Les précursœurs
2025 | 75 min 28 s
Documentaire
Anglais, Dari, Farsi avec sous-titres français
Une production de l’Office national du film du Canada
Les précursœurs de Brishkay Ahmed présente cinq Afghanes en exil poussées par leur engagement pour la liberté et l’égalité à prendre la parole sur la scène internationale et à revendiquer leur patrie. Au fil de conversations franches, ces extraordinaires rebelles racontent l’Afghanistan, sa complexité, sa splendeur et ses combats, sous un angle profondément personnel.
Version originale: In the Room
En une phrase
Au fil de conversations franches, cinq Afghanes d’exception discutent de leur engagement pour la liberté et l’égalité, et révèlent ce qui les pousse à s’imposer sur la scène mondiale et à revendiquer leur pays.
Entretien avec Brishkay Ahmed
- Vous racontez que vous étiez gênée de vos origines afghanes lorsque vous étiez enfant, à Vancouver, jusqu’à ce que vous voyiez Nelofer Pazira-Fisk dans Kandahar, un film mettant en vedette une femme afghane dans le rôle de l’héroïne. Est-ce que la réalisation du documentaire Les précursœurs vous a permis de mieux comprendre l’histoire et l’avenir de l’Afghanistan ?
Le paysage et l’histoire en constante mutation de l’Afghanistan continuent de me surprendre et de me bouleverser, même si je viens de ce pays et que j’y ai passé beaucoup de temps depuis que je l’ai quitté, quand j’étais jeune. Les perpétuelles transformations de l’identité des femmes afghanes au sein de notre mère patrie sont un enseignement continu sur la fragilité de notre humanité et sur la réalité criante d’une menace qu’on fait toujours peser sur les droits des femmes.
Ce film en particulier n’a pas nécessairement approfondi ma compréhension de l’Afghanistan, puisque je connaissais déjà très bien l’histoire de mon pays d’origine. Il a surtout transformé ma conception de ce que signifie être une femme dans notre monde, ce que signifie être une femme qui risque tout pour prendre la parole et résister à l’oppression par l’expression personnelle. Par-dessus tout, je comprends aujourd’hui que l’histoire des femmes afghanes est un récit pertinent de mise en garde pour les femmes du monde entier. Nous devons toutes rester vigilantes.
- Toutes les femmes présentées dans le film — Nelofer Pazira-Fisk, Vida Samadzai, Sahar Parniyan, Mozhdah Jamalzadeh et Shogofa Sediqi — ont acquis une renommée mondiale dans leur domaine respectif. Étant donné que chacune des femmes interrogées risquait de graves contrecoups, de l’exil aux menaces de mort, comment vous êtes-vous assurée qu’elles se sentaient suffisamment en sécurité pour raconter leur vécu ?
Ce film m’a rapprochée de femmes afghanes que je considère comme des héroïnes et des sœurs. Il est vrai qu’elles s’exposaient à des représailles. Elles ont bravé ce risque et continuent à le faire aujourd’hui. La sécurité des femmes afghanes n’est jamais acquise, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur des frontières carcérales de notre pays. Avec le soutien de ma productrice, Teri Snelgrove, de l’Office national du film du Canada, nous avons eu des discussions profondes et transparentes avec ces femmes pour connaître ce dont elles avaient besoin pour se sentir entendues et en sécurité. Nous avons simplement écouté leurs besoins et leurs explications. C’était pour nous la chose à faire : les écouter, leur donner l’espace dont elles avaient besoin et respecter leur souhait de courir le risque qu’elles choisissaient de prendre ; non pas taire leur choix et leur expression, mais les soutenir pleinement. En retour, ces femmes ont fait la même chose pour moi. Nous avons simplement manifesté du respect les unes pour les autres.
- Les entrevues qui composent le film sont à la fois intimistes et honnêtes. Est-ce que la décision de situer les conversations dans des espaces intérieurs privés était pour vous un autre moyen de souligner la situation actuelle des femmes afghanes, qui sont écartées de la vie publique ?
