Un jeune immigrant français arrive au Canada avec une 2 CV dans ses bagages. Qui aurait cru que cette voiture emblématique de la France d’après-guerre, détonnant sur les routes de Vancouver, le mènerait à la rencontre d’une communauté de passionnés ? Dans ce film signé Julien Capraro, Franck, Lionel, Harjeet et Johnny Mac, affairés à la préparation d’une exposition de voitures de collection, racontent comment, au-delà de la nostalgie d’une époque révolue, ces véhicules sont devenus un marqueur identitaire fort, un pont entre les cultures. Produit dans le cadre du concours Tremplin, en collaboration avec Ici Radio-Canada Télé.

Je n’ai jamais été ce qu’on appelle un « passionné » de voitures, ni grandi dans le culte d’une marque ou d’un modèle. Et je n’aurais jamais imaginé réaliser un premier documentaire dont le sujet serait lié à une voiture. La 2CV Citroën est entrée dans ma vie grâce à un concours de circonstances. Ce fut ma première voiture, en France, et elle m’a suivi dans ma nouvelle vie canadienne, à nouveau par un coup du hasard. Sans trop que je m’en rende compte, elle s’est petit à petit greffée à mon identité.

La dernière clé, à l’origine, ce sont des rencontres ; des passionnés que j’avais croisés peu après mon arrivée au Canada, qui formaient une petite communauté atypique et improbable, une bande d’irréductibles dont je voulais brosser le portrait. Chacun à sa façon, dans sa langue, dans ses propres mots, dans sa culture, avait une histoire unique, qui le touchait au plus profond. Pour citer le slogan qu’on aperçoit dans le film, et qui reprend une publicité française des années 1970, « ceci n’est pas une voiture, c’est un art de vivre ».

Lionel, Harjeet, Franck et Johnny Mac : chacun avait un véhicule différent (ou plusieurs dans certains cas !). Et chacun entretenait un rapport bien particulier avec cette passion. Le titre temporaire du documentaire était ainsi « Plus que de la ferraille », car il représentait bien cette passion débordante et à première vue déraisonnable.

Mais autant j’avais beaucoup de facilité à percevoir ce qui rendait les histoires de ces personnages si singulières, autant il m’était difficile, au départ, de parler de la mienne. Par pudeur certainement, mais également parce qu’il me semblait que ces « vrais » passionnés devaient avoir le rôle central. Finalement, avec l’aide de la production, je pense avoir réussi à trouver… la bonne carburation : si mon histoire constitue le point de départ et le fil conducteur du documentaire, la galerie de portraits qui se dessine, dans sa diversité, est fidèle à la personnalité de chacun tout autant qu’à la dynamique du groupe.

Ce film, et cela peut sembler être un argument éculé, c’est avant tout une aventure humaine. Une formidable addition de conversations, de rencontres, de talents. Une multiplication d’expériences, d’idées et d’énergies. Ce fut pour moi, en tant que nouveau réalisateur, une occasion rare de travailler avec des professionnels chevronnés de l’ONF à toutes les étapes de la production ; d’être soutenu dans la phase de scénarisation comme durant le rush du tournage. Et, jusqu’à la dernière seconde, d’assister à la magie de la postproduction. Le résultat final, avec tous les aléas de la réalisation, va bien au-delà de mes espérances.