KENBE LA, jusqu’à la victoire
2019 | 83 min
Sélections et prix
Gagnant – Prix du publicRencontres internationales du documentaire, Montréal, Canada (2019)
Sélection officielle Rendez-vous Québec Cinéma, Montréal, Canada (2020)
Sélection officielle Reelworld Film Festival, Toronto, Canada (2020)
Sélection officielle Rencontres du documentaire, Port-au-Prince, Haïti (2020)
Il est de ces personnes dont les rêves inspirent, rassemblent et font fleurir un peu plus d’humanité en chacun de nous. Haïtien établi au Québec, l’artiste et militant Alain Philoctète retourne dans son pays d’origine pour y développer un projet de permaculture en collaboration avec les locaux. Il y retrouve avec émotion sa famille et ses anciens compagnons de lutte, dont les idéaux restent intacts malgré le séisme de 2010 et l’instabilité politique. Atteint d’un cancer, Alain doit cependant suivre des traitements à Montréal, où il trouve auprès de ses proches autant de tendresse et de solidarité qu’en Haïti. Fort d’une amitié de longue date avec son protagoniste, le réalisateur Will Prosper a suivi le parcours plein d’espoir de cet inspirant rêveur, saisissant dans un geste intime et complice les enjeux de l’exil, de la maladie et du partage. Enrichi par une trame musicale signée Jenny Salgado, Kenbe la est un voyage qui nous interroge sur l’importance des idéaux et de leur transmission.
Description courte
Tourné entre la somptueuse nature haïtienne et les paysages glacés du Québec, le documentaire Kenbe la, jusqu’à la victoire de Will Prosper suit le parcours inspirant d’Alain Philoctète, artiste et militant qui, malgré sa maladie, rêve de développer un projet de permaculture en Haïti.
Description détaillée
Il est de ces personnes dont les rêves inspirent, rassemblent et font fleurir un peu plus d’humanité en chacun de nous. Alain Philoctète appartient à cette catégorie d’hommes et de femmes. Tout à la fois poète, peintre et activiste, il est porté par des valeurs profondes de partage, de solidarité et de dignité du travail. Qu’il soit dans les champs, devant une toile ou parmi les siens, il porte un regard empli d’amour sur le monde qui l’entoure. Réfugié au Québec à la suite de persécutions politiques en Haïti, ce passionné d’art et d’agriculture effectue aujourd’hui un retour dans le pays de ses ancêtres, où un écovillage local devient pour lui une source d’inspiration. Loin de se voir en « sauveur », Alain adopte une approche où chacun s’enrichit au contact de l’autre : c’est en écoutant les préoccupations des paysans et en comprenant leur réalité qu’il pourra réaliser son projet de permaculture en Haïti.
Au cours de son voyage, il retrouve avec émotion sa famille et ses anciens compagnons de lutte : des intellectuels et des militants qui réclamaient jadis l’accès à la terre, et dont les organisations paysannes furent violemment réprimées par un pouvoir acquis aux grands propriétaires terriens. Avec les années, le combat d’Alain pour un labeur digne et une nation fière est resté intact, mais il a pris un autre chemin : « Avant, c’était par les armes. Aujourd’hui, c’est autrement… » Le rêve est certes fragile dans un pays encore durement ébranlé par le terrible séisme de 2010 et par une perpétuelle instabilité politique, mais la culture de la résistance, organisée autour de la structure traditionnelle du lakou, est toujours vivante. Alain doit cependant faire face à un autre défi personnel : celui du cancer qui l’oblige à suivre les éprouvants traitements de chimiothérapie au Québec, auprès de sa compagne, Chantal, et de leur fils, Malcolm. La communauté qui l’entoure à Montréal fait preuve d’autant de tendresse et de solidarité que celle de ses compagnons haïtiens. La mort, Alain n’en a pas peur, mais il n’est pas prêt à laisser tomber ses projets. « Kenbe la ! » dit-on en créole haïtien. « N’abandonne jamais ! »
Fort d’une amitié de longue date avec Alain, le réalisateur Will Prosper a suivi le parcours plein d’optimisme de cet inspirant rêveur, filmant dans un geste intime et complice les enjeux parfois difficiles de l’exil et de la maladie. Mettant en lumière les contrastes entre la somptueuse nature haïtienne et les paysages glacés du Québec, et enrichi d’une trame musicale signée par Jenny Salgado (J-Kyll), qui réinterprète brillamment les rythmes traditionnels caribéens, Kenbe la propose une vision rare d’Haïti : celle portée par les « amoureux de l’humanité humaine », comme l’exprime si poétiquement Chantal. À travers le portrait d’Alain et de ses proches, le film nous interroge sur nos propres idéaux et notre désir de les léguer, et livre un message universel d’espoir bien nécessaire aujourd’hui, peu importe les obstacles.
