Mon yiddish papi
2017 | 7 min 21
Sélections et prix
Sélection officielle panorama canadienFestival international du film d'animation d'Ottawa 2017
Compétition internationaleSommets du cinéma d’animation 2017
Sélection officielleLondon International Animation Festival (LIAF) 2017
Sélection officielleVictoria Film Festival 2017
Technique d’animation
Dessin à l’encre, gouache et pigment sur papier
Synopsis long
Une jeune femme décide de ne pas répondre à un appel téléphonique de son grand-père, sans savoir que ce sera le dernier. Après la mort de celui-ci, submergée par la culpabilité et les regrets, elle peine à trouver le sommeil. Elle se souvient alors de cette promesse faite jadis : celle de dessiner les aventures de son grand-père durant la guerre et de transmettre aux générations futures une histoire de courage et de résistance face à la peur.
Mon yiddish papi est le récit poétique d’une promesse tenue par-delà la mort. Le film évoque la relation entre une femme et son aïeul avec, en trame de fond, l’histoire tragique et indélébile de la Deuxième Guerre mondiale. Au fil des traits de l’encre sur le papier, Éléonore Goldberg réconcilie l’image de son grand-père tel qu’elle l’a connu et cette autre version de l’homme, jeune résistant sous l’Occupation à Paris. Elle signe un court métrage sur l’amour filial, la transmission et le devoir de mémoire.
Synopsis court
Une jeune femme décide de ne pas répondre à un appel téléphonique de son grand-père, sans savoir que ce sera le dernier. Après la mort de celui-ci, submergée par la culpabilité et les regrets, elle peine à trouver le sommeil. Elle se souvient alors de cette promesse faite jadis : celle de dessiner les aventures de son grand-père, résistant durant la guerre.
ENTREVUE AVEC ÉLÉONORE GOLDBERG
Peux-tu nous parler un peu de la genèse du film ?
Mon grand-père, Georges (Josek) Goldberg, est devenu résistant à 20 ans, pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a sauvé de nombreuses vies, et lui et sa famille ont échappé de justesse à Auschwitz.
Les 16 et 17 juillet 1942, la police française du gouvernement de Vichy a investi les quartiers de Paris pour arrêter les familles juives, au cours d’une opération baptisée cyniquement Vent printanier. Pris par surprise, les Juifs ont été arrêtés, puis transportés dans des bus au Vélodrome d’hiver ou dans la ville de Drancy, avant d’être internés dans des camps de la région du Loiret. De là, ils ont été déportés vers les camps d’extermination nazis. L’histoire a retenu cet événement sous le nom de rafle du Vél d’hiv, en référence au lieu où ont été entassées 13 152 victimes durant six jours avant leur déportation.
Le 16 juillet 1942, on a frappé à la porte chez mon grand-père. Il avait alors 19 ans et vivait chez ses parents. La famille était tétanisée. Mon grand-père a supplié son père de ne pas répondre. Malgré sa peur, son père l’a écouté et les policiers ont fini par s’en aller. C’est ainsi que la famille a échappé à la grande rafle et à la déportation. Mon grand-père s’est ensuite enfui à Lyon, en zone libre (partie de la France non occupée). Sur place, il est entré dans la Résistance. Il a fait passer en zone libre sa famille, ses amis et ma grand-mère, qui était âgée de 16 ans et qui avait perdu ses proches dans la rafle.
Recherché par les polices allemande et française, mon grand-père est parvenu à se faire engager, sous un nom d’emprunt, dans la police française, afin d’éviter d’être capturé et fusillé, et pour continuer d’être un agent de la Résistance. Il a aidé de nombreuses personnes qui, aujourd’hui encore, parlent de lui comme de leur sauveur. Il était très connu, entre autres pour son habileté à créer de faux papiers d’identité. Il est décédé en juillet 2009, à Paris, d’une crise cardiaque.
