peut-être le cancer.

Ma perception a complètement changé lorsque j’ai vu que mon épouse commençait à perdre ses cheveux. Le diagnostic du dermatologue est tombé : l’alopécie, un trouble qui entraîne une perte quasi totale des cheveux, mais aussi des poils. Pour une majorité des femmes qui en souffrent, la science n’a pas encore trouvé la cause du problème. J’ai été témoin de nombreux moments douloureux qui ont ébranlé la confiance de Karène. Même si j’ai tenté d’être une oreille attentive et un confident, elle se sentait isolée. À ce moment-là, mon intention n’était pas de faire un film sur le sujet, mais plutôt de la réconforter.

Le point de départ de ce film est une discussion avec un ami. Naïvement, il m’a demandé comment se portait notre couple, si je désirais encore ma femme depuis qu’elle… qu’elle… Il n’avait même pas le courage de dire les mots : qu’elle perdait ses cheveux. Je lui ai répondu du tac au tac : « Voyons donc, Karène, moi je la trouve aussi belle que quand je l’ai vue la première fois ! » Vous pouvez imaginer que notre conversation s’est arrêtée là. Toutefois, cet échange m’a fait réfléchir. Si mon ami pensait de cette façon, cela signifiait qu’il y avait sûrement d’autres personnes qui partageaient son opinion.

Dans ce film, j’ai donc voulu donner la parole aux femmes qui choisissent souvent de demeurer dans le silence. Même si l’alopécie est un phénomène rare, se trouver belle est un thème universel qui peut rejoindre beaucoup de monde. D’ailleurs, mon approche comme réalisateur n’a pas été de faire un film scientifique sur l’alopécie afin de cerner ses origines et ses solutions. J’ai plutôt tenté de faire réfléchir le spectateur sur le comportement que nous adoptons face aux « standards » de la beauté, dictés par la mode ou la société. J’ai eu la chance de capter des étapes marquantes du cheminement de quatre femmes sur le plan de l’acceptation de soi. Grâce à l’accès privilégié dont j’ai bénéficié, j’ai maintenant la plus grande admiration pour ces quatre personnes extraordinaires, représentant quatre générations différentes et faisant face à quatre enjeux différents pour un même trouble. Ces femmes ne sont pas malades, elles sont fortes, courageuses et belles ! Elles ont accepté avec beaucoup de générosité de dévoiler leur intimité, et je les remercie du fond du cœur de m’avoir fait confiance à moi… un homme ! Car une femme qui perd ses cheveux est pour bien des hommes très loin de l’image qu’ils se font de la beauté féminine. Aujourd’hui, je ne peux pas être plus à l’opposé de cette conception.

Je salue toute la grande équipe de pros de l’ONF ! Le concours Tremplin, quelle belle aventure pour un jeune cinéaste ! Seulement quatre jours de tournage pour réaliser un film de 23 minutes. Pour y arriver, il faut une équipe solide et de l’équipement comparable à celui des studios d’Hollywood ! Grâce à Tremplin, j’ai sauté et des ailes m’ont poussé. J’ai réalisé un film, j’ai réalisé un rêve et je réalise que je suis très chanceux. Merci.