Mot du réalisateur
« Alain, que penserais-tu d’un film sur toi ? » lui ai-je demandé.
« Un film sur moi, mais pourquoi…? » m’a-t-il répondu.
Je suis toujours fasciné par ces personnes dont l’humilité est telle qu’elles sont inconscientes de leur valeur, de leur influence sur nos vies, de leurs accomplissements. Mine de rien, ce sont des diamants bruts, enfouis dans un environnement qui ne leur permet pas de briller.
Kenbe la, pa molli (Ne lâche pas, tiens bon), cette phrase qu’Alain me répète souvent quand on se quitte, suscite toujours la même émotion en moi, parce que, dans la bouche de ce combattant, ces mots sont comme un appel tranquille, mais ô combien inlassable, à lutter jusqu’à la victoire.Dès ma première rencontre avec Alain dans le cadre d’un événement militant, j’ai eu le sentiment que l’on se connaissait depuis toujours. Quand il vous parle et vous écoute, vous devenez la personne la plus importante au monde. Et en véritable philosophe, il vous séduit grâce à toutes les connaissances acquises au fil de ses luttes, il vous charme avec ses histoires, il sème dans votre esprit les graines de la résistance, créant un pont entre vous et lui. Au fil de nos rencontres, plus j’en apprenais sur lui, plus un film s’écrivait dans ma tête.
Tu te demandes pourquoi un film sur toi ? Laisse-moi te dire, cher Alain.
J’appartiens à cette nouvelle génération de cinéastes qui est le fruit de deux univers culturels d’apparence éloignée, entre lesquels je m’efforce moi aussi de construire des ponts. Je voulais faire ce film pour parler de toi, te montrer, toi, par-dessus l’image, avec tes racines profondes et vivaces dans la culture haïtienne, avec ton humanisme, avec tout ce qui forge l’humain que tu es. Et parler de toi, c’est un peu s’ouvrir sur nous. Un nous décomplexé, qui assume sa fibre d’artiste animé par une culture musicale, poétique et visuelle des plus luxuriantes.
Au début de l’écriture du film que tu m’inspirais, il n’était pas question de quitter le Québec. Je voulais plutôt documenter la quête du rêveur tiraillé entre sa volonté d’améliorer le sort de ses compatriotes en Haïti et son désir de porter ici un message de liberté pour allumer en nous une flamme militante au service de l’humanité, qui ne domine pas les autres, mais qui les écoute d’égal à égal. Cependant, nos vies empruntent parfois des chemins inattendus, et la tienne s’est trouvée bouleversée par le cancer et les traitements de chimiothérapie qu’il t’imposait, limitant tes déplacements, sabotant ton rêve de retourner sur ton île natale d’Haïti.
Face au choix de commencer rapidement les traitements ou de les retarder, tu as décidé, avec le soutien de ta compagne, Chantal, de prendre le risque de les retarder : tu voulais d’abord revenir en Haïti. J’allais donc maintenant accompagner mon ami durant un voyage émotionnel. Mon film prenait une autre route, une autre dimension.
Haïti est souvent dépeinte à travers sa capitale, Port-au-Prince, alors que la campagne haïtienne y est beaucoup moins explorée. Dire qu’en 1944 l’écrivain Jacques Roumain décrivait somptueusement son amour pour ce terroir et ses habitants dans Gouverneurs de la rosée, le grand classique de la littérature haïtienne. Son protagoniste, Manuel, revenait des plantations de Cuba pour transmettre aux paysans des pratiques d’agriculture moderne dans la commune de Fonds-Rouge. Soixante-quinze ans plus tard, on passe du livre au film, de Manuel à Alain, du Québec à la Forêt des Pins, dans un décor aussi soigneusement traité et rêvé que celui de ses créateurs.
