Une production de l’Office national du film du Canada

Une femme marche en évitant les fentes du trottoir, telle une enfant. Son corps en alerte se rappelle les horreurs d’une guerre qui l’habite. Le bruit des choses qui brûlent est un court métrage d’animation au fusain qui parle de résilience au féminin.

Une femme marche en évitant les fentes du trottoir, telle une enfant. Son corps en alerte se rappelle les horreurs d’une guerre qui l’habite.

Le bruit des choses qui brûlent transforme un récit sur l’atrocité humaine en un poignant hommage aux femmes qui font face à l’adversité, un pas à la fois.

À l’image du kintsugi (céramique dont les fissures sont soulignées d’or), ce premier court métrage d’animation de l’artiste Hayat Najm sublime les blessures et les imperfections pour créer une œuvre poétique sur la résilience.

Dessiné au fusain et à la peinture dorée, le film est porté par une émouvante musique au piano signée Jean-Michel Blais.

Dans ce récit sur la résilience, tracé au fusain, une femme revit quotidiennement les horreurs d’une guerre qui l’habite.

Ce court métrage est né du désir de mettre mes dessins au fusain en mouvement. C’est la conférence du cinéaste Theodore Ushev aux Sommets du cinéma d’animation de Montréal en 2019 qui m’a confirmé l’envie de pousser mon travail d’illustration vers l’acte animé, de lui donner vie.

J’ai traité les séquences de mon film comme l’art japonais du kintsugi, dont l’objectif est de recoller les morceaux de poteries cassées avec de l’or, soulignant ainsi la beauté de l’imperfection. Similairement, mon court métrage nous rappelle que nos blessures et traumatismes peuvent être des sources de force et de beauté. Nous portons en nous les traces de notre histoire : j’ai quitté le Liban en pleine guerre civile à l’âge de cinq ans pour venir au Canada avec ma famille.

C’est par la technique de la métamorphose d’objets et par l’effacement que j’ai lié les différents tableaux entre eux et ainsi créé le rythme du film. La dualité entre la douceur et la violence est une manière pour moi de montrer des images fortes de sens, violentes, mais qu’on peut « accepter » grâce à la douceur que permet l’animation, un monde métamorphosé et intuitif qui transcende le réel.

Le bruit des choses qui brûlent est une autofiction, inspirée de mon vécu comme de celui de tant d’autres femmes. Composé de séquences narratives symboliques, mais non chronologiques, il vise à faire sentir les émotions plutôt qu’à les représenter de manière littérale, à l’image de la poésie écrite. J’ai choisi de construire ce film sans paroles. C’est la musique qui agit comme voix narrative et qui dessine l’ambiance générale.

J’ai toujours aimé le piano, et lorsque j’ai vu Jean-Michel Blais à l’œuvre pour la première fois, lors du Festival international de jazz de Montréal, j’ai su que j’avais trouvé mon pianiste. À ma grande joie, Jean-Michel a accepté de participer au projet, apportant du volume à l’image par la sensibilité de sa composition musicale.

Ce film a été créé entièrement sur papier. Pour moi, il était important d’avoir cette liberté d’action directe, sans la distraction de l’écran. Je voulais revenir à la source même de ce que l’animation traditionnelle peut offrir : un lien direct avec le médium.

Mon intention avec ce court métrage était de sublimer l’horreur de la guerre pour la rendre tolérable, et de la traiter d’un point de vue féminin. Le bruit des choses qui brûlent est un film intime, mais qui tend vers l’universel : il reflète l’expérience de chaque femme qui porte en elle une blessure, et qui continue d’avancer malgré les combats à mener, qu’ils soient externes ou internes.

Hayat Najm

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