La plus belle fille du monde vient de surgir de nulle part pour se poser à la table juste en face de moi à la bibliothèque municipale. Jour de chance ou de malchance ? Son sourire me paralyse.

 Comment une fille aussi parfaite pourrait-elle s’intéresser à un gars ordinaire comme moi ? Pas assez costaud, trop petit, trop maigre ? Pas assez prep, trop emo ou hipster ? Je ne lui parle pas parce que je ne la connais pas, mais je ne la connais pas parce que je ne lui parle pas…

Comment Sam va-t-il s’en sortir pour gagner le cœur de Nadine ? Devra-t-il chercher le samouraï en lui pour combattre le monstre de son angoisse ? Le vrai courage, c’est d’agir malgré sa peur.

Première collaboration du cinéaste Patrick Péris avec l’Office national du film du Canada, NADINE est une œuvre ambitieuse qui entremêle les prises de vues réelles et une multitude de techniques d’animation. Avec fantaisie, suspense et humour, Péris propose un voyage ludique dans un monde parallèle, au cœur de l’intériorité de son personnage principal, à la découverte de soi et de l’autre. C’est avec une rare acuité que son film illustre tout le tumulte du coup de foudre à l’ère du numérique.

La plus belle fille du monde vient de surgir de nulle part pour se poser à la table juste en face de moi à la bibliothèque municipale. Jour de chance ou de malchance ? Son sourire me paralyse. Je ne lui parle pas parce que je ne la connais pas, mais je ne la connais pas parce que je ne lui parle pas…

 Première collaboration du cinéaste Patrick Péris avec l’Office national du film du Canada, NADINE est une œuvre ambitieuse qui entremêle les prises de vues réelles et une multitude de techniques d’animation.

Par Peggy Larouche pour l’Office national du film du Canada

Intro

J’ai rendez-vous avec le cinéaste Patrick Péris dans son bureau du Mile-End pour discuter de sa dernière réalisation, NADINE, un court métrage d’animation engageant et survolté produit dans les studios de l’ONF. Il m’accueille tout sourire avec un café dans la vaste pièce lumineuse qu’il partage avec quelques collègues artistes.

 Comment est né votre film NADINE ?

Cette histoire est née d’un flash sur le coup de foudre. J’avais le goût d’explorer la puissance de ce moment et son universalité. Je souhaite à tout le monde de vivre au moins une fois dans sa vie ce cocktail d’émotions si fulgurant et intense. La peur, la gêne, le courage et la confiance personnelle sont les thèmes centraux de mon film, mais aussi le point de départ de ma réflexion.

Le film est relativement court, à l’image d’un coup de foudre, éphémère. Dans une situation où chaque seconde compte, où le stress et la peur d’une mauvaise première impression deviennent une obsession, l’imagination peut facilement s’emballer.

Par ailleurs, je vois NADINE comme une sorte de legs, notamment pour mes deux jeunes enfants, mais aussi un peu pour tous ceux qui verront le film. Dans mon rôle de père, je nourris la confiance personnelle de mes enfants grâce au renforcement positif, à chaque petite victoire. C’est le plus beau cadeau que je puisse leur faire. Dans la vie, on se définit par les obstacles et les aventures qui jalonnent notre parcours. Ce sont les défis qu’on vit au quotidien qui nous transforment et nous font grandir. Ça transparaît dans mon film à travers la quête de courage de Sam.

Vous utilisez plusieurs techniques d’animation dans le film. Quelles étaient vos intentions ?

Ça faisait déjà partie de mon travail de cinéaste de combiner plusieurs techniques pour raconter mes histoires. Pour NADINE, au départ, j’ai pensé tout faire en animation, en explorant et en associant un éventail de techniques pour arriver à une proposition visuelle forte. Le récit est construit comme un voyage cérébral, ce qui me permettait d’illustrer à l’écran toute la puissance du premier coup de foudre et toute l’agitation intérieure du personnage principal. La quête intime de Sam, je voulais la rendre par différentes techniques d’animation. C’est mon producteur, Marc Bertrand, qui m’a suggéré en cours de route la possibilité d’intégrer des prises de vues réelles. À partir de là, j’ai aussitôt établi un contraste entre deux univers : les scènes tournées avec des acteurs représentent la réalité, tandis que les segments en animation représentent l’intériorité du personnage principal, tout ce qui se passe dans l’imagination de Sam.

Naturellement, mélanger plusieurs techniques présentait un risque, mais je trouve que c’est important de le faire, surtout dans le cas de projets créatifs. Toutes les techniques choisies servaient à porter à l’écran les différentes explorations de Sam. Ces procédés riches et complémentaires pouvaient bien se combiner pour unifier les divers univers de notre protagoniste.

Travailler dans les studios de l’ONF à Montréal, c’est un cadeau incroyable. C’est possiblement le meilleur endroit au monde pour faire des films d’animation et, par surcroît, un coup de foudre professionnel s’est produit lorsque j’ai rencontré Julie Roy et Marc Bertrand, les producteurs du Studio d’animation français.

 Votre film traite en arrière-plan de notre rapport aux technologies et de l’omniprésence des réseaux sociaux dans nos vies. Pensez-vous que les relations humaines ont été transformées par les différentes technologies ?

Je ne l’ai pas vécu personnellement. Mon enfance est à cet égard très différente de celle des jeunes d’aujourd’hui. L’œil public scrute désormais chaque petite action. Je présume que, pour un jeune, ça peut être parfois intense. Mes enfants ne sont pas encore rendus là. Ça sera dans quelques années et ça demandera assurément une adaptation. Dans le film, la présence du monstre est un symbole du rejet social pour le jeune garçon. Que se passerait-il si tout le monde était mis au courant de ses sentiments ? Sam est paralysé à l’idée d’être rejeté, pas seulement par une personne, mais par son entourage au complet, voire le monde entier. C’est une grosse pression qui va au-delà des potins dans la cour d’école.

Aujourd’hui, faire des commentaires publics sur les réseaux sociaux est devenu une habitude pour bien des personnes. Pourtant, l’aspect technologique, c’est quelque chose que nous sommes collectivement en train d’apprivoiser. En ce moment, nous sommes à l’étape de l’appropriation de nouveaux outils. On apprend à tracer des frontières entre la sphère publique et la sphère privée, et il faut espérer qu’on donnera toujours la priorité aux contacts humains.