L’ampleur de toutes choses
2020 | 85 min
Sélections et prix
Gagnant - Prix du meilleur long métrage canadien Planet in Focus International Environmental Film Festival, Toronto, Canada (2020)
Gagnant - Best Nature & People FilmUlju Mountain Film Festival, Corée du Sud (2021)
Gagnant - Prix du publicDocLands Documentary Film Festival, San Rafael, Californie (2021)
Mention spéciale – documentaire Riviera International Film Festival, Italie (2021)
Mention spéciale du jury pour le Grand PrixFestival International du Film d'Environnement FReDD, Toulouse, Occitanie (2021)
Prix – Creative Excellence Award Banff Mountain Film Festival, Canada (2021)
Sélection officielleVancouver International Film Festival, Canada (2020)
Sélection officielleInternational Documentary Film Festival Amsterdam (IDFA), Amsterdam, Netherlands (2020)
Sélection officielleRencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM), Canada (2020)
Sélection officielleAvailable Light Film Festival, Whitehorse, Yukon (2021)
Sélection officielle Cinequest Film Festival, San Jose, Californie (2021)
Sélection officielle NorthwestFest International Documentary Festival, Alberta, Canada (2021)
Sélection officielleDoc Edge Festival, Nouvelle-Zélande (2021)
Compétition officielle Festival du film canadien de Dieppe, France (2021)
Gala d'ouverture - Sélection officielleAlpin Film Festival, Roumanie (2021)
Sélection officielleBergen International Film Festival, Norvège (2021)
Sélection officielleTrento Film Festival, Italie (2021)
Nomination aux Prix Écrans canadiens, catégories Meilleures images ● Meilleur montage, long métrage documentairePrix Écrans canadiens, Toronto, Canada (2022)
Lorsque Jennifer Abbott perd sa sœur, décédée d’un cancer, son chagrin la rend sensible à l’extrême gravité de la crise climatique. Dans son nouveau documentaire, L’ampleur de toutes choses, elle esquisse des parallèles intimes entre les deuils vécus à l’échelle personnelle aussi bien que planétaire. Aux récits des manifestations du changement climatique observées en première ligne s’amalgament les souvenirs d’enfance qu’évoque pour la cinéaste la région de la baie Georgienne, en Ontario. Qu’ont en commun ces histoires ? Eh bien, tout, étonnamment.
Pour celles et ceux que l’on présente à l’écran, le changement climatique n’appartient pas à un futur lointain : il est à leur porte. Les combats livrés, les pertes douloureuses et les témoignages poignants se croisent dans une trame extraordinaire tissée d’émotions brutes et de beautés fulgurantes transformant l’obscurité en lumière et le chagrin en action.
Synopsis long
« J’étais en deuil, un état que je connaissais bien. Mais, cette fois, c’était en raison du monde qui changeait autour de moi. »
Lorsque Jennifer Abbott perd sa sœur, décédée d’un cancer, son chagrin la rend sensible à l’extrême gravité de la crise climatique. Dans son nouveau documentaire, L’ampleur de toutes choses, elle esquisse des parallèles intimes entre les deuils vécus à l’échelle personnelle aussi bien que planétaire. Aux récits des manifestations du changement climatique observées en première ligne s’amalgament les souvenirs d’enfance qu’évoque pour la cinéaste la région de la baie Georgienne, en Ontario. Qu’ont en commun ces histoires ? Eh bien, tout, étonnamment.
Ce périple cinématographique de la réalisatrice primée à Sundance pour le documentaire The Corporation nous entraîne aux quatre coins du monde à la découverte d’une planète en crise : des catastrophiques feux de forêt australiens à la Grande Barrière de corail mourante, en passant par les îles Kiribati, menacées par la montée des eaux marines. Au Nunatsiavut, la fonte du pergélisol modifie le paysage de façon irrémédiable, alors que dans la forêt amazonienne, des peuples autochtones luttent désespérément contre l’extraction pétrolière et minière.
