Corpus et l'exploration divine
2024 | 7 min 13
Techniques mixtes (composition vidéo, gros plans sur le corps filmés avec un iPhone, prise de vue image par image)
Sans dialogue
Prix et festivals
Grand prix du jury - Experimental Short FilmCalgary International Film Festival, Canada (2024)
Sélection officielle - Compétition Off-LimitsFestival international du film d'animation d'Annecy, France (2024)
Sélection officielle - Compétition ScreendanceLeeds International Film Festival, Royaume Uni (2024)
Sélection officielle - Section grand angle Les Sommets du cinéma d’animation, Canada (2024)
Sélection officielle - ALT Shorts: See and Be SeenFestival international du film de Seattle, É.-U. (2024)
Sélection officielleAnimaphix International Animated Film Festival, Italie (2024)
Sélection officielleHollyShorts Film Festival, U.S.A. (2024)
Une production de l’Office national du film du Canada
Une danseuse, un corps, un téléphone
La société moderne vit en réseaux fragmentés. Écrans de téléphone, téléconférences, cubicules, fenêtres d’appartement : captifs de cette « grille » contemporaine, nous sommes systématiquement divisés par une culture qui tire profit de notre aliénation collective. Lorsque la pandémie de COVID a frappé, Jo Roy, cinéaste et danseuse, a voulu créer un monde qui transcende ce cadre insidieux nourri de consumérisme et de patriarcat. Le résultat ? Corpus et l’exploration divine, un autoportrait expérimental traçant le parcours d’une femme qui redécouvre son phare intérieur et son lien inné avec la nature. N’utilisant que son corps et son iPhone, Jo Roy transforme une « vidéomosaïque » de 100 écrans en un pays des merveilles qui se déploie sur la Terre et au-delà. Mélange d’innovation technique et de vulnérabilité créative, Corpus et l’exploration divine pose une question essentielle : comment pouvons-nous abattre les murs de cette société fragmentée et réorienter la technologie, dans l’espoir d’accéder à un avenir interconnecté ?
EN UNE ET DEUX PHRASES
EN UNE PHRASE
Une danseuse, un corps, un téléphone… À une époque d’aliénation collective et de contrôle technologique de masse, une femme redécouvre son âme et se réapproprie son esprit.
EN DEUX PHRASES
Une danseuse, un corps, un téléphone… À une époque d’aliénation collective et de contrôle technologique de masse, une femme redécouvre son âme et se réapproprie son esprit. Court autoportrait expérimental composé de 100 écrans vidéo, Corpus et l’exploration divine transcende les limites d’une grille visuelle fragmentée pour aller à la découverte de notre humanité commune et de notre place dans le cosmos.
SYNOPSIS LONG
Une danseuse, un corps, un téléphone
Écrans de téléphone, téléconférences, cubicules, fenêtres d’appartement : la société moderne vit en réseaux fragmentés, dans une « grille ». Nous sommes seuls ensemble, cherchant désespérément à nous relier les uns aux autres. Lorsque nous y parvenons, c’est par l’entremise d’une consommation aliénée, ce que Guy Debord appelle La société du spectacle et qui nous laisse aussi séparés de nous-mêmes que nous le sommes les uns des autres.
Lorsque la pandémie de COVID a frappé, cet isolement collectif est devenu plus évident, plus profond. Jo Roy, cinéaste et danseuse, a alors déconstruit l’idéologie qu’elle avait apprise et s’est mise au défi de créer un monde au-delà de la lentille prédatrice du contrôle technologique de masse. Son point d’appui ? Un univers défini par le lien inné de l’humain avec la nature et son unité avec l’environnement, interconnecté et foisonnant. Pour ce faire, l’artiste a utilisé uniquement son corps et son iPhone.
Le résultat ? Corpus et l’exploration divine, un autoportrait expérimental qui pose une question audacieuse : être une femme de chair et de sang dans un monde patriarcal piloté par le numérique, que cela signifie-t-il ? Le court métrage montre une protagoniste perdue dans la nature, la nuit. Désorientée, découragée, elle se met lentement à l’écoute du paysage qui l’entoure, affronte son chagrin et trouve son chemin.
