Mauvaises herbes
2020 | 6 min 22 s
Encre de chine sur papier
Sélections et prix
Prix du public de la Compétition internationaleLes sommets du cinéma d'animation, Montréal, Canada (2021)
Sélection officielle - Courts métrages en compétitionFestival international du film d’animation d’Annecy, France (2021)
Compétition officielle REGARD - Festival international du court métrage au Saguenay, Canada (2021)
Sélection officiellePalm Springs International ShortFest, Californie (2021)
Sélection officielleFestival International de Film Cinéfest Sudbury, Canada (2021)
Prix du Jury Calgary International Film Festival (CIFF), Canada (2021)
Prix du meilleur court métrage animéNew York City Short Film Festival (2021)
Sélection officielleNewport Beach Film Festival, USA (2021)
Sélection officielleVancouver International Film Festival (VIFF), Canada (2021)
Sélection officielleSemaine internationale de cinéma de Valladolid (SEMINCI), Espagne (2021)
Prix - Best of the Fest Los Angeles Animation Festival, Californie (2021)
Prix - Comedy Short AwardLos Angeles Animation Festival, Californie (2021)
Prix du meilleur court métrage, Jury enfants Festival International du Film pour Enfants de Montréal – FIFEM (2022)
Nomination - AnimationYorkton Film Festival, SK, Canada (2022)
Sélection officielle Rendez-vous Québec Cinéma (2022)
Plus de prix et sélections
Mauvaises herbes nous entraîne dans un monde surprenant peuplé de plantes carnivores qui changent d’aspect comme un caméléon passe d’une couleur à l’autre. Le réalisateur fait rimer croissance avec concurrence, évolution avec compétition, et met en place un étonnant duel aux allures de western, de guerre froide et de jeu de société.
Bande-annonce
Description longue
Avec Mauvaises herbes, Claude Cloutier nous emmène dans un monde surprenant peuplé de plantes carnivores qui changent d’aspect comme un caméléon passe d’une couleur à l’autre. Habilement, le réalisateur d’Autos Portraits fait rimer croissance avec concurrence, évolution avec compétition, et met en place un étonnant duel aux allures de western, de guerre froide et de jeu de société… Le résultat est une fable moderne, un dessin animé qui aurait pu être réalisé par un héritier malicieux de Jean de La Fontaine. N’ayant rien perdu de son goût pour l’humour absurde, le cinéaste signe une allégorie moqueuse de la course au progrès qui prend des airs de course à l’abîme. Mauvaises herbes nous rappelle, avec le sourire, que nous faisons partie d’un écosystème et que nous sommes tous interdépendants.
Entretien avec Claude Cloutier
Vous êtes un auteur de bandes dessinées renommé. Prenez-vous plus de plaisir à réaliser un film d’animation ou une bande dessinée ? Quelles sont les principales différences, du point de vue de celui qui dessine ?
Le plaisir de dessiner est le même parce que le travail est similaire et que les défis de création des personnages, de scénarisation, de création de l’environnement et de développement du style sont semblables.
Paradoxalement, même si l’animation requiert un bien plus grand nombre de dessins, la somme de travail entre un album de bande dessinée et un court métrage d’animation n’est pas si différente. Toutes les étapes que j’ai mentionnées sont les mêmes. Ensuite, il y a l’exécution, plus longue dans un film à cause de la quantité de dessins.
Cela étant dit, à chaque film et à chaque livre, je remets beaucoup d’éléments en cause. Si vous comparez les styles entre Overdose, La tranchée et Mauvaises herbes, c’est très différent. Même chose en bande dessinée si on compare La légende des Jean-Guy et Gilles la Jungle. Donc, on peut dire que, dans mon cas, c’est chaque fois à recommencer.
Justement, vos films se distinguent par l’attention considérable que vous portez au dessin. Dans Mauvaises herbes, par exemple, il y a une élégance du trait et une richesse graphique très rares en animation. Avez-vous parfois l’impression que la vitesse de l’action et l’attention portée au mouvement vont à l’encontre de ce travail extrêmement soigné ?