Pour celles et ceux que l’on présente à l’écran, le changement climatique n’appartient pas à un futur lointain : il est à leur porte, envahissant les demeures, empoisonnant les eaux et détruisant les communautés. Dans le film, le lien qui existe entre l’humanité et l’environnement est d’ailleurs établi de façon limpide par les gardiens traditionnels du peuple wonnarua : « Quand cette terre souffre, nous souffrons. »
Comme la cendre d’un feu lointain, un deuil d’une telle amplitude touche tout. Mais assumer la brutale réalité de la crise climatique exige qu’on aille au-delà des paroles creuses et des gestes vains. C’est lorsqu’on a perdu espoir que commence le vrai travail. Les membres d’Extinction Rebellion manifestent dans les rues et risquent l’arrestation. La grève de l’école de Greta Thunberg se transforme en un mouvement de masse. Sápara, Wonnarua et Inuits du Nunatsiavut défendent leur terre à corps perdu. Face à sa propre mortalité, la sœur de Jennifer Abbott propose une autre réponse : « Une simple ouverture, dans le calme, à tout ce qui est. » Les combats livrés, les pertes douloureuses et les témoignages poignants se croisent dans une trame extraordinaire tissée d’émotions brutes et de beautés fulgurantes transformant l’obscurité en lumière et le chagrin en action.
En une ligne
L’ampleur de toutes choses, le nouveau documentaire de Jennifer Abbott, amalgame les souvenirs de la perte de sa sœur aux récits des manifestations du changement climatique observées en première ligne, esquissant ainsi des parallèles intimes entre les deuils vécus à l’échelle personnelle aussi bien que planétaire.
ENTRETIEN AVEC LA CINÉASTE JENNIFER ABBOTT (THE NARWHAL – SEPTEMBRE 2020)
PROFIL « Il faut se rendre à l’évidence » : propos de la cinéaste Jennifer Abbott sur le deuil écologique
Elle explore, dans un nouveau film, la façon dont le chagrin peut nous aider à mieux nous comprendre et à mieux comprendre la crise climatique… et nous inciter à passer à l’action.
Par Zoë Yunker (cet article a d’abord été publié dans la revue The Narwhal, le 24 septembre 2020)
Par une chaude et sèche journée d’été, sur l’île Saltspring, en Colombie-Britannique, Jennifer Abbott s’affairait autour des plants de courges géantes de son jardin, lorsqu’elle a remarqué la présence de taches blanches sur le feuillage vert et lisse des cucurbitacées. Levant les yeux, elle a constaté que du ciel enflammé tombaient des flocons de neige.
Elle se rappelle que, l’espace d’un instant, le monde a tourné au ralenti.
Puis, elle a compris que cette « neige » était en fait de la cendre provenant des incendies incontrôlés qui ravageaient la région, alimentés par le changement climatique.
Jennifer Abbott a reconnu le chagrin que cette vision a suscité en elle : c’était celui qu’elle avait éprouvé quelques années auparavant, lorsque le cancer lui avait ravi sa sœur, Saille.
La cinéaste — primée à Sundance, lauréate d’un prix Génie, monteuse et coréalisatrice du film The Corporation et de sa suite, The New Corporation — a alors décidé de faire un film sur le deuil, vécu à l’échelle personnelle aussi bien que planétaire. L’ampleur de toutes choses prend aujourd’hui l’affiche au Festival international du film de Vancouver.
Si elle estime que le deuil peut nous aider à mieux nous comprendre et à mieux comprendre la crise climatique, Jennifer Abbott précise toutefois qu’il nous faut ralentir pour nous laisser la possibilité de le ressentir.
« J’ai compris qu’une des raisons pour lesquelles nous ne progressons pas efficacement sur le front du climat tient sans doute au fait que l’ampleur et la violence du bouleversement climatique sont vraiment trop grandes, dit-elle. Les gens ont beaucoup, beaucoup de mal à l’admettre, mais il faudra bien nous y résoudre si nous voulons nous préparer à effectuer les changements que nous devons faire. »
La caméra se déplace, captant les glaces flottantes en train de disparaître au Nunatsiavut, les territoires déboisés de la nation sápara d’Amazonie, les grèves solitaires pour le climat de Greta Thunberg dans les rues de la Suède, les manifestations organisées à Londres par les membres d’Extinction Rebellion.
