La parfaite histoire
2022 | 73 min 40 s
Documentaire
Version originale en anglais, somali et norvégien avec sous-titres français
Prix et festivals
Grand Prix du Jury DGC - GCR Meilleur long métrage documentaire canadienCalgary International Film Festival, Canada (2022)
Nomination - Meilleure émission documentairePrix Écrans canadiens, Toronto, Canada (2023)
Nomination - Meilleure musique originale, documentairePrix Écrans canadiens, Toronto, Canada (2023)
Une coproduction de Frequent Flyer Films et de l’Office national du film du Canada
La parfaite histoire propose une réflexion poignante et provocatrice sur le journalisme, le sentiment d’appartenance, les histoires que l’on raconte et les personnes à qui il revient de les relater. Le film témoigne de la relation qu’entretiennent durant une dizaine d’années la journaliste canadienne Michelle Shephard et Ismael Abdulle, un jeune réfugié somalien auquel le groupe terroriste al-Chabab a amputé une main et un pied. Le récit débute au moment de leur rencontre, en 2010, à l’occasion d’un reportage qu’effectue la journaliste à Mogadiscio pour le Toronto Star. Ses articles sur Ismael déclenchent une mobilisation dans la diaspora somalienne, laquelle aide le jeune homme à s’échapper de Mogadiscio et à trouver refuge à Harstad, une ville de la Norvège située à 200 kilomètres au nord du cercle arctique. Pendant presque dix ans, Ismael s’acclimate à sa nouvelle patrie d’adoption, apprenant à parler couramment le norvégien et tentant de s’intégrer à son nouveau pays. Lorsqu’il rentre à Mogadiscio, les événements prennent une tournure inattendue qui force Michelle à enfreindre l’une des règles d’or du journalisme — relater l’histoire en prenant soin de ne pas en faire partie — et à s’interroger sur son rôle de conteuse.
Bande-annonce
Affiche
Synopsis en une phrase et en deux phrases
En une phrase
Cette réflexion captivante et intimiste sur les liens qu’entretiennent une correspondante étrangère et un jeune réfugié somalien explore les conséquences psychologiques des histoires que l’on raconte.
En deux phrases
La parfaite histoire propose une réflexion captivante et intimiste sur les enjeux éthiques et moraux entourant la relation qu’entretiennent une correspondante étrangère et un jeune réfugié somalien. En révélant les limites du journalisme et du cinéma actuels, le film s’interroge sur la façon dont on choisit et dont on raconte les histoires et sur les personnes à qui il revient de le faire.
Q & R avec la réalisatrice Michelle Shephard
- Quiconque entend l’histoire d’Ismael éprouve de l’empathie pour lui et pour sa situation. Lorsque vous avez entendu son histoire pour la première fois, qu’est-ce qui vous a poussée à vouloir la faire connaître à un plus large public ?
Dans le cadre de mon travail au Toronto Star, où j’étais affectée aux questions de sécurité nationale, j’ai couvert la situation en Somalie pendant des années, et j’ai toujours cherché des moyens d’interpeller notre lectorat sur ce qui se passait là-bas relativement à la guerre civile en cours et à la montée en puissance d’al-Chabab, le groupe qui allait plus tard s’allier à al-Qaïda. Le meilleur moyen d’y arriver était de trouver des histoires individuelles percutantes qui pouvaient également servir à raconter l’histoire plus vaste de ce qui se passait dans le pays. Ismael était un jeune survivant qui s’exprimait bien, et ce qu’il avait vécu était inconcevable. Un de mes contacts de longue date — un journaliste établi à Toronto qui était retourné en Somalie pour assurer la direction des communications du bureau du président — aidait Ismael et voulait que je l’interviewe. C’est en partie la raison pour laquelle je m’étais rendue à Mogadiscio. Je savais que son histoire trouverait une résonance auprès de notre auditoire, et cette interview a servi de base à mon premier article sur Ismael dans le Star en 2010.
- Au fil des ans, vous avez exploré de nombreux sujets complexes, depuis votre travail sur le terrain suivant le 11 septembre 2001 et votre ouvrage sur les conséquences de cette tragédie, jusqu’à votre portrait d’Omar Khadr dans un livre et le documentaire qui a suivi, Omar Khadr : de l’ombre à la lumière. Comment le documentaire La parfaite histoire s’inscrit-il dans votre travail de journaliste et de cinéaste ?