Nous avions une grande complicité. Il me racontait parfois ses souvenirs de guerre lorsque nous allions manger ensemble, à l’époque où j’habitais à Paris. Il ne se vantait jamais. C’était quelqu’un d’humble et de timide. Il aurait aimé que je fasse une bande dessinée ou un film sur ses aventures de résistant, et je m’y étais engagée. Mais le temps a passé, et je n’ai rien fait. À sa mort, ma promesse m’est revenue à l’esprit.
L’aspect très personnel du récit a-t-il facilité la réalisation ou l’a-t-il rendue plus difficile ?
Ça a été difficile durant l’écriture du projet, du scénario. Le décès de mon grand-père était encore très récent, la tristesse et les regrets étaient vifs, et je me heurtais à mon ignorance : je ne savais pas précisément comment mon grand-père avait convaincu mon arrière-grand-père de ne pas ouvrir la porte, et la peur d’être infidèle aux faits m’obsédait. Mais tout cela m’a aussi fortement motivée à réaliser ce projet. Le temps qu’il m’a fallu pour trouver le financement nécessaire n’a pas altéré mon désir de le faire. Je m’y suis accrochée.
En réalisant ce film, j’ai concrétisé la promesse faite à mon grand-père de raconter une de ses aventures. J’ai choisi celle-ci, car il s’agit du premier geste de résistance de Georges, un geste qui a conduit à son engagement dans la Résistance française et à la survie des membres de sa famille.
Que peux-tu nous dire au sujet du choix de la technique ?
C’est un dessin à l’encre, à la gouache et au pigment sur papier. Principalement au pinceau, avec parfois un peu de plume. C’est la technique avec laquelle je me sens le plus proche du geste et du mouvement. Elle est aussi pour moi très sensuelle et apaisante.
Comment Mon yiddish papi s’inscrit-il dans ton œuvre et comment influence-t-il tes prochains projets ?
Depuis des années, mon travail artistique se nourrit de mes origines juives, principalement par l’entremise des thèmes de la Shoah, de la guerre, de l’exil et de l’immigration. J’avais abordé ces questions dans mes films et bandes dessinées précédents. Dans Errance (2013), la Shoah était présente en filigrane. Mon yiddish papi l’aborde de manière plus frontale ; il n’y a plus de doute, c’est personnel, familial, assumé. Cela m’a portée à penser à de nouveaux projets…
Lorsque j’écrivais le scénario de Mon yiddish papi, j’ai réalisé que ce film me ramenait à mon enfance en Afrique, en partie à cause d’une similitude de faits, de la mort environnante à laquelle on échappe par hasard ou par l’effet de la Providence. J’ai dès lors voulu explorer cette période de ma jeunesse et je développe actuellement un court métrage d’animation, Kinshasa.
Je souhaite également me tourner vers des sujets plus fantastiques, comiques et dramatiques ayant trait à la culture juive.
Soixante-quinze ans plus tard, la collaboration française à la rafle du Vélodrome d’hiver demeure un sujet controversé. Que devrait-on retenir, selon toi, de cet événement historique ?
Que le fascisme n’est jamais loin, que nos droits et nos libertés ne sont jamais acquis, qu’il faut rester à l’affût des signes d’intolérance, de la violence, du racisme, de la xénophobie, de l’antisémitisme, de l’homophobie, et surtout les prendre au sérieux, les dénoncer. Et puisqu’on y est, il faut voter, si ce n’est pour un parti qui véhicule nos idées et nos valeurs, au moins contre les partis xénophobes… C’est important.
Quel est l’héritage historique des petits-enfants des survivants de l’Holocauste et celui-ci est-il porteur de responsabilités ?
Ma génération a peut-être le sentiment d’avoir une dette envers ceux qui sont morts pendant cette époque tragique. Si mon arrière-grand-père avait ouvert la porte à la police française, je ne serais probablement pas là aujourd’hui pour vous raconter cette histoire… Les jeunes d’aujourd’hui ne doivent pas oublier le passé, leur devoir est d’entretenir la mémoire de ceux qui ont souffert et qui se sont défendus devant l’adversité. Ce devoir est à double tranchant : il permet d’honorer les morts, mais il peut aussi empêcher ceux qui s’y appliquent de vivre leur présent, leur jeunesse. Je n’ai jamais été insouciante. J’ai découvert cet événement à l’âge de dix ans. Très jeune… Et adolescente, je suis devenue obsédée par la Shoah, je ne pensais qu’à ça et ça a duré des années. Ça s’est arrêté pendant la réalisation du film… Une jeune auteure, Frederika Amalia Finkelstein, a écrit un roman sur le sujet, L’oubli.
