Deyzangeroo
2017
Technique : Techniques mixtes sous la caméra
Sélections et prix
Sélection officielleFestival du nouveau cinéma 2017
Gagnant: Golden Dove - International Competition Short Animation FilmDOK Leipzig 2017
Sélection officielle - ExpérimentalYorkton Film Festival 2018
Compétition - GallérieAnima Mundi International Animation Festival 2018
Sélection officielleOttawa International Animation Festival 2018
Synopsis
Bien des cultures ont vu dans l’éclipse lunaire un implacable rappel du jour du Jugement. Les gens psalmodiaient des prières, chantaient et récitaient des poèmes pour tenter de communiquer avec la nature et les forces cosmiques du ciel. Ils demandaient le pardon ou la compréhension, car ils aspiraient à ce qu’ils craignaient d’avoir perdu.
« Deyzangeroo » figure parmi ces rituels. Cette cérémonie empreinte de vénération, de crainte et de magie se déroulait dans la ville portuaire de Buchehr, sur les rives du golfe Persique, au rythme singulier des percussions, des chants et des danses tribales. Faisant écho à la domination coloniale portugaise, puis britannique sur la ville, et à la présence des esclaves africains, elle était censée repousser les esprits maléfiques et faire réapparaître la Lune lors des éclipses. Et elle fonctionnait chaque fois…
Le court métrage d’animation Deyzangeroo incarne ce rituel. Réalisé par le cinéaste canadien d’origine iranienne Ehsan Gharib et produit par Maral Mohammadian, de l’Office national du film du Canada, le film de quatre minutes recourt à l’animation peinte à la main, à la photographie à intervalle et à la photographie truquée au moyen de miroirs. Deyzangeroo s’inspire de l’envoûtante musique du compositeur et percussionniste virtuose Habib Meftah Boushehri, lequel a collaboré au film.
Synopsis court
Rituel exécuté dans la ville portuaire iranienne de Buchehr, « Deyzangeroo » était influencé par la domination coloniale portugaise et britannique, ainsi que par la présence des esclaves africains. Imprégné de la terreur et de la magie qu’évoquait l’éclipse lunaire, il devait repousser les esprits maléfiques et faire réapparaître la Lune… et fonctionnait chaque fois. Ce court métrage d’animation réalisé par le cinéaste canadien d’origine iranienne Ehsan Gharib repose sur l’animation peinte à la main, la photographie à intervalle et la photographie truquée au moyen de miroirs, ainsi que sur l’envoûtante musique du compositeur et percussionniste virtuose Habib Meftah Boushehri.
Bande-annonce
Entrevue avec le réalisateur Ehsan Gharib
Qu’est-ce qui vous fascine dans ce rituel qu’on appelle « Deyzangeroo » et pourquoi avez-vous choisi de réaliser un film sur ce sujet ?
L’idée m’en est venue il y a dix ans, au moment où j’ai entendu Deyzangeroo, une pièce musicale du compositeur et percussionniste virtuose Habib Meftah Boushehri. J’habitais Arak, ma ville natale, en Iran. Habib a vécu son enfance à Buchehr, une ville portuaire iranienne située au sud-ouest du pays et réputée pour ses rythmes, ses chansons et ses danses uniques. L’histoire associée au rituel entourant l’éclipse lunaire m’a fasciné et j’ai voulu créer quelque chose sur ce thème. Le son des percussions — surtout celles qui proviennent du sud de l’Iran — me touche profondément. La musique d’Habib avait une qualité particulière et, sur le plan conceptuel, le fait que des gens se battent contre une éclipse — un phénomène si naturel et si énorme — m’a donné envie d’approfondir le sujet et d’en découvrir davantage. Mes idées n’ont cessé de se développer jusqu’à ce que j’aie enfin la chance de proposer mon projet à l’Office national du film.