La réalisation de ce documentaire m’a obligée à revenir sur ma carrière des 20 dernières années et à réfléchir sérieusement aux histoires que nous racontons et aux raisons pour lesquelles nous les racontons. J’ai toujours été attirée par les personnages complexes et j’étais fière de m’attaquer à des cas controversés comme celui d’Omar Khadr. L’histoire d’Ismael, cependant, était des plus faciles à raconter — du moins, c’est ce que je pensais. Faire ce film m’a rappelé qu’aucune histoire n’est vraiment simple.
- Le film prend des tournures inattendues. Quand avez-vous compris que l’histoire empruntait une autre direction, et comment avez-vous composé avec cela, à la fois en tant que cinéaste et en tant que protagoniste ?
Le résultat n’est absolument pas le film que nous pensions faire. Mais à bien des égards, il s’est révélé plus crucial, en raison des questions qu’il soulève sur le journalisme et sur la façon de raconter des histoires. Je pense qu’il mettra certaines personnes mal à l’aise, et ce n’est pas une mauvaise chose. Je veux que le documentaire suscite une discussion.
Nous en étions environ à la moitié du tournage quand nous avons constaté qu’il fallait changer le film et, heureusement, Ismael a accepté et a courageusement continué. Ma première préoccupation a toujours été son bien-être, car l’expérience était réellement difficile pour lui. Et même si je ne voulais pas vraiment faire partie du film à ce stade, j’ai compris le rôle que j’avais joué en racontant son histoire et j’ai commencé à me poser des questions difficiles. J’avais l’impression de manquer de sincérité en n’en parlant pas publiquement.
Tous les films sont le résultat d’un travail d’équipe, mais celui-ci l’était particulièrement, car il était très personnel. Les limites traditionnelles du journalisme semblaient floues. Il devenait parfois difficile d’avoir du recul, et j’ai eu la chance d’avoir une équipe solide comme le roc.
- Quels facteurs ont poussé Ismael à raconter une « histoire parfaite » ? Cela se produit-il plus souvent que nous le pensons ?
Oui, je crois que cela arrive plus souvent qu’on l’imagine. C’est stupéfiant de penser qu’Ismael n’était qu’un adolescent, traumatisé après avoir horriblement souffert, et qu’il avait quand même la présence d’esprit de savoir qu’il devait concocter une « histoire parfaite ». Je ne veux pas répondre à sa place quant à la raison pour laquelle il a fait cela, mais je pense que, dans le film, il explique qu’il craignait que le public n’ait pas de compassion s’il connaissait tous les faits. J’aimerais pouvoir dire que je pense qu’il a eu tort, mais il a probablement raison.
- Le film explore les questions éthiques que suscitent une trop grande proximité avec un protagoniste et un récit en temps réel. Comment négocier avec l’éthique, lorsqu’on raconte l’histoire d’une personne, en particulier lorsqu’elle risque de se trouver en situation de vulnérabilité ?
Nous avons le devoir de nous soucier des personnes dont nous faisons le portrait, que ce soit en journalisme ou au cinéma. Parfois, il est tout simplement inévitable que l’on s’en rapproche. Notre film aborde cette question, mais je ne suis pas sûre que j’aurais fait quelque chose de différent en racontant l’histoire d’Ismael. J’en suis encore à me demander où il faut tracer les limites, et je pense que c’est au cas par cas qu’on le détermine.
Après avoir vu le documentaire que j’ai réalisé sur Omar Khadr, Ismael m’a demandé si nous pouvions en faire un ensemble et, au début, j’ai eu l’impression de revenir sur les histoires que j’avais racontées à son sujet. Mais la réalisation de ce film a soulevé tellement de questions sur le journalisme et le cinéma ! Il m’a confirmé que le journalisme ne peut pas être purement objectif et que nous ne pouvons pas nous contenter de faire des reportages à distance. Nous aimons dire que nous « témoignons », mais nous faisons plus que cela. Les journalistes racontent toujours des histoires à travers un certain prisme. Et la réalisation d’un film, en raison du temps et des dépenses qu’elle nécessite, modifie inévitablement l’histoire et fait du ou de la cinéaste une partie prenante de celle-ci.