Jennifer Abbott nous rappelle que le monde, d’une extraordinaire beauté, se trouve engagé dans un processus de destruction sans précédent. Elle nous présente (entre autres) des aînés, des adolescents, des politiciens et un océanologue spécialiste du corail qui ressentent tour à tour l’espoir et la perte et font tout en leur pouvoir pour inverser le cours des choses.
The Narwhal a demandé à Jennifer Abbott de lui parler de ce qu’elle a appris chemin faisant.
Qu’est-ce qui vous a incitée à réaliser un film sur le deuil écologique ?
J’en étais à l’étape de lancer des idées pour mon prochain film et j’avais lu l’ouvrage d’Amitav Ghosh intitulé The Great Derangement. Il pose la question suivante : pourquoi chaque œuvre d’art, chaque film, chaque expression culturelle, chaque livre ne traite-t-il pas de la crise climatique ? C’est pourtant tellement énorme et c’est un enjeu décisif de notre époque. Je suis de son avis. Alors, j’ai voulu faire un film qui traite du changement climatique.
Et puis, il y a eu ce moment, dans le jardin, où j’ai reconnu mon sentiment de tristesse à l’égard du monde qui change autour de moi. Comme je le dis dans le film, je connaissais cet état. Le sentiment était de même nature que le chagrin que j’ai éprouvé lorsque j’ai perdu ma sœur, mais il était d’une intensité différente.
Je voulais faire un film qui aiderait les gens à se pencher sur leurs peurs et leurs peines les plus profondes touchant la catastrophe climatique.
Comment l’expérience du deuil personnel peut-elle nous aider à vivre notre deuil lié au changement climatique ?
Je crois que Sally Gillespie [spécialisée dans la psychologie du climat] l’exprime très bien dans le film : vous devez vous résoudre à la mortalité, parce que la crise climatique est une crise existentielle.
Avant son décès, ma sœur avait écrit beaucoup de lettres à ses amis et aux membres de notre famille. J’ai observé dans ces lettres une quantité de parallèles entre ce qu’elle écrivait et le processus par lequel nous devons tous et toutes passer pour en arriver à orienter notre conscience vers la crise du climat. Ces parallèles valent aussi bien quand elle parle d’acceptation que quand elle s’exprime sur l’espoir, une perspective à laquelle elle n’adhérait pas du tout. Et, après sa chimiothérapie, elle disait avoir l’impression que toutes ses références relatives à la personne qu’elle était se trouvaient effacées.
De même, comme le souligne dans le film Ashlee Cunsolo [géographe de la santé et personnalité influente dans le domaine de l’écoanxiété], le changement climatique requiert beaucoup d’humanité parce qu’il remet en question notre projet de modernité : cette idée selon laquelle notre vie ira sans cesse en s’améliorant et qu’il en sera ainsi de la vie de nos enfants. De toute évidence, ce n’est plus vrai.
Ceux et celles d’entre nous, en particulier, qui sont issus de cette culture occidentale néolibérale se doivent de mettre en doute tout ce qu’on leur a dit à propos d’eux-mêmes. Quelle est notre place, sur cette planète ? Qui voulons-nous être et comment pouvons-nous réparer les dommages que nous avons causés ?
Tous ces thèmes que je retrouvais dans les lettres de ma sœur Saille recoupaient mes réflexions au sujet de la crise climatique.
Tout le monde ne meurt pas de la même façon que ma sœur. Elle a eu le temps de mener une réflexion profonde sur la vie. Évidemment, elle souhaitait vivre et a fait tout ce qu’elle pouvait pour cela, mais elle a également su s’incliner devant ce qui était. Lorsqu’il est devenu manifeste qu’elle n’allait pas survivre encore bien longtemps, elle a puisé en elle-même pour accepter sa mort. Et elle est alors devenue plus vivante que jamais.
Nous passons autant de temps à repousser la perspective de notre finitude que nous en passons à nier la vérité sur le changement climatique. Et je crois que, si nous parvenons à composer avec l’une, nous pouvons aussi affronter l’autre. Tout cela est lié.