Ayiti, le nom de l’île dans la langue des Taïnos, ses premiers habitants, signifie « terres montagneuses ». Il était important pour moi de filmer des images du haut du ciel pour saisir la splendeur du pays et illustrer cette espèce de doux flottement quasiment angélique entre la réalité terrestre et ce que l’on en voit de là-haut, rappelant la spiritualité des habitant-e-s qui s’en remettent souvent à la protection de l’au-delà dans les affaires du quotidien. Avec toi qui plonges à la rencontre de l’âme paysanne, dans ta quête d’apprentissage et de collaboration.
Comme le rêve que tu portes est celui d’un retour à la terre, il me semblait essentiel de souligner visuellement l’étouffement que l’on ressent dans la capitale et le souffle de libération que procure le retour dans les terres haïtiennes.
Je t’accompagne tout au long de ton voyage, une intimité qui persiste à notre retour au Québec, intimité plus étendue cependant, puisque j’entre alors dans ta bulle d’Alain et dans celle de ta fidèle et valeureuse compagne, Chantal, qui porte pour deux le poids de votre vie. Votre fils, Malcolm, l’adolescent renfermé qui traverse ces moments en nageant sous le courant, entre en scène et devient le porteur d’une autre génération à qui tu souhaites passer le flambeau. Des portes s’ouvrent, poupées russes décuplant les dimensions émotionnelles, nous attachant de plus en plus à toi, qui traverses tous ces moments si douloureux.
Il m’était difficile de te voir souffrir avec les traitements de chimiothérapie et plus pénible encore de capter ces moments d’une grande vulnérabilité. Il y a une ligne mince que l’on ne peut franchir en tant que documentariste, et c’est celle de préserver la dignité des participant-e-s malgré leur grande générosité, tout en s’assurant quand même de refléter l’authenticité de ce qu’ils traversent. Te voir souffrir a été pour moi ce que j’ai vécu de plus ardu comme documentariste, car j’étais avant tout ton ami, un sentiment et des émotions que je sais toutefois sans commune mesure avec ce que toi et ta famille viviez. Malgré tout, Alain, avec ta santé dégringolante, ton esprit s’élevait pour être plus lumineux que jamais et tu étais empreint d’une beauté poétique. Camarade, tu as chamboulé mon univers tout en dynamisant mes réflexions sur les petites âmes que nous sommes.
J’aime un cinéma d’auteur qui ne dissimule pas la musique, ni ne s’y cache, mais qui assume sa présence, comme celle d’un personnage ni trop bavard ni trop réservé. Pour ce film, je voulais une musique vivante comme le sont les Antillais, une trame musicale qui vienne des racines et des tripes d’Haïti. Pour moi, nulle autre que la compositrice et musicologue Jenny Salgado ne pouvait l’écrire. Nous avons vite décidé, elle et moi, d’utiliser une instrumentalisation d’époque, mais avec une composition contemporaine.
Je ne voulais pas d’un film qui soit un pamphlet propagandiste typique. Mais comme ta fibre militante est profondément enracinée, il était inévitable d’y effleurer plusieurs enjeux progressistes, mais avec finesse, sans que cela soit lié à un quelconque projet politique. Je préférais engager le public à se connecter à toi, Alain, grâce à ta poésie, à ta philosophie, à ton empathie, à ton humanisme.
Voilà pourquoi j’ai fait ce film sur toi, mon ami.