Je fais ce type de dessins tout en sachant que très peu de gens seront en mesure d’apprécier pleinement mes efforts. Cependant, je crois que la richesse du dessin peut toucher les spectateurs à un niveau subconscient. J’ai l’impression qu’ils sentent les détails, même s’ils ne sont pas en mesure de le formuler clairement ou de se souvenir de ces détails.
Cela étant dit, c’est pour moi un questionnement permanent, une préoccupation constante : je me demande toujours si cela vaut le coup. Parce que, d’un autre côté, il y a beaucoup de films que j’apprécie et qui reposent sur un style de dessin très simple. Alors, est-ce que moi aussi je devrais aller là ?
Comme dessinateur, j’ai une certaine aptitude pour le contrôle des formes, le réalisme, l’exactitude. Mon style s’appuie souvent sur cette capacité. Autos Portraits, par exemple, est possiblement mon film le plus complexe : il est difficile de dessiner des voitures de manière réaliste, de les faire bouger autrement que comme des voitures, de faire en sorte qu’elles dégagent une émotion, qu’elles soient humanisées. Or, le travail pour arriver à rendre cela avec précision est invisible parce qu’à la fin, c’est-à-dire quand on regarde le résultat final, il s’agit d’un trait rapide, assez gestuel, avec un lavis… Mais, pour en arriver là, il faut pour ainsi dire dessiner le film deux fois : d’abord avec une grande précision technique, puis de manière plus libre. Au final, je suis content du résultat parce que cette lourdeur technique a disparu et qu’il y a de la légèreté dans l’imagerie.
Comme c’était le cas dans Autos Portraits, on reconnaît dans Mauvaises herbes votre humour et votre sens de la caricature. Toutefois, les deux films ont aussi en commun un contenu social qui renvoie aux grands enjeux actuels, en particulier la question environnementale. Comment vous situez-vous par rapport à cette question ?
Il y a effectivement des rapprochements à établir entre les deux films, donc on peut en déduire que cette question me préoccupe. Cinématographiquement, ce sont toutefois deux films très différents, autant dans le style que dans leurs références : Autos Portraits est une comédie musicale, Mauvaises herbes est une fable.
C’est une fable sur la rivalité, une rivalité qui dépasse la survie pour devenir une question d’orgueil. Autos Portraits parlait du pétrole. Dans Mauvaises herbes, c’est plutôt le partage des richesses. Ce partage pourrait se faire simplement parce que, dans le film, les richesses, ce sont les moustiques, et des moustiques, il n’en manque pas ! Mais les deux personnages n’arrivent pas à s’en satisfaire, et leur bataille les mène à l’autodestruction.
Justement, vous semblez aussi très marqué par le thème de la guerre, du conflit, et plus particulièrement par la nature belliqueuse des individus. C’était déjà le cas dans Du big bang à mardi matin et surtout dans La tranchée, dans lequel vous abordez la Première Guerre mondiale. Comment expliquez-vous la présence récurrente de ce thème ?
J’ai un intérêt, une sorte de fascination pour la guerre. Je lis beaucoup, en particulier sur les deux guerres mondiales. J’essaie toujours de comprendre comment les humains ont pu se rendre à un tel niveau de destruction et comment le peuple allemand, par exemple, a pu à un moment de l’histoire être embrigadé dans la folie d’Hitler.
On reconnaît d’ailleurs plusieurs personnages historiques dans Mauvaises herbes : Hitler, Roosevelt, Staline, Kennedy, Khrouchtchev… et même la reine Victoria, qui fait un retour après Isabelle au bois dormant. Vous êtes un passionné d’histoire ?
L’histoire, c’est des guerres les unes après les autres… L’essentiel de mes lectures concerne l’histoire. Je lis peu de romans, mais j’ai lu Les bienveillantes de Jonathan Littell… C’est dire ! Alors, oui, je suis un passionné d’histoire.