- Votre relation avec Ismael a-t-elle changé au cours de la réalisation du documentaire ? Et si oui, comment ?
Oui. J’étais restée en contact avec Ismael au fil des ans, depuis que je l’avais rencontré en 2010, et je lui avais rendu visite lorsque j’étais en Norvège. Nous étions amis, autant qu’on puisse l’être compte tenu de la différence d’âge, de la distance géographique et du fait que j’étais toujours la journaliste qui racontait son histoire. Mais il a traversé une période difficile, se débattant pour révéler cette vérité, et je pense que je lui rappelle maintenant une période douloureuse de sa vie. Il a vu le film et il comprend pourquoi ce film doit paraître, mais je pense qu’il veut laisser ce chapitre de sa vie derrière lui. Je comprends et respecte tout à fait cela et, si nous sommes toujours en contact, nous ne nous parlons plus aussi souvent.
- Les sources d’information étant de plus en plus mondialisées, comment le rôle de la correspondante ou du correspondant à l’étranger évolue-t-il ? Selon vous, quelle est la responsabilité des journalistes qui couvrent des sujets internationaux aujourd’hui ?
Plus que tout, il s’agit de situer les choses dans un contexte. Le besoin d’une presse indépendante et libre n’a jamais été aussi grand, et le rôle des journalistes à l’étranger est donc de connaître à fond le terrain, de donner la parole aux gens dans les pays couverts et de faire en sorte que cette parole soit entendue. À l’avenir, j’espère également voir se multiplier les partenariats avec des médias internationaux et nationaux, dans le cadre desquels les journalistes locaux pourront raconter leurs propres histoires à un public international et bénéficier des mêmes protections et avantages que les correspondantes et correspondants étrangers. Je n’aurais jamais pu raconter cette histoire sans le journaliste canadien d’origine somalienne Sahal Abdulle, qui est également producteur associé de La parfaite histoire et qui s’est personnellement impliqué pour aider Ismael à se bâtir une nouvelle vie en dehors de Mogadiscio.
- Qu’aimeriez-vous que le public retienne du film, par-dessus tout ?
J’espère vraiment que le film amènera le public à réfléchir de manière critique au journalisme et aux médias que nous consommons. Tout le monde aime les contes de fées et les « histoires parfaites », mais quand ce genre d’histoires se présentent-elles ? J’espère aussi que les gens respecteront Ismael parce qu’il a dit sa vérité. Il n’était pas obligé de le faire. C’est peut-être un peu banal, mais j’espère également que le film rappellera aux gens l’importance de l’empathie et de la perspective, et qu’il ne servira pas à alimenter la xénophobie ou la méfiance du public envers les médias.
Images
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Équipe
Générique
Écrit et réalisé par
Michelle Shephard
Produit par
Bryn Hughes
Lea Marin
Michelle Shephard
Producteurs exécutifs
Bryn Hughes
Michelle Shephard
Productrice exécutive, ONF
Anita Lee
Productrice exécutive, TVO
Jane Jankovic
Agente des productions indépendantes, TVO
Linda Fong
Avec la participation de
Ismael Abdulle
Sahal Abdulle
Coproduction et montage
Nick Hector BFE CCE
Musique composée et interprétée par
Justin Small
Ohad Benchetrit
avec Esmaeel Abofakher et
Laura Bates au violon
Cinématographie
Wesley Legge
Producteurs délégués
Sahal Abdulle
Kate Vollum
Recherche visuelle
Erin Chisholm
Images additionnelles
Iris Ng
Christian Bielz
Steve Russel
2e équipe de caméra
Dan Dougay
1re assistante à la caméra
Dina Attalla
Prise de son
Chandra Bulucon
Dave Draper
Jim Ursulak
Prise de son additionnelle
Nathaniel Gustin
David Best
Brad Dawe
Dane Kelly
Mary Wong
Chef scénariste
Nick Hector
Supervision de la postproduction