Mon choix de rencontrer ces femmes dans des espaces privés ne visait pas à mettre en relief le fait que les femmes sont retirées de la vie publique en Afghanistan. Ce n’était pas mon intention.
Chacune de ces femmes a son propre parcours, et ce vécu a engendré une ambiance et un climat particuliers dans lesquels leur vie se déroule. Mon objectif était de situer les conversations dans cette atmosphère, afin que nos échanges puissent se propager vers l’extérieur, de manière à établir une réelle connexion avec le passé par l’entremise de nos sens, et non pas seulement de notre intellect.
L’histoire de ces femmes a été influencée par le passage du temps, qui peut brouiller la mémoire et altérer le souvenir que nous gardons du passé, et qui applique le filtre des circonstances du présent à nos souvenirs. Le fait de situer chacune des femmes dans l’espace et le climat de son passé était — pour elles et pour moi — un moyen de nous replonger dans une époque passée et de nous rappeler des souvenirs. Comme une forme de conversation qui transcende le temps et qui rappelle en même temps notre interrelation.
- Le film est imprégné de votre perspective et de vos expériences, autant que de celles des femmes interrogées. Quelles difficultés avez-vous rencontrées à revisiter votre propre vie et votre travail, dans le contexte actuel en Afghanistan ?
Je n’ai aucun mal à scruter ma propre vie. La seule difficulté que j’ai rencontrée a été de reconnaître que je n’ai pas bien pris soin de Sahar lorsque j’étais sa réalisatrice dans une émission de télévision à Kaboul. Je la poussais à devenir comme les femmes occidentales que je connaissais, et ce n’était pas la chose à faire.
Devant cette erreur de jugement et la conscience que j’avais de ne pas l’avoir protégée adéquatement, j’ai compris à quel point la vie est fragile pour les femmes en Afghanistan. Elles gagnent lorsque nous les soutenons, mais si nous nous y prenons de la mauvaise façon, elles risquent de perdre. Et les conséquences peuvent être désastreuses.
- Depuis le retour au pouvoir des talibans, en 2021, une oppression systémique des femmes et des filles a été instaurée, notamment par les restrictions de l’accès à l’éducation et au travail et l’interdiction de prendre part à la vie publique. Devant cette radicale privation de leurs droits, comment les femmes répliquent-elles à une oppression aussi institutionnalisée ?
Les femmes afghanes ripostent au péril de leur vie. C’est la pure vérité. Elles luttent, et elles meurent. C’est la réalité. Il n’y a pas de réponse plus douce ou plus rassurante, seulement ce fait indéniable.
Depuis 2021, on a assisté à d’autres changements qui présentent un danger extrême pour les femmes afghanes. La Russie a déclaré reconnaître la légitimité des talibans comme gouvernement, ce qui est profondément inquiétant. Si d’autres pays imitent la Russie, la probabilité que les femmes afghanes récupèrent leurs droits — ou que les talibans soient chassés du pouvoir — s’amenuisera de plus en plus.
Il ne s’agit pas d’une question anodine. Cette situation constitue un sérieux danger pour les femmes de toute la région. Dans les pays voisins, par exemple en Iran, au Pakistan et au Bangladesh, les fondamentalistes observent la situation, et ils cherchent à étendre leur emprise. Il est là, le danger. La menace pèse donc aussi sur les femmes à l’extérieur de l’Afghanistan.
- Pendant que les femmes afghanes persistent à lutter pour leurs droits, comment la communauté internationale peut-elle les soutenir davantage ? Qu’est-ce que l’effacement ou l’érosion des droits des femmes en Afghanistan signifient pour la communauté mondiale ?