Chaque scène repose sur 100 vidéos, disposées dans une véritable grille composée de dix écrans sur dix, une technique que Jo Roy nomme « vidéomosaïque ». L’artiste isole et récupère de façon stratégique les parties de son propre corps, qu’elle réinvente sous forme de paysages, d’animaux et de phénomènes naturels. Les globes oculaires se multiplient comme des cellules. Les bouts des doigts deviennent des oiseaux en plein vol. Les mèches de cheveux se font montagnes cubistes. Le tout sur une musique éthérée de la compositrice et violoncelliste Zoë Keating. L’effet se révèle cathartique, surréaliste, spirituel, porté par une technique méticuleuse qu’inspire la biologie. Ainsi, l’artiste reconstitue-t-elle la paroi cellulaire du xylème d’une plante à l’aide de 1 918 images de ses pupilles.
La cinéaste originaire de l’Alberta navigue depuis longtemps entre les mondes créatif et commercial, créant publicités, vidéos musicales et chorégraphies primées qui ont été présentées dans diverses publications et sur maintes plateformes, entre autres Ad Age et NOWNESS. Dans Corpus et l’exploration divine, outre l’œuvre de Debord, Jo Roy cite un certain nombre de textes comme source d’inspiration : Tresser les herbes sacrées, Vivre avec le trouble et Psychopolitique, entre autres, ainsi que son parcours personnel à travers le chagrin existentiel, la féminité et la philosophie orientale.
À une époque où nous passons la moitié de notre vie en ligne, Jo Roy fait fi de la lentille qui nous confine telle une marchandise pour ne devenir qu’elle-même. Dans un monde où les liens n’ont jamais été aussi ténus, Corpus et l’exploration divine ose une question essentielle : quelle vie y a-t-il au-delà du réseau, de la grille ?
À PROPOS DE LA TECHNIQUE
Utiliser un iPhone pour concevoir un monde organique et serein présentait des difficultés aussi bien techniques que narratives. Pour Corpus et l’exploration divine, la cinéaste et chorégraphe Jo Roy disposait de très peu de références pour créer sa « vidéomosaïque », une technique novatrice. Elle a dû imaginer un nouveau flux de travail et manipuler environ 50 000 couches de fichiers vidéo iPhone. La création de chaque plan a pris jusqu’à un mois. Jo Roy plaçait en effet à la main parfois plusieurs milliers de fichiers dans une seule image, ce qui entraînait régulièrement un dépassement de la capacité de ses ordinateurs et de ses programmes de composition. Il lui arrivait de terminer une image pour constater que celle-ci ne parvenait pas à la hauteur de sa vision : il fallait alors tout recommencer. Une difficulté supplémentaire a compliqué l’ensemble : comment éclairer un écran vert bricolé dans l’espace minuscule de sa chambre ? La cinéaste a dû faire preuve de créativité et utiliser divers objets surprenants : pinces de cuisine, innombrables gants chirurgicaux, radiateur d’appoint cassé. Océans, éclairs, insectes, baleines : tout au long de ce processus ludique ponctué de découvertes absurdes et de tâtonnements, Jo Roy s’est efforcée de reconstituer le plus d’éléments naturels possible. La stratégie de création de chaque image était complètement unique, selon la texture, le mouvement, la composition. Certains plans ont nécessité une animation image par image ou une composition complexe, tandis que d’autres reposaient sur des mouvements corporels strictement contrôlés et une chorégraphie stratégique. Pour complexifier encore la démarche, Jo Roy s’est engagée à ne jamais se répéter dans l’exécution d’un motif. Le court métrage qui en résulte témoigne du talent et de la ténacité de la cinéaste, venue à bout d’un processus exigeant sans jamais perdre son sens de l’humour.
MOT DE LA RÉALISATRICE, JO ROY
J’ai réalisé Corpus et l’exploration divine essentiellement dans les limites d’un espace de deux mètres sur deux, dans ma chambre. Je n’ai utilisé que mon corps et un iPhone. Inspirée par le minimalisme de l’ère de la COVID, je me suis posé une question simple : comment élargir mes compétences de cinéaste et réaliser le film le plus vaste et le plus cinématographique possible avec un minimum de ressources ?