Je pense que, si vous avez le courage de faire face à votre propre mort, ou si vous avez comme moi le privilège d’avoir un être cher qui en mourant vous apprend quelque chose sur la vie, vous devenez une personne bien plus forte.
À votre avis, qu’est-ce qui manque, souvent, dans les conversations dominantes autour du changement climatique ?
Il ne suffit pas d’informer davantage. C’est sans doute la raison pour laquelle je me suis sentie forcée de contribuer à une discussion qui tient compte de nos sentiments.
Le nouveau champ de la psychologie qui se rattache au climat a mis en relief le fait que nos discours dominants sur le changement climatique sont axés sur la science, sur les solutions, ou sur les cibles — et ces aspects sont tous essentiels —, mais qu’ils ne tiennent aucun compte de ce que peuvent ressentir les gens.
Il m’a donc semblé important de contribuer à la conversation sur le sujet dans l’espoir de nous amener à regarder le changement climatique en face plutôt que de détourner les yeux.
Lorsqu’il est question du changement climatique, on entend souvent dire que nous devons agir vite et travailler plus fort à nous doter de politiques et de technologies qui entraîneront un changement de cap. Que pensez-vous de ce point de vue ?
En ce qui a trait aux politiques et aux solutions, le gradualisme n’a évidemment plus de pertinence. Il est trop tard pour cela.
Je lisais le nouveau livre de Seth Klein, A Good War, dans lequel il affirme que nous devons aborder la crise climatique comme nous avons abordé la Deuxième Guerre mondiale. Cela implique de faire le genre de sacrifices que nous avons faits à l’époque, d’amasser le même type de ressources et de nous concentrer uniquement sur nos efforts. Cet argument me semble très convaincant.
Je ne dis pas que nous devons faire cela sans compassion. Il faut aider les travailleurs des sables bitumineux à opérer une transition vers les secteurs de l’énergie renouvelable, par exemple. Mais il faut procéder avec détermination et en sachant qu’il s’agit du seul moyen qui nous permettra de nous sauver.
C’est souvent en nous tenant occupés — en consacrant tout notre temps à nous informer, à travailler et à nous soumettre à une stimulation constante — que nous exprimons notre anxiété et notre peur du changement climatique. Quel est le rapport entre ces mécanismes d’adaptation et notre capacité de faire notre deuil ?
Cette question m’interpelle, puisque j’ai moi-même utilisé ces mécanismes d’adaptation. Le changement climatique est tellement accablant. Et, si nous en attribuons la source à l’entreprise capitaliste, comme le fait mon autre film The New Corporation — réalisé en collaboration avec Joel Bakan —, cela nous remplit de colère, de peur, de désespoir et d’une foule d’émotions très difficiles à affronter.
Ce sont des émotions qui suscitent généralement un malaise en nous et cela se comprend aisément : nous sommes des êtres humains, et nous préférons les éviter. Je pense que, dans la culture occidentale néolibérale en particulier, nous glorifions la jeunesse, feignons d’être immortels et nous comportons comme si la consommation était la voie du bonheur, ce qui constitue d’une certaine façon une distraction.
Je crois que le fait de nous ouvrir au deuil nous ouvre aussi à ce que nous sommes vraiment. Nier notre caractère mortel et la circularité de la vie revient à nier une énorme part de nous-mêmes et nous empêche de devenir des êtres vraiment complets.
Une semaine après le décès de ma sœur, même si elle me manquait plus que tout, il y a eu un moment où j’ai ressenti du ravissement. C’était parce que j’avais l’impression de renouer avec une partie de moi-même qui me faisait défaut et que notre culture repousse.
Je pense que nous souffrons beaucoup quand nous rejetons cette partie de nous-mêmes. Alors, le fait de laisser au deuil toute sa place peut grandement favoriser la guérison.
Le film oscille entre des sentiments d’espoir et de désespoir, et de nombreux protagonistes réfléchissent à leur propre parcours, qui les amène à vivre tantôt l’un, tantôt l’autre. Quelle vision de l’espoir le film nous présente-t-il au cœur de cette crise climatique ?