Extrait
Images
Matériel promotionnel
Équipe
Générique
Un film de
Éléonore Goldberg
À la mémoire de Georges (Josek) Goldberg (1923- 2009)
Scénarisation, animation, réalisation
Éléonore Goldberg
Production
Karine Dubois (Picbois Productions)
Julie Roy (ONF)
Avec la participation financière de
Produit avec l’aide financière du
Programme d’aide aux jeunes créateurs
de la SODEC
Montage image
Catherine Legault
Musique et conception sonore
Pierre Yves Drapeau
Adaptation musique « My Yiddishe Momme »
Judith Gruber-Stitzer
Narration
Evelyne de la Chenelière
Conseils à la scénarisation
Claude Cloutier
Evelyne de la Chenelière
Jean-Philippe Duval
Catherine Mavrikakis
Montage scénarimage
Mathieu Bouchard-Malo
Conseils à la production
Galilé Marion-Gauvin
Traduction
Lorraine Price
Kathleen Fee
Titres
Réjean Myette
Infographie
Élise Simard
Montage en ligne
Serge Verreault (ONF)
Bruitage
Olivier Girouard
Enregistrement sonore
Geoffrey Mitchell (ONF)
avec l’assistance de Padraig Buttner-Schnirer (ONF)
Enregistrement des voix
Pierre Yves Drapeau
Mixage
Serge Boivin (ONF)
Direction de plateau
Manon Arsenault
Kathleen Fee
Direction technique
Pierre Plouffe (ONF)
Coordination technique, animation
Yannick Grandmont (ONF)
Direction de postproduction
Anne-Marie Bousquet (Picbois Productions)
Coordination technique
Daniel Lord (ONF)
Coordination de production
Michèle Labelle (ONF)
Andrée-Anne Frenette (Picbois Productions)
Valérie Mantha (Picbois Productions)
Administration
Diane Régimbald (ONF)
Karine Desmeules (ONF)
Équipe administrative
Diane Ayotte (ONF)
Michael Shu (ONF)
Stéphanie Lalonde (ONF)
Musique
« My Yiddishe Momme »
Composée par Jack Yellen et Lew Pollack
Avec la permission de Warner/Chappell Music Canada Ltd et de BMG Rights Management
Interprète
Bronna Levy
Musiciens
Accordéon
Laurence Sabourin
Contrebasse
William Gossage
Violon
Stéphane Allard
Guitare
Samuel Bonnet
Libération des droits musicaux
Tram7
Comptabilité de production
Pro-Prod Gestion
Nancy Larue
Vicky Boisvert
Financement intérimaire
Banque Nationale du Canada
Groupe cinéma et télévision
Vérification
Yves Giroux CPA
Assurances
Globalex
Relations de presse
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Nadine Viau
Attachée de presse – Montréal
C. : 514-458-9745
n.viau@onf.ca
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Picbois Productions
Picbois Productions est une entreprise indépendante de production fondée en août 2010 par Karine Dubois. Son mandat est d’initier, de produire et de diffuser des créations artistiques qui proposent une réflexion sur des réalités sociales ou culturelles.
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L’ONF en bref
L’Office national du film du Canada (ONF) est un chef de file dans l’exploration de l’animation comme forme d’art, de mise en récit et de contenu innovateur pour les nouvelles plateformes. Il produit des œuvres d’animation audacieuses dans ses studios situés à Montréal, mais aussi partout au pays, et collabore avec les créateurs et créatrices les plus en vue de la planète dans le cadre de coproductions internationales. Les productions de l’ONF ont remporté plus de 7000 récompenses, dont, en animation, 7 Oscars et 7 Grands Prix du Festival d’Annecy. Pour accéder à ces œuvres uniques, visitez ONF.ca.