Je possède notamment une grande quantité d’atlas historiques. Dans une ancienne carte géographique, il y a un grand nombre d’informations qui sont transmises visuellement. Les cartes sont des images qu’on peut prendre le temps de décortiquer. Ça établit une sorte de parallèle avec les possibilités, avec le pouvoir du dessin animé, qui est aussi une synthèse du monde plutôt qu’une représentation réaliste et exacte. Peut-être que cela vient influer sur le style dans certains de mes films — en particulier Isabelle au bois dormant et Mauvaises herbes —, lequel repose sur le désir de retrouver l’esprit de la gravure de l’époque victorienne, comme dans Alice au pays des merveilles de John Tenniel.
On remarque, dans la plupart de vos films, que votre humour repose souvent sur la métamorphose des personnages qui deviennent des créatures hybrides, mélanges d’humains et d’animaux, ou encore d’objets et d’êtres vivants. D’où vient ce goût pour l’hybridation et la métamorphose ?
En plus de l’histoire, j’ai un grand intérêt pour la science. J’ai d’ailleurs été l’un des instigateurs, avec Martin Barry et Thérèse Descary, de la série Une minute de science, s.v.p. !, dont j’ai réalisé six épisodes. Mes champs d’intérêt vont de la physique à la technologie, en passant par l’évolution, qui rejoint à la fois la science et l’histoire. J’ai fait un film sur ce sujet, qui s’appelle Du big bang à mardi matin. L’évolution nous amène à considérer que, d’un certain point de vue, toutes les espèces ont un lien de parenté. Ça explique peut-être mon intérêt pour l’écologie et donc les propos abordés dans Autos Portraits et Mauvaises herbes.
Le cartoon est une interprétation de la réalité. En ce sens, il rejoint la caricature, qui est une déformation du sujet à des fins satiriques. Dans un dessin animé, cette déformation s’effectue dans le temps, dans la durée, d’où la métamorphose.
Dans Mauvaises herbes, il y a un moment où j’ai dû dessiner des intervalles entre Hitchcock et une grenouille. C’est un défi graphique, un défi d’animateur. J’aime pousser les limites de mon dessin, et la réalisation de ces métamorphoses est pour moi un véritable terrain de jeu. C’est un moteur, une motivation très importante. Cette volonté de repousser mes limites explique sans doute les éléments dont vous parliez plus tôt, c’est-à-dire l’accent sur le dessin, la profusion des détails, etc. En commençant un projet, j’ai toujours la volonté de concevoir des animations que les autres animateurs ne peuvent pas ou ne veulent pas faire.
Dans Mauvaises herbes, l’humour repose aussi sur un travail sonore et musical très élaboré. Quelle est votre relation au son et à la musique, lorsque vous réalisez un film ?
J’écoute beaucoup de musique lorsque je dessine, mais je ne pense vraiment pas à ce que seront le son et la musique du film en cours de processus, sauf dans le cas d’Autos Portraits, qui était basé sur la chanson Que sera sera.
Au final, la musique est un personnage en soi, avec lequel on peut jouer comme avec n’importe quel autre personnage. C’est une sorte de narrateur qui viendrait donner le ton au film, commenter une action, proposer un niveau de lecture, établir une complicité avec le spectateur.
Pour Mauvaises herbes, le travail musical et sonore a été extrêmement difficile à finaliser. Nous savions que la musique et le son devaient jouer un rôle important, mais la piste à suivre n’était pas évidente à trouver : les personnages du film sont très réalistes et ils ont aussi un aspect cartoon. L’équilibre entre les deux était délicat, et nous devions trouver le bon contraste. Nous avons donc progressé par essais et erreurs. Depuis Isabelle au bois dormant, j’ai développé une complicité très forte avec Olivier Calvert, le concepteur sonore, qui m’a par la suite avoué que Mauvaises herbes avait été son projet le plus difficile à réaliser. Je suis toutefois très content du résultat qui, selon moi, est absolument conforme à l’esprit du film.