Je souhaitais proposer une exploration de l’espoir plus nuancée et tournée vers la réflexion. On sent beaucoup de pression pour nous inciter à faire des films qui sont « porteurs d’espoir ». Mais, à mes yeux, l’espoir en soi peut constituer une forme de déni : si nous avons de l’espoir, nous risquons de croire que quelqu’un d’autre se chargera de résoudre le problème et nous ne consentirons pas à faire de grands sacrifices pour susciter le changement.
C’est beaucoup, beaucoup plus compliqué que de se demander tout bonnement si nous avons de l’espoir ou non. Je ne veux pas laisser entendre que ceux et celles qui gardent espoir ont tort. Je suis entièrement pour l’espoir. Mais l’espoir authentique. L’espoir qui s’incarne dans le discours et dans la pratique.
Quel choix avons-nous ? Allons-nous perdre espoir et abandonner ? Nous ne pouvons pas abandonner, parce que ce n’est pas terminé. Et ce que nous faisons en ce moment influe sur le cours des choses.
Nous ne savons pas si nos actions seront ou non fructueuses. Mais, même si elles ne le sont pas, nous avons en tant qu’êtres humains la responsabilité morale de faire tout ce que nous pouvons.
Quel lien y a-t-il entre le fait de ressentir du chagrin et le fait de passer à l’action ?
Eh bien, ici même, à Vancouver, il est arrivé que la fumée m’empêche de voir de l’autre côté de la rue. C’est une perte : pas un changement, une perte. Nous avons perdu l’air pur. C’est triste. Triste à un tel point que les mots suffisent à peine à le décrire.
Et quiconque ne ressent pas cette perte et bloque son chagrin plutôt que de l’accueillir — ce que je comprends parce qu’il est très pénible d’éprouver un tel sentiment — vit une forme de déni.
Joanna Macy [militante écologiste et autrice] a un point de vue particulièrement intéressant sur le chagrin. Dans son travail, elle a constaté que les gens craignent de laisser leur chagrin se manifester parce qu’ils croient que celui-ci les habitera à jamais. Mais c’est le plus souvent l’inverse qui se produit : le chagrin nous traverse et il passe.
Et nous pouvons alors, non pas lui permettre de nous détruire, mais le laisser au contraire nous transformer en une version améliorée de nous-mêmes. Donc, si nous avons l’ouverture nécessaire pour accueillir ces sentiments pénibles, nous puisons dans ce geste un réel dynamisme et changeons ces émotions difficiles en action.
Il m’arrive de me sentir complètement anéantie. Je me regarde dans le miroir et je m’étonne d’y voir une personne dans son intégralité. À d’autres moments, je me sens résiliente, encouragée, forte et déterminée et j’ai l’impression que ma vie a un but et qu’elle est remplie de sens. Le caractère fluctuant des choses est donc un autre aspect qu’il importe de reconnaître.
J’ai eu tant de fois le cœur brisé que le tissu cicatriciel qui en maintient tous les fragments en place l’a rendu bien grand. Du moins dans mes meilleurs jours, bien entendu, car ce n’est pas toujours le cas. Je suis parfois franchement abattue et désespérée. Mais je pense que plus on accepte de faire face à ce genre d’états d’âme, mieux on en sort.
Durant tout le film, les personnes interviewées réfléchissent à leur sentiment d’impuissance devant le changement écologique. Que nous apprend la période actuelle sur notre désir de contrôle ?
Nous n’avons jamais maîtrisé la situation autant que nous le pensions, et c’est en partie la raison pour laquelle le changement climatique compromet le projet de modernité voulant que les êtres humains — et sans doute les hommes — soient des agents qui façonnent le monde selon leurs besoins et leurs désirs. Je pense que le changement climatique et la pandémie sont des signaux d’alerte qui indiquent à l’humanité que non, ça ne fonctionne pas comme ça.
Bien sûr, ça ne vise pas toute l’humanité, parce qu’il faut se rendre à l’évidence : ce sont les gens qui contribuent le moins au changement climatique qui en souffrent le plus, et beaucoup d’entre eux ont une vision du monde et un mode de vie nettement moins destructeurs.
Nous nous trouvons devant une pandémie et un changement climatique qui nous parlent. Le fait que nous les écoutions ou non déterminera si nous aurons dans l’avenir une planète habitable.