Je crois que, dans le monde d’aujourd’hui, les femmes doivent agir dans l’intérêt du bien commun et du bien-être collectif, et ce, partout sur la planète. Ce n’est pas le moment de faire des distinctions entre l’ici et l’ailleurs ou entre le moi et les autres, mais plutôt de nous unir sous un même « nous ». La communauté internationale peut soutenir les femmes afghanes en commençant d’abord et avant tout par condamner tout État qui reconnaîtrait les talibans comme un gouvernement légitime. C’est la première étape. Ensuite, des gestes comme ceux de la Cour pénale internationale, qui a récemment lancé des mandats d’arrestation contre les principales têtes dirigeantes des talibans, devraient être soulignés dans nos médias. Ils montrent aux hommes du monde entier que ces voyous à l’intérieur des frontières de l’Afghanistan ne sont pas de bons modèles de dirigeants et d’hommes. Cette étape est cruciale. Enfin, comme on le mentionne dans le film, Les précursœurs est une mise en garde pour toutes les femmes, dans tous les pays. Posez-vous ces questions : qu’avons-nous à apprendre de l’histoire des femmes afghanes ? Comment pouvons-nous nous protéger des conséquences tragiques, ainsi que de la persécution et de l’oppression actuelles ? Si vous choisissez de refuser cette oppression, alors exigez que les femmes afghanes aient le pouvoir de faire ce choix elles aussi.
- Chacune des femmes présentées se fonde sur sa propre expérience pour se prononcer en soutien aux femmes afghanes qui ont été réduites au silence. Votre film s’inscrit lui aussi dans cette prise de parole face au pouvoir. Tandis que les droits des femmes en Afghanistan s’effritent continuellement, quel message aimeriez-vous que le public retienne du film ?
Les femmes doivent s’unir et former une barrière mondiale contre l’oppression. Une pour toutes, toutes pour une !
Extraits
Images
Protagonistes
Liste des protagonistes
(Avec prononciation audio)
Équipe
Générique
LES PRÉCURSŒURS
Scénario et réalisation
Brishkay Ahmed
Production
Teri Snelgrove
Production déléguée
Jennifer Roworth
Direction photo
Diana Parry
Montage
Jessica Dymond
Musique originale
Zhovan Zoleikhapour
Avec
Nelofer Pazira
Vida Samadzai
Sahar Parniyan
Mozhdah Jamalzadah
Shogofa Sediqi
Conception de la production
Roxana Chapela
Conception de la projection
Bobbi Kozinuk
Prise de son
Lisa Kolisnyk
Premiers assistants à la caméra
Luke Strahm
Lauren Yim
Deuxième assistante à la caméra
Adeliya Filipchyk
Caméra B
Karina Jesson
Valeriya Khan
Premiers assistants à la caméra B
Valeriya Khan
Jamison Mitri
Décors
Roisin Horan
Rebecca Sjonger
Assistance artistique
Han Pham
Letitia Tiranayake
Assistance à la projection
Nova Weipert
Coiffure et maquillage
Courtney Yellow-Quill
Lampo Zeng
Coordination de la construction
Caleb Friesen
Menuiserie
Harrison Oswald
Dylan Gallant
Hayley Wilson
Photographie de plateau
Angel Lynne
Cheffe électricienne de plateau
Bianca Gueco
Machiniste en chef
Cholo Medina
Chariot caméra
Sahar Khalaji
Assistance à la cheffe électricienne
Lisa Ouabbache
Jesse Jade Evans
Natalia Bahamon
Dylan Holm
Machinistes
Oliver McCrea
Jeff Wood
Jackson Breitkreuz
Julien Gorguet
Fraser Lamb
Tyler Parsons
Ethan Sands
Éclairage
Krystal Chan
Alexa Ishikawa
Ryan Ding
Dylan Holm
Dakota Arsenault
Kyungwon Schin
Figuration
Sara Abdu Wadood
Henna Mann
Nielaab Hedayat
Meghan McAdam
Coordination principale de la production
Maddy Chang
Lee Clapp
Coordination de la production
Calvin Serutoke
Assistance à la production
Henna Mann
Amina Luthi
Jessie Bartsch
Shane Kennedy
Recherche
Katherine Milazzo
Assistance au montage
Nick Ogden
Bec Cranswick
Titres
Sterling Larose
Effets visuels
Bun Lee
Coordination technique
Wes Machnikowski
Lyne Lapointe
Conception sonore
Doug Paterson : supervision du son, conception sonore
Chris Hind : conception sonore additionnelle
Yegor Irodov : montage des dialogues, montage du bruitage
Mixage
May Guimarães
Service de mixage
Maverick Post Group Inc.
