Une jeune femme tente de se décrire, se présentant sous un jour idyllique : celui qu’on attend d’elle. La narration visuelle raconte cependant une tout autre histoire, exprimant avec une force poignante la charge anxiogène de l’hyperperformance et de la course au bonheur. Le mal du siècle illustre les réflexions et les questionnements qui accompagnent les personnes souffrant d’un certain mal de vivre. En abordant le sujet de façon authentique et personnelle, la réalisatrice Catherine Lepage part de l’intime pour toucher à l’universel : étrange alchimie de la création, qui permet de transcender la douleur pour en faire un objet de beauté, au pouvoir apaisant. Petit bijou de sensibilité, le court métrage évoque avec justesse le chaos en soi, fracassant habilement les tabous liés à la santé mentale, tout en faisant fleurir l’espoir. Un film à la fois drôle et touchant, et surtout, profondément humain.

Résumé en une ligne

Une jeune femme tente de se décrire, se présentant sous un jour idyllique, mais la narration visuelle raconte une tout autre histoire, illustrant avec une force poignante la charge anxiogène de l’hyperperformance.

Synopsis 

Une jeune femme tente de se décrire, se présentant sous un jour idyllique : celui qu’on attend d’elle. La narration visuelle raconte cependant une tout autre histoire, illustrant avec une force poignante la charge anxiogène de l’hyperperformance et de la course au bonheur. Un film à la fois drôle et touchant, et surtout, profondément humain.

Je suis une artiste multidisciplinaire ayant une formation en graphisme et en illustration. Au début de mon parcours professionnel, j’ai travaillé dans la publicité, d’abord du côté de la technique, puis de la retouche Photoshop, avant d’accéder à la création. À la même époque, j’ai commencé à illustrer des livres jeunesse écrits par d’autres. C’était idéal pour gagner ma vie, mais j’avais envie de lancer mes propres projets, d’avoir une production personnelle. Malheureusement, malgré de nombreux efforts, l’inspiration ne venait jamais, je n’avais rien à dire d’intéressant et j’en ressentais beaucoup de frustration. Quelques années de surmenage plus tard, j’ai reçu un diagnostic de dépression. Ce fut un choc de constater que je n’étais pas aussi inébranlable que je le croyais. Paradoxalement, c’est cette épreuve qui a ouvert la valve de ma créativité et qui a marqué le début de ma production artistique personnelle.

Par la suite, j’ai publié un premier livre illustré témoignant de ma dépression. J’avais besoin de transformer cette expérience négative en quelque chose de positif, de reprendre cette matière douloureuse et d’en faire quelque chose de beau. L’accueil que ce livre a reçu m’a fait réaliser que beaucoup de personnes vivent des périodes semblables en silence et que le simple fait d’en parler ouvertement leur apporte du réconfort. Sachant que mon travail pouvait aider les autres, j’ai continué à explorer mes zones d’ombre. Dans les années suivantes, j’ai publié deux autres livres, sur les thèmes de l’anxiété et du mal-être, suivant l’intuition que mon vécu intime et personnel trouvait un écho chez l’autre. Plus tard, alors que je recevais toujours des témoignages d’appréciation pour ces trois livres, l’idée d’en faire un film s’est imposée à moi.

Ma production artistique suit toujours le fil de mes introspections, des liens que je fais entre ma vie et celle des autres, de mes observations sur la construction de l’identité et sur l’importance plus ou moins grande qu’on accorde au regard de l’autre. Pour vivre en société, il faut respecter certains codes, adopter certains comportements qu’on nous apprend dès le plus jeune âge. Jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour être acceptés du groupe ? Quelle part de nous-mêmes renions-nous ? Nos objectifs sont-ils vraiment les nôtres, ou ceux que la société nous a conditionnés à valoriser ?

Le mal du siècle parle d’un déraillement qui peut arriver quand nos aspirations et nos objectifs deviennent une source d’anxiété et de stress. Nous vivons dans un monde où la performance et le succès sont survalorisés. Nous voulons souvent projeter une image idéalisée, mettant de l’avant nos réussites et occultant nos échecs. La course à la réalisation de nos rêves peut nous épuiser et nous mener au constat que nous ne sommes pas heureux, malgré l’atteinte de nos objectifs. Lorsque nous n’avons plus d’autre choix que de prendre une pause, il est douloureux de faire face à nos failles, surtout si nous avons toujours tenté de les enterrer.

Aujourd’hui, les cas d’anxiété et de dépression sont toujours plus nombreux et s’étendent à tous les groupes d’âge. Il est essentiel d’en parler pour déstigmatiser les gens qui souffrent et qui vivent parfois dans la honte, qui ont une perception diminuée d’eux-mêmes, et un sentiment d’incompréhension et de rejet. Il faut redéfinir les notions de force et de succès, et faire de la place pour la vulnérabilité et les zones grises. C’est pourquoi il m’a semblé plus pertinent que jamais de réaliser ce film pour toucher un public encore plus grand.