Nous sommes soumis en ce moment à des changements radicaux, sans parler des feux incontrôlés et de la pandémie de COVID-19. Quelles conséquences ces changements auront-ils sur notre expérience du deuil collectif ?
Je crois que ce qui se produit avec la pandémie, c’est qu’on entend les gens parler de deuil et se montrer mélancoliques en évoquant ce que nous vivions avant. Pas tout le monde. Ce n’est pas tout le monde qui veut revenir à la normale : il y a ceux et celles qui voient bien que cette « normale » présentait en fait d’importantes lacunes. Reste que nous aimerions assurément revenir aux jours de l’avant-pandémie.
Il y a une émotion similaire qui me semble prendre de l’ampleur et qui se rattache à la pandémie. Elle touche aussi la perte. La perte de vies humaines et de rapports sociaux. La perte de la maîtrise que nous pensions avoir de notre vie. Il y a cette impression d’être un peu perdus dans l’univers.
Et puis, il y a la perte que nous ressentons devant les incendies incontrôlés. Je suis une coureuse et je ne peux pas courir. C’est évidemment un maigre sacrifice, mais je sors à peine et mes fenêtres restent fermées. Et, surtout, je regarde dehors et je comprends que nous traversons une période très, très difficile, alors que nous nous trouvons devant une catastrophe climatique. Ce n’est pas facile à accepter, mais c’est la réalité.
Cependant, j’ai émergé de la réalisation de mon film en ayant l’impression de pouvoir affronter ce qui est à venir, peu importe ce que ce sera, et en me disant que, pour l’instant, c’est ce que j’ai à faire. C’est ce que nous avons tous et toutes à faire, même si nous ne voulons pas que ce soit ainsi.
Matériel promotionnel
Bande-annonce
Extrait: Introduction au deuil que suscitent les changements climatiques
Extrait: Les yeux de mes petits-enfants verront-ils ce que je vois ?
Extrait: Personne ne veut parler d'extinction
Extrait: Ce genre d'espoir n'est pas mon ami
Images
Équipe
Les participants
Générique
Un film de
Jennifer Abbott
Lettres de Saille écrites par
Saille Brock Abbott
Directeur de la photographie
Vince Arvidson
Produit par
Andrew Williamson
Henrik Meyer
Shirley Vercruysse
Réalisé par
Jennifer Abbott
Inspiré de la vie de SAILLE BROCK ABBOTT 1962-2008
Mettant en vedette
TARA SAMUEL dans le rôle de Saille
et
JESSA ABBOTT BALINT dans celui de la jeune Saille
TAHLEA ABBOTT BALINT dans celui de la jeune Jenn
Avec la participation de
SARAH BAIKIE
DAVID BOWMAN
ASHLEE CUNSOLO
JO DODDS
CLARE FARRELL
MARJORIE FLOWERS
SALLY GILLESPIE
PATRICIA GUALINGA
ROGER HALLAM
PATRICIA HANSSON
JAN HARRIS
BETH HILL
MUKUTSAWA MONTAHUANO
BELÉN PÁEZ
DERRICK POTTLE
KEVIN TAGGART
GRETA THUNBERG
S.E. ANOTE TONG
MANARI USHIGUA
LETHLY VARGA
CHARLIE VERON
Écriture, réalisation, montage et conception sonore
JENNIFER ABBOTT
Lettres de Saille écrites par
SAILLE BROCK ABBOTT
Directeur de la photographie
VINCE ARVIDSON
Preneur de son
RAMSAY BOURQUIN
Photographies de plateau et reportages sur le terrain
STASIA GARRAWAY
Producteurs
ANDREW WILLIAMSON
HENRIK MEYER
JENNIFER ABBOTT
SHIRLEY VERCRUYSSE
Deuxièmes monteurs et lecteurs-analystes
HEATHER FRISE
HART SNIDER
Montage de la narration
HEATHER FRISE
PETER LEVITT
Réalisatrice adjointe (Australie)
TERI CALDER
Premier assistant au montage
LIAM SHERRIFF
Comptable
SARAH TICHENOR
Narration
JENNIFER ABBOTT
TARA SAMUEL
Avec également
TSITSANU USHIGUA DAHUA
NATHAN HUNTER