Bien avant de commencer ce projet, j’étais aux prises avec de nombreuses émotions pour lesquelles je n’avais pas de mots : un sentiment général et vague que quelque chose n’allait pas. Individuellement, on parle de la nuit noire de l’âme ou de dépression, sans savoir souvent que le tissu même de notre société nourrit cette dissonance personnelle ; sans savoir non plus que nous sommes plusieurs à éprouver la même désillusion, dans l’isolement.
Au cours des trois années suivantes, j’ai clarifié ces sentiments confus pour moi-même. J’ai réfléchi à la « structure en grille » que notre société a insidieusement adoptée sans que nous nous en rendions tout à fait compte, qu’il s’agisse de la technologie, de notre mode de vie, voire de notre esprit. Cette fragmentation systémique est devenue le langage tacite qui sous-tend nos existences. Elle engendre un isolement massif et une recherche sans fin de dopamine. En l’absence de communauté et de liens, nous tentons, en vain, de combler le vide par des objets matériels et une validation superficielle. Nous alimentons ainsi une boucle perpétuelle de frustration, engourdis que nous sommes par la consommation. Comment avons-nous pu nous éloigner à ce point de la tradition innée de la vie humaine, imbriquée dans la nature ? Quand avons-nous renoncé à notre vie privée, au caractère sacré d’une vie impossible à quantifier, pour nous avilir comme des marchandises qui rivalisent entre elles en quête d’une valeur artificielle ? Pourquoi avons-nous laissé une obsession financière qui dégrade les êtres humains et la Terre façonner l’avenir ? Au lieu de cela, pouvons-nous utiliser la technologie pour nourrir un monde sain et interdépendant ?
Lorsque j’ai créé Corpus, ma réflexion personnelle m’a amenée à parcourir un réseau de découvertes qui m’a permis d’explorer quantité de domaines : science, sociologie, philosophie orientale, féminité, mon propre traumatisme comme organisme vivant, sans oublier des questions existentielles autour de l’étonnante réalité d’être en vie. Ce parcours tentaculaire s’est accompagné de nombreux ouvrages qui me tiennent à cœur, qui ont transformé ma vision du monde : La société du spectacle, Tresser les herbes sacrées, Femmes qui courent avec les loups, le Tao te king, Psychopolitique, Vivre avec le trouble et Les dragons de l’Eden.
Le processus technique de création de ce film s’est révélé l’exercice le plus complexe et le plus fastidieux que j’ai jamais entrepris comme cinéaste. Pour chaque image, je partais d’un élément de la nature, je regardais mes membres et je me demandais : « Comment créer des éclairs avec mon corps ? Comment devenir l’océan ? Comment me faire tournesol ? » J’ai commencé à repérer les similitudes et les parallèles mathématiques entre mon corps et d’autres entités de l’univers, j’ai imité leurs mouvements, j’ai eu l’impression de les connaître d’une manière étrangement intime. Cela ressemblait presque à une pratique spirituelle — méditation et expression de gratitude — qui me transformait en une gamme variée de composantes naturelles. C’est d’autant plus vrai que, comme danseuse, le mouvement est ma prière. Mon but ultime consistait à transcender la rigidité de la grille, du réseau, et à créer un sentiment d’humanité, des courbes et des liens qui apporteraient la paix au public. Une reconnaissance intuitive. Je voulais susciter chez lui la même réaction innée que celle qu’on éprouve en regardant l’océan ou une montagne : la justesse, la sérénité.
Mon seul matériau, c’était mon corps, un corps de femme. Le processus est dès lors devenu infiniment plus intime et chargé, compte tenu de la signification controversée attachée au corps féminin comme objet d’exploitation, d’abus, de contrôle très strict à travers l’histoire. Mon corps est exposé sans artifices, sans manipulation de la « beauté » pour corriger les défauts ou masquer les attributs « indécents ». Mon corps est présenté avec sensualité, mais sans objectification sexuelle. Autrement dit, je reconnais le caractère sacré inné de ma forme physique. J’espère que cette action incitera d’autres femmes à se réapproprier leur corps. Grâce à l’amour de soi et à une attention saine, nous détenons le pouvoir d’écarter progressivement le regard prédateur de la culture consumériste qui profite sans cesse de notre insécurité et de la honte que nous fabriquons.