Équipe
Images
Affiche
Générique
Réalisation, scénarisation et animation
Claude Cloutier
Production
Galilé Marion-Gauvin (L’Unité centrale)
Julie Roy (ONF)
Montage
Guillaume Fortin
Musique
Robert Marcel Lepage
Conception sonore
Olivier Calvert
Musiciens et voix
Zoé Dumais (violon)
Guy Donis (banjo)
Yanik Cloutier (guitare et dobro)
Samuel Desrosiers (percussions)
Enregistrement de la musique
Robin Girard
Samuel Desrosiers
Montage et mixage de la musique
Samuel Desrosiers
Voix
Claude Cloutier
Bruitage
Nicolas Gagnon
Enregistrement du bruitage
Geoffrey Mitchell (ONF)
Luc Léger (ONF)
Mixage
Shelley Craig (ONF)
Studio de postproduction visuelle
Ottoblix
Direction de création et supervision de la composition
Mathieu Tremblay
Prise de vue
Mélanie Boudreau Blanchard
Composition d’images numériques et colorisation
Daria Pelsher
Patrick Lapierre
Raquel Magalhães Sancinetti
SteGo
Montage en ligne
Serge Verreault (ONF)
Générique
Trina Daniel
Direction technique
Eric Pouliot (ONF)
Pierre Plouffe (ONF)
Spécialiste technique animation
Yannick Grandmont (ONF)
Coordination technique
Jean-François Laprise (ONF)
Mira Mailhot (ONF)
Direction de postproduction
Mélanie Boudreau Blanchard
Production déléguée
Anne-Marie Bousquet (ONF)
Mylène Augustin (ONF)
Coordination de studio
Laetitia Seguin (ONF)
Michèle Labelle (ONF)
Adjoints au producteur
Dominique Chila (L’Unité centrale)
Marco Santos (L’Unité centrale)
Administration
Diane Régimbald (ONF)
Karine Desmeules (ONF)
Vérification
Isabelle Côté – CPA
Coordination de production principale
Camila Blos (ONF)
Comptabilité
Christiane Aubé
Amal Hage
Mise en marché
Karine Sévigny (ONF)
Merci à
Cordell Barker, Guillaume Chouinard, Pascale Ferland, Geneviève Gosselin-G., Dominique Noujeim, Michel Ouellette, Frédérique Schmidt
Productions L’Unité centrale et Office national du film du Canada
Relations de presse
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Nadine Viau
Attachée de presse – Montréal
C. : 514-458-9745
n.viau@onf.ca
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Unité centrale
L’Unité centrale se consacre essentiellement à la production de courts et de longs métrages d’auteur de qualité imprégnés d’une vision artistique forte. Plus précisément, elle vise deux objectifs : tisser des liens étroits avec un bassin de cinéastes talentueux et bâtir une filmographie riche et distinctive.
Les films de l’Unité centrale ont entre autres été sélectionnés aux festivals de Locarno, Venise, Saint-Sébastien, Karlovy Vary, Rotterdam, Sundance, Toronto et au Festival du nouveau cinéma de Montréal.
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L’ONF en bref
L’Office national du film du Canada (ONF) est un chef de file dans l’exploration de l’animation comme forme d’art, de mise en récit et de contenu innovateur pour les nouvelles plateformes. Il produit des œuvres d’animation audacieuses dans ses studios situés à Montréal, mais aussi partout au pays, et collabore avec les créateurs et créatrices les plus en vue de la planète dans le cadre de coproductions internationales. Les productions de l’ONF ont remporté plus de 7000 récompenses, dont, en animation, 7 Oscars et 7 Grands Prix du Festival d’Annecy. Pour accéder à ces œuvres uniques, visitez ONF.ca.