Lorsqu’il y a de la musique, de l’harmonie et de la danse, les gens ne sont plus uniquement un ensemble d’individus distincts, mais deviennent une entité nouvelle, un être nouveau. Non seulement en raison de ce rituel, mais grâce aux chants qui rythment le travail et que nous entendons au début du film : cela m’a toujours fasciné, parce que les gens se trouvent devant quelque chose de beaucoup plus grand qu’eux, et ils ont besoin d’agir par rapport à cette chose. Ils créent cette nouvelle entité par l’unité et l’harmonie. Ils ont peur de l’éclipse, ce qui me semble étonnant. J’ai vraiment tenté de me mettre à leur place et d’entrer dans cet univers. Tout le monde a bien cru que la Terre était plate jusqu’à preuve du contraire. Pour eux, la Lune avait de l’importance et ils en étaient privés durant les éclipses. Je n’ai donc pas mis leur attitude sur le compte de la magie ou de la superstition. J’ai plutôt considéré qu’il s’agissait de leur réalité. Il existe encore des forces qui nous effraient dans l’univers, que nous ne pouvons pas vraiment expliquer de façon rationnelle. Mais la peur est réelle !
Parlez-nous de votre passé et de votre collaboration avec l’Office national du film.
C’est ma conjointe qui m’a amené à m’établir au Canada en 2010. J’avais alors 27 ans. Nous nous étions rencontrés quatorze ans auparavant à Téhéran. Elle et sa famille s’étaient installées ici, et c’est à ce moment-là que nous avons décidé de nous marier. Avant que je m’engage sérieusement dans notre relation, l’ONF était tout ce que je connaissais du Canada. C’était le temple du genre d’animation que j’adorais depuis mon adolescence. Les idées et les images des films de l’ONF me captivaient littéralement.
En ce qui concerne la création de ce film, je dois beaucoup au producteur exécutif Michael Fukushima et à la productrice Maral Mohammadian de m’avoir donné une telle chance. Durant toute la production, je me demandais encore comment j’allais raconter cette histoire ! Maral a été courageuse, ouverte et elle m’a beaucoup aidé. Je crois que si j’avais été producteur à sa place, j’aurais tout arrêté ! Au contraire, j’ai eu toute liberté de m’envoler aussi haut que je le souhaitais et d’explorer. J’avais une entière confiance en Maral et en sa perspicacité.
Il s’agit du premier film que vous réalisez à titre de cinéaste professionnel. Quels ont été vos défis et vos réussites ?
Au début, il s’est révélé difficile de trouver un contexte pour cette histoire parce que, lorsque l’idée a été acceptée, j’ai complètement épuré le rituel au point où il n’est plus resté que cette dualité entre le noir et le blanc, entre le bien et le mal. Il y avait donc un conflit, mais ni récit ni protagoniste pour le soutenir. J’ai mis à l’essai différents scénarios, mais ils ne fonctionnaient pas. Puis, j’ai parcouru tous mes dessins et j’ai trouvé un pêcheur seul en mer le soir : le protagoniste parfait pour l’histoire. Je souhaitais créer un univers abstrait, surréaliste, mais je voulais aussi que le film se termine dans le monde réel. Je progressais en apportant des modifications constantes. Le film a vraiment pris forme par petites touches. À un moment donné, j’en suis venu à considérer mon studio comme un trou noir qui engloutissait toute la lumière ! Puis, les images ont finalement pris tout leur sens.
Décrivez-nous les types d’animation auxquels vous avez eu recours dans le film.
La première image que j’ai créée pour le film provient d’une série de photos de la Lune prises à intervalle. Ma conjointe et moi avons photographié une éclipse lunaire au parc La Fontaine, à Montréal, en 2015. J’ai photographié à intervalle pendant près de neuf heures durant l’éclipse. Le ciel était d’une telle clarté ! J’ai eu de la chance que les nuages ne soient apparus qu’à la toute fin. Cette image est devenue la pierre angulaire sur laquelle j’ai construit tout le film.
J’ai essayé bien des choses qui n’ont pas fonctionné, mais il y avait deux aspects essentiels à mes yeux. D’abord, l’animation devait être peinte à la main. Je m’étais déjà tourné vers l’animation numérique auparavant et je n’y avais puisé aucune énergie. La peinture à la main est un acte d’incarnation. Je bouge la main et les doigts et je ressens quelque chose en effectuant ce mouvement. Je suis ainsi obligé de renoncer à un certain niveau de contrôle. Ensuite, la photographie devait avoir sa place. Le fait de peindre directement sous la caméra m’a aidé à relier mon film aux photos que j’avais prises de la Lune.