Alors que le ciel orageux de ma propre nuit noire se dissipe, je suis frappée par la valeur et la beauté de l’expérience humaine. Pour moi, ce changement de paradigme est le fruit d’une profonde introspection et d’une reconnexion à mon phare intérieur. Je continue de repérer et de rejeter les messages sociaux qui ne me servent pas, qui ne sont pas véridiques. À mesure que je poursuis mon apprentissage, la compassion que j’éprouve envers moi-même se développe ; un mode de vie plus doux, plus durable apparaît. En fin de compte, j’espère que d’autres ressentiront ce film comme un soutien cathartique dans leur propre cheminement.
Corpus et l’exploration divine est une lettre d’amour, une œuvre de guérison, une expression de gratitude envers la vie, l’humanité, la nature et toutes les personnes qui m’ont fait la grâce de me toucher. Merci.
Bande-annonce
Extrait
Affiches
Images
Contactez l’attachée de presse de l’ONF pour obtenir des images en haute résolution destinées à l’impression.
Équipe
Générique
Réalisation
Jo Roy
Caméra
Jo Roy
Chorégraphie
Jo Roy
Danse
Jo Roy
Montage
Jo Roy
Musique
Zoë Keating
Concepteur sonore
Alexander Verbitskiy
Monteur sonore
Alexander Verbitskiy
Enregistreur bruitage
Alexander Verbitskiy
Programmeur synthétiseurs
Sutter Hellwarth
Enregistreur synthétiseurs
Sutter Hellwarth
Bruiteur
Craig Ng
Titres
Amos Sussigan
Consultants en animation
Amos Sussigan
Dan Lund
Consultant à la postproduction
Ondi Animation Inc.
Directeur technique
Vincent McCurley
Coordonnateur technique
Luc Binette
Ingénieur média et développement
Frank Nadeau
Conseiller médias et technologies
Frédéric Sauvé
Spécialiste des systèmes informatiques
Rafi Lokmagozyan
Technologues production et postproduction
Sébastien Dion
Fabien Capus
Monteur en ligne sénior
Yannick Carrier
Mixage final
Isabelle Lussier
Producteur
Jeremy Mendes
Producteur exécutif
Robert McLaughlin
Producteur délégué
Laura Mitchell
Chargé de projet
Janine Steele
Coordonnatrices principales de production
Dominique Forget
Jasmine Pullukatt
Chargées de studio et de productions
Camille Fillion
Janine Steele
Administrateur de studio
Victoria Angell
Agentes de mise en marché
Laurianne Désormiers
Judith Lessard-Bérubé
Coordonnatrices de la mise en marché
Julie Fortin
Jolène Lessard
Attachée de presse
Katja De Bock
Une production de l’Office national du film du Canada, 2024
Relations de presse
-
Nadine Viau
Attachée de presse – Montréal
C. : 514-458-9745
n.viau@onf.ca
-
L’ONF en bref
Fondé en 1939 et unique en son genre, l’Office national du film du Canada (ONF) produit, coproduit et distribue des documentaires et des films d’animation distinctifs, engageants, pertinents et innovants. Incubateur de talents, il est un des plus grands laboratoires de création au monde. Depuis plus de huit décennies, l’ONF permet aux Canadiennes et aux Canadiens de se raconter et de se rencontrer. Ses films sont de plus une ressource éducative fiable et accessible. L’ONF possède également une expertise reconnue mondialement en préservation et en conservation, en plus d’une riche collection vivante d’œuvres qui constituent un pilier important du patrimoine culturel du Canada. Jusqu’à maintenant, l’ONF a produit plus de 14 000 œuvres, dont 6500 sont accessibles gratuitement en ligne sur onf.ca. L’ONF ainsi que ses productions et coproductions ont remporté au-delà de 7000 prix, dont 11 Oscars et un Oscar honorifique récompensant l’excellence de l’organisation dans toutes les sphères de la cinématographie.