Colorisation
Lorne Wright
Service en ligne de traitement de l’image
Picture Shop
Remerciements particuliers
Chris Sheldon
Tug Phipps
Argent Grip & Lighting
VIVO Media Arts Centre
Carla Ritchie
Nazanin Oghanian
Genki Ferguson
Abundance Community Farm
Amir Niroumand
Tracey Friesen
Johanne Ascoli
Arts Umbrella
Alina Blackett
Alan Brodie
Elizabeth Campbell
Fazel Ahmed Afghan
Aoife King
Siobhan Grennan
Roberta Staley
Andrea Damiani
Howard J Davis
Sara Harowitz
Nikki Gill
Caitlin Veitch
Kim Temple
Jess Knights
Lynn Armitage
Benjamin Shepard
Mark Savage Photography
Javier Ruiz
Michael Jabri-Pickett
Mazhar Farooqui Sabir
Maysam Makhmalbaf
Amin Wahidi
Archives
FKH Media
Nelofer Pazira
Mozhdah Jamalzadah
Sahar Parniyan
Shogofa Sediqi
Brishkay Ahmed
Roxana Chapela
Women Make Movies
Wright’s Media
Reuters
Erik de Castro
Khaleej Times
OC Metro Magazine
Mark Savage
Shutterstock
Getty Images
CBC Archive Sales
Greystone Books
Images de la bande-annonce de Kandahar
fournie par Mohsen Makhmalbaf
The Georgia Straight https://www.straight.com/
Photo Ideacity, avec l’autorisation de Moses Znaimer
Archives, Office national du film du Canada
Bibliothèque présidentielle George W. Bush
Bibliothèque présidentielle Barack Obama
Guardian News & Media Ltd, 2024
Images Pond5 fournies par Abuair
Photo tirée de Behind the Headlines,
avec l’autorisation de l’institut de recherche Trinity Long Room
Hub Arts and Humanities, Trinity College Dublin
Photo de Mozhdah Jamalzadah prise sur
le plateau de Red Snow (Zhoh Daatsik Pictures),
avec l’autorisation de HAUITM
Sources
Los Angeles Times
The Bikini That Got the World Talking Equality
Kimi Yoshino, 20 novembre 2003
The Bombay Times
Agents of change or miss-representations?
Purnima Sharma et Piyali Dasgupta, 9 septembre 2006
Musique
« Devil’s Got a Gun »
Interprétation, Whitehorse,
avec l’autorisation de Six Shooter Records Inc.
« Dokhtare Afghan (Afghan Girl) »
Interprétation, Mozhdah Jamalzadah
Conseil principal, mise en marché
Laurianne Désormiers
Gestion de projet, mise en marché
Geneviève Bérard
Coordination de la mise en marché
Michelle Rozon
Relations de presse
Katja De Bock
Jennifer Mair
Administration de la production
Nathan Conchie
Carla Jones
Production exécutive
Shirley Vercruysse
© Office national du film du Canada, 2025
Relations de presse
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Katja De Bock
Attachée de presse – Vancouver
C. : 778-628-4890
k.debock@onf.ca | @NFB_Katja
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L’ONF en bref
Depuis plus de 80 ans, l’Office national du film du Canada (ONF) produit, distribue et conserve ces histoires, qui forment aujourd’hui un vaste patrimoine audiovisuel représentant les Canadiens et Canadiennes.
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Chaque année, une cinquantaine de films d’animation et de documentaires percutants s’ajoutent à sa vaste collection de plus de 14 000 titres, dont la moitié sont accessibles gratuitement sur onf.ca.
Par sa mission, son statut et ses productions, l’ONF nourrit l’identité culturelle canadienne et façonne aujourd’hui le Canada de demain.