Je voulais également utiliser des miroirs, parce que ceux-ci constituent un symbole fondamental dans la poésie et la philosophie iraniennes. Les miroirs vous obligent à vous faire face. C’est ce que j’ai choisi pour le pêcheur, puisque ce qui l’effraie le plus est de se voir. Il n’a pas peur de l’éclipse ; il a peur de lui-même. Je voulais que la vague se soulève, le submerge, puis se brise. Même si le fait de se voir dans le miroir l’effraie, lorsque celui-ci se casse, les morceaux qui volent en éclats correspondent en fait à une évolution. Il s’agit d’un clin d’œil au rituel que tant de gens exécutent, et les morceaux se rassemblent afin de former quelque chose de nouveau. C’est ainsi que j’ai conclu le film. Beaucoup de formes et de miroirs s’unissent et convergent vers un message et un but uniques : faire en sorte que la Lune revienne.
Vous avez convaincu Habib de collaborer avec vous pour le film. Sa musique et sa voix hors champ sont très impressionnantes. Comment votre collaboration s’est-elle déroulée sur cet aspect du projet ?
J’ai fait la connaissance d’Habib à Toronto, il y a cinq ans, à l’occasion du festival iranien Tirgan, et nous avons continué de communiquer par courriel et sur Facebook. Il y a trois ans, alors qu’il vivait à Paris, je lui ai rendu visite, et depuis, nous sommes devenus de bons amis.
Nous avons réenregistré sa chanson Deyzangeroo pour le film au tout début de la production. Certaines parties sont semblables à l’enregistrement d’origine, mais à d’autres moments, en particulier à la fin du film, Habib chante non plus des paroles, mais semble plutôt marmonner pour lui-même. Il a beaucoup improvisé durant cet enregistrement, ce qui m’a inspiré les images que j’ai réalisées par la suite.
Dans bien des villages, la population tribale accomplit des rituels qui font partie de la vie quotidienne et où la musique est toujours présente. Les cérémonies religieuses annuelles se tiennent dans les rues, et le son des instruments retentit dans toute la ville. Il y a ce gros tambour qu’on appelle un damom, que les gens portent suspendu au cou et qu’ils frappent de chaque côté. Vingt personnes en jouent au même moment. Cette musique m’a toujours attiré. Selon moi, c’est elle qui a donné naissance au film.
Matériel promotionnel
Images
Équipe
Générique
Un film de
Ehsan Gharib
Musique et voix
Habib Meftah Boushehri
Conception sonore
Olivier Calvert
Bruitage
Lise Wedlock
Thomas Garant (Assistant)
Enregistrement de bruitage
Geoffrey Mitchell
Mixage
Serge Boivin
Montage en ligne
Denis Pilon
Titres
Mélanie Bouchard
Coordination technique
Candice Desormeaux
Direction technique
Eloi Champagne
Coordination technique d’animation
Randall Finnerty
Administration
Victoire-Émilie Bessette
Rosalina Di Sario
Dominique Forget
Stéphanie Lalonde
Mise en marché
Geneviève Bérard
Productrice
Maral Mohammadian
Producteur exécutif
Michael Fukushima
Relations de presse
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Nadine Viau
Attachée de presse – Montréal
C. : 514-458-9745
n.viau@onf.ca
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L’ONF en bref
L’Office national du film du Canada (ONF) est un chef de file dans l’exploration de l’animation comme forme d’art, de mise en récit et de contenu innovateur pour les nouvelles plateformes. Il produit des œuvres d’animation audacieuses dans ses studios situés à Montréal, mais aussi partout au pays, et collabore avec les créateurs et créatrices les plus en vue de la planète dans le cadre de coproductions internationales. Les productions de l’ONF ont remporté plus de 7000 récompenses, dont, en animation, 7 Oscars et 7 Grands Prix du Festival d’Annecy. Pour accéder à ces œuvres uniques, visitez ONF.ca.