SAMMY MCNAMARA
DOMINIQUE PALMER
BROOKLYN WOLFREY
LES MEMBRES DE LA COMMUNAUTÉ DE LA NATION ZÁPARA
LES MEMBRES DE LA COMMUNAUTÉ DE RIGOLET, LABRADOR
L’ORCHESTRE DE SAMBA DE EXTINCTION REBELLION
et d’autres membres de Extinction Rebellion Youth, Londres
Personnes-ressources sur les lieux de tournage
TERI CALDER (Australie)
ASHLEE CUNSOLO (Goosebay et Rigolet)
SANDI MICHELIN (Rigolet)
PETRA HASENFRATZ (Équateur)
ESTEFANIA PÁEZ (Équateur)
Directeur de production
KENT DONGUINES
Coordonnateur de production
ROBIN MACABULOS
Équipe Ontario
Directeur de production
GALEN BROWN
Directrice artistique
HELEN KOTSONIS
Assistante à la caméra
JACQUELINE DI BACCO
Machiniste
ALEXSANDRA TSE
Coiffure et maquillage
SHAWNNA DOWNING
Habilleuse
MERYL ALLYSA ROMO
Assistants à la production
CHIARA ASIA CARNEVALE
ANDREW KIM
Séquence des titres et conception graphique
KATELAND CLARKE
Caméra additionnelle
MIKE MCKINLAY
MITCH BAXTER
SEPEHR SAMIMI
Assistants à la réalisation
SEPEHR SAMIMI
NATHALIE LOPEZ
ALEX HARRIS
Enregistrement additionnel
PETER ROBINSON
Superviseur de la postproduction
MICHAEL KRIEG
Autres assistants au montage
MARINA DODIS
JOSH PRATT
Recherche d’archives
JESSICA J. WISE
LANNA LUCAS
GINA CALI
Recherche visuelle et obtention des droits
MICHELLE DEMEYERE
Supervision de la musique
NATASHA DUPREY
Assistants à la production
SARA GLAOUA
BECKA MESSATESTA
DANIELA FLORES
DAVID BORISH
ANDERS DAHL
MATTHEW MCCABE
Traduction
EDUARDO KOHN
INDIO SARAVANJA
XAVIER ANDRES VITERI RAMOS
SHAMANO USHIGUA
MARIANO ZIMMERMAN
Transcription
ELAINE WALKDEN, Scriptastic Transcription Services
Version française et sous-titres
CLAUDE DIONNE
Assistante à l’habillage
GIA HASENFRATZ
Mise en marché, diffusion et gestion des médias sociaux
SHARON WARREN
Services de postproduction
FINALÉ POST
A Picture Shop Company
Monteur en ligne
ALLAN PINVIDIC
Coloriste
ALLAN PINVIDIC
Chargée de projet
TERESA BECKLEY
Postproduction audio
POSTAL AUDIO
Montage des dialogues
BRAYDEN MCCLUSKEY
Conception sonore additionnelle
CHRIS MCINTOSH
AARON TCHIR
Mixage
CHRIS MCINTOSH
ADR
MATTHEW FLUGGER, Busterhouse
KIRK DOUGLAS, South Island Sound Recording Studio
Équipement caméra
CANDELA COLLECTIVE
Équipement sonore
RAMSAY PICTURES
Pour Cedar Island Films
Production et affaires commerciales
JOANNA RYBUS
Coordonnatrice au développement
ANDREA LO
Pour l’Office national du film du Canada
Productrice exécutive, Studio C.-B. et Yukon
SHIRLEY VERCRUYSSE
Productrice déléguée
JENNIFER ROWORTH
Coordonnateur technique
WES MACHNIKOWSKI
Administratrice du studio
CARLA JONES
Coordonnateurs de la production
NICOLAS AYERBE BARONA
NATHAN CONCHIE
Mise en marché
KAY RONDONNEAU
Relationniste
KATJA DE BOCK
Pour le Fonds TELUS
Directrice générale
ELIZABETH FRIESEN
Pour TÉLÉFILM CANADA
Directrice nationale, Longs métrages – Marché anglophone
STEPHANIE AZAM
Analyste en investissements
GRACE STAD
Pour Good Pitch Vancouver / Story Money Impact
Directrice exécutive
SUE BIELY
Directeur des communications
ANTHONY TRUONG SWAN
A Cedar Island Films
Flying Eye Productions et
L’Office national du film du Canada
Coproduction
Produit avec la participation du FONDS TELUS
TÉLÉFILM CANADA
et le Groupe de Fonds Rogers,
par l’entremise du Programme pour le long métrage documentaire
Avec la participation de The Province of British Columbia
Film Incentive BC
Crédit d’impôt pour production cinématographique ou magnétoscopique canadienne