(Will Prosper, juin 2019)
Bande-annonce
Matériel promotionnel
Équipe
Images
Générique
Un film de
Will Prosper
Avec la participation de
Alain Philoctète
Chantal Ismé
Biko Ismé-René
Malcolm Ismé-Philoctète
ainsi que de
Gina Anglade
Marc Anglade
Margareth Neff-Philoctète
Valencia Philoctète
Richard Philoctète
Cassandre Etienne-Joseph
Recherche, scénario et réalisation
Will Prosper
Produit par
Nathalie Cloutier
Direction photo
Vanessa Abadhir
Montage
Natalie Lamoureux
Musique originale
Jenny Salgado
André Courcy
Conception sonore
Marie-Pierre Grenier
Prise de son
Olivier Léger
Simon Plouffe
Sylvain Vary
Pablo Villegas
Directeur de production (Haïti)
Henri Pardo
Consultante au tournage (Haïti)
Tara Johns
Images drone
Drone Box
Vanessa Abadhir
Romain Brot
Consultation technique – caméra
Steve Hallé
Soutien technique au montage image
Pierre Dupont
Isabelle Painchaud
Patrick Trahan
Traduction
Jacquelin Telemaque
Infographie
Cynthia Ouellet
Montage en ligne
Yannick Carrier
Bruitage
Lise Wedlock
Assistée de
Marie-Kathryne Viens
Enregistrement du bruitage
Geoffrey Mitchell
Mixage
Shelley Craig
Musiciens
André Courcy Guitare
Alain Legagneur et Martin Courcy Piano
Jenny Salgado Percussions, clavier et autres
Voix
Jenny Salgado
Musiques additionnelles
Wongolo
Chant traditionnel
Mal du pays
Composée par Emmanuel Charlemagne et Francine Chouinard
Interprétée par Emmanuel « Manno » Charlemagne
Recherche des droits musicaux
Sylvia Mezei
Merci à
Joseph Abraham
Estin Andrall
Beauchamp
Orlando Arriagada
Mylène Augustin
Carla Beauvais
Yousra Benziane
Johanne Bergeron
Chavanes Jean-Baptiste
Karla Étienne
Martin Ferron
Andrea Henríquez
Nicole Hubert
Éric Idriss Kanago
Lamarque
Jean-Pierre Laurendeau
Philippe Lefebvre
Wissam Mansour
Viviane Michel
Nargess Mustapha
Emilie Nicolas
Georges Antoine Noël
Dr Paul Perrotte
Fabrice Philoctète
Jonathan Philoctète
Olivier Philoctète
Huguette Prosper
Donald Prosper
Hantz Prosper
Yendrich Prosper
Kyana Prosper
Sankara Prosper
Johanne Renous
Wébert Rochelin
Marguerite Surprenant
BLACK ON BLACK FILMS
Collège Jean-Price Mars
Centre hospitalier de l’Université de Montréal
ECO VILAJ HINCHE
MOUVEMENT PAYSAN PAPAYE
La route de Champlain
La Régie des installations olympiques
Conseiller juridique
Christian Pitchen
Relationniste de presse
Marie-Claude Lamoureux
Agent de mise en marché
François Jacques
Coordonnatrice de la mise en marché
Sophie Thouin
Administratrice
Sia Koukoulas
Coordonnatrice de studio
Pascale Savoie-Brideau
Coordonnatrice de production
Chinda Phommarinh
Coordonnatrice technique
Mira Mailhot
Producteur par intérim au développement
Denis McCready
Productrice déléguée
Mélanie Lasnier
Productrices exécutives
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Nathalie Cloutier
Programme français
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© 2019 OFFICE NATIONAL DU FILM DU CANADA
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L’ONF en bref
Fondé en 1939 et unique en son genre, l’Office national du film du Canada (ONF) produit, coproduit et distribue des documentaires et des films d’animation distinctifs, engageants, pertinents et innovants. Incubateur de talents, il est un des plus grands laboratoires de création au monde. Depuis plus de huit décennies, l’ONF permet aux Canadiennes et aux Canadiens de se raconter et de se rencontrer. Ses films sont de plus une ressource éducative fiable et accessible. L’ONF possède également une expertise reconnue mondialement en préservation et en conservation, en plus d’une riche collection vivante d’œuvres qui constituent un pilier important du patrimoine culturel du Canada. Jusqu’à maintenant, l’ONF a produit plus de 14 000 œuvres, dont 6500 sont accessibles gratuitement en ligne sur onf.ca. L’ONF ainsi que ses productions et coproductions ont remporté au-delà de 7000 prix, dont 11 Oscars et un Oscar honorifique récompensant l’excellence de l’organisation dans toutes les sphères de la cinématographie.