Edwin Janzen
Assistante au montage
Alysha Baker
Montage sonore
Sound Dogs Toronto
Supervision audio
Nelson Ferreira
Montage des effets sonores
Jack Madigan
Ingénieur du son
Spencer Clerk
Assistante en studio
Stefana Fratila
Services de postproduction
Redlab
Gestionnaire de compte
Mark Stevens
Directeur de la postproduction
Carmelo Gallé
Directeur du studio de son
Steven Gurman
Chef de projet
Jeff Hocken
Coloriste
AJ McLauchlin
Mixage
Eric Apps
Montage en ligne
Cory Johnson
Intermédiaire numérique
Shawn Zacchigna
Pour l’Office national du film du Canada
Gestionnaire des opérations
Mark Wilson
Superviseur de production
Marcus Matyas
Coordonnatrice de production principale
Katie Murray
Coordonnateur technique
Kevin Riley
Administration
Andrew Martin-Smith
Patricia Bourgeois
Mise en marché
Melissa Wheeler
Jessica Gedge
Relationniste
Jennifer Mair
Conseiller juridique
Peter Kallianiotis
Photographies
Michelle Shephard
Graphiques
Nick Sewell
Sasha Jordan Appler
Coordonnateur de production
Bryn Hughes
Comptable de production
Dania Kannan
Fixer – Nairobi, Kenya
Benta Ochieng, Viewfinders Kenya
Fixer – Mogadiscio, Somalie
Bashir Osman, Peace Hotel
Transcription et traduction
Laurel Toews
Nuruddin Qorane
Astrid Larsen
Sous-titrage
Zoé Major
Nous remercions particulièrement
Adrienne Arsenault
Nahlah Ayed
Sherien Barsoum
Celina Bell
Lori Chodos
Hannah Donegan
Ilwad Elman
Geoff Ewart
Omar Faroq
Dr Anthony Feinstein
Mohamed « Tennis” Gilao
Kathleen Goldhar
Abdirashid Hashi
John Haslett-Cuff
Nina Hellvik
La famille Hughes
Ahmed Hussein
Gwen Joy
Justine Keyserlingk
Christine Kleckner
Todd Light
Lynn McAuley
Kim Nelson
Iris Ng
Deqa Nur
Bashir Osman
Cornelia Principe
Jim Rankin
Randy Risling
Astrid Shau-Larsen
Ann Shin
Asha Siad
Roda Siad
Magali Simard
Jason Statten
Olwen Statten
Tanya Talaga
Sunny Yi
David York
Mahad Yousef
Berkeley Church
L’Organisation musulmane internationale, Toronto
Le restaurant Ishtar
Le personnel et la sécurité du Peace Hotel, Mogadiscio
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À propos de Frequent Flyer Films
La société de production torontoise Frequent Flyer Films privilégie les films stimulants axés sur les protagonistes et portant sur les principaux enjeux de l’heure. Ses fondatrices, la productrice primée Bryn Hughes et la journaliste chevronnée et cinéaste Michelle Shephard, ont fait équipe en 2018 pour créer l’entreprise. Elles y ont mis à contribution leurs 20 années d’expérience de terrain acquise dans certaines des régions les plus difficiles du monde, et leur aptitude peu commune à reconnaître les récits percutants qui suscitent la réflexion.
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L’ONF en bref
Fondé en 1939 et unique en son genre, l’Office national du film du Canada (ONF) produit, coproduit et distribue des documentaires et des films d’animation distinctifs, engageants, pertinents et innovants. Incubateur de talents, il est un des plus grands laboratoires de création au monde. Depuis plus de huit décennies, l’ONF permet aux Canadiennes et aux Canadiens de se raconter et de se rencontrer. Ses films sont de plus une ressource éducative fiable et accessible. L’ONF possède également une expertise reconnue mondialement en préservation et en conservation, en plus d’une riche collection vivante d’œuvres qui constituent un pilier important du patrimoine culturel du Canada. Jusqu’à maintenant, l’ONF a produit plus de 14 000 œuvres, dont 6500 sont accessibles gratuitement en ligne sur onf.ca. L’ONF ainsi que ses productions et coproductions ont remporté au-delà de 7000 prix, dont 11 Oscars et un Oscar honorifique récompensant l’excellence de l’organisation dans toutes les sphères de la cinématographie.