© 2020 Magnitude Productions Inc. et l’Office national du Film du Canada
Relations de presse
-
Katja De Bock
Attachée de presse – Vancouver
C. : 778-628-4890
k.debock@onf.ca | @NFB_Katja
-
Cedar Island Films
Dirigée par les producteurs chevronnés que sont Henrik Meyer et Andrew Williamson, la société Cedar Island Films produit des documentaires donnant à réfléchir, ainsi que des films et des séries pouvant faire l’objet de coproductions internationales. Cumulant des années d’expérience au Canada et à l’étranger, les deux producteurs et leur équipe conçoivent, financent et créent du contenu captivant pour les diffuseurs, les distributeurs et le public tant au pays que dans le monde entier.
-
Flying Eye Productions
Flying Eye Productions est la société de production que la cinéaste aujourd’hui reconnue Jennifer Abbott a créée en 1997, alors qu’elle travaillait à la réalisation d’un premier documentaire à petit budget. Intitulé A Cow at My Table, ce dernier mettait en lumière la cruauté de l’industrie de la viande et de l’élevage intensif du bétail, et lui a valu des accusations criminelles ainsi qu’un séjour en prison pour avoir filmé dans un abattoir. Si, depuis, le chemin a été sinueux et non dénué d’obstacles et que des leçons ont été tirées de ces premières expériences, Flying Eye Productions n’a pas pour autant cessé de s’intéresser aux sujets sociaux, politiques et environnementaux de l’heure. Vouée à l’excellence cinématographique, l’entreprise a également pour mission de comprendre toutes les formes d’injustices et de lutter contre ces dernières en analysant leur dynamique.
-
Fonds TELUS
Le Fonds TELUS finance des contenus d’exception qui promeuvent la santé et le mieux-être des Canadiens et des Canadiennes. Il doit son existence à la vision de TELUS Corporation et à l’incroyable succès de TELUS TV, qui compte plus de 1,1 million de clients en Colombie-Britannique, en Alberta et au Québec. Géré de façon indépendante, le Fonds TELUS est une société sans but lucratif certifiée par le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes en tant que fonds de production indépendant canadien autorisé à administrer les contributions financières de TELUS Corporation en soutien aux émissions canadiennes. Depuis son lancement en 2013, le Fonds a accordé plus de 35 millions de dollars répartis dans plus de 100 projets.
-
L’ONF en bref
Fondé en 1939 et unique en son genre, l’Office national du film du Canada (ONF) produit, coproduit et distribue des documentaires et des films d’animation distinctifs, engageants, pertinents et innovants. Incubateur de talents, il est un des plus grands laboratoires de création au monde. Depuis plus de huit décennies, l’ONF permet aux Canadiennes et aux Canadiens de se raconter et de se rencontrer. Ses films sont de plus une ressource éducative fiable et accessible. L’ONF possède également une expertise reconnue mondialement en préservation et en conservation, en plus d’une riche collection vivante d’œuvres qui constituent un pilier important du patrimoine culturel du Canada. Jusqu’à maintenant, l’ONF a produit plus de 14 000 œuvres, dont 6500 sont accessibles gratuitement en ligne sur onf.ca. L’ONF ainsi que ses productions et coproductions ont remporté au-delà de 7000 prix, dont 11 Oscars et un Oscar honorifique récompensant l’excellence de l’organisation dans toutes les sphères de la cinématographie.