Charity
2021 | 36 min
Documentaire interactif
Anglais avec sous-titres en français
Prix et festivals
Nomination pour la meilleure production interactivePrix écrans canadiens 2022
En juillet 2017, à leur réveil, les résidents du nouveau quartier Cathedraltown, à Markham, en Ontario, ont eu la surprise de découvrir Charity, la réplique en chrome d’une vache, en face de leurs maisons. Les habitants, toutefois, n’avaient jamais été consultés au sujet de l’installation de leur nouveau voisin bovin de huit mètres de haut, et ont vite protesté contre la sculpture. Après une avalanche de plaintes et de nombreuses discussions au niveau municipal, le conseil municipal a accepté de retirer la vache controversée.
Charity se penche sur l’improbable polémique entourant l’art public en banlieue, en se concentrant sur les processus bureaucratiques qui se sont déroulés pendant plusieurs années au sein du conseil municipal de Markham, afin d’examiner les forces plus larges en jeu dans nos démocraties municipales. Présenté sous la forme d’une œuvre d’art public numérique produite par l’Office national du film du Canada en partenariat avec le Musée d’art contemporain de Toronto, ce documentaire soulève des questions sur l’identité d’un lieu, sur ceux et celles qui la déterminent et sur les défis de composer simultanément avec des expériences subjectives et des histoires multiples.
Bande-annonce
Synopsis long
En juillet 2017, à leur réveil, les résidents du nouveau quartier Cathedraltown, à Markham, en Ontario, ont eu la surprise de découvrir en face de leurs maisons Charity, une réplique en chrome d’une vache holstein primée dans un concours agricole, deux fois plus grande que sa taille réelle et juchée sur des échasses de huit mètres de haut. Cette soi-disant « meilleure vache de tous les temps » était une œuvre d’art public commandée par le promoteur de Cathedraltown et offerte à la ville de Markham. La sculpture devait rendre hommage au passé du site, qui abritait autrefois le principal éleveur et exposant de vaches holsteins au Canada.
Les résidents, toutefois, n’avaient jamais été consultés au sujet de l’installation de leur nouveau voisin bovin. Ils ont vite protesté contre la sculpture qui, selon eux, ne représentait pas leur communauté en pleine évolution. Après des railleries dans les médias, une avalanche de plaintes et de nombreuses discussions au niveau municipal, le conseil municipal a accepté de retirer la vache controversée.
Dans la même salle du conseil où l’on procède à la subdivision, au zonage et à la réaffectation des terrains, des décisions sont également prises sur la façon dont l’art public devrait contextualiser les lieux. Charity se penche sur l’improbable controverse entourant l’art public en banlieue, en se concentrant sur les processus bureaucratiques qui se sont déroulés pendant plusieurs années au sein du conseil municipal de Markham, afin d’examiner les forces plus larges en jeu dans nos démocraties municipales.
L’œuvre d’art soulève des questions sur l’identité d’un lieu, sur ceux et celles qui la déterminent et sur les défis de composer simultanément avec des expériences subjectives et des histoires multiples. Il s’agit d’une étude de cas sur ce qui peut arriver lorsqu’un symbole culturel est placé dans un climat culturel en constante évolution.
Présenté sous la forme d’une œuvre d’art public numérique produite par l’Office national du film du Canada en partenariat avec le Musée d’art contemporain de Toronto, ce documentaire interactif utilise la vidéo à 360° et la photogrammétrie pour offrir une variante de la visite immobilière interactive — où une maison de Cathedraltown devient un site pour recueillir les réactions de la communauté et raconter à nouveau son déchirement au sujet d’une œuvre d’art public, offrant ainsi un portrait du concept de propriété privée.
En une ligne et En deux lignes
En une ligne
Charity est un documentaire interactif qui explore la controverse et la bureaucratie entourant une œuvre d’art public, soit une vache chromée surdimensionnée installée dans une banlieue.
En deux lignes
Charity est un documentaire interactif réalisé par le collectif d’artistes composé de Parastoo Anoushahpour, Faraz Anoushahpour et Ryan Ferko. Il explore la controverse et la bureaucratie entourant une œuvre d’art public, soit une vache chromée surdimensionnée installée dans un quartier de banlieue, soulevant des questions sur l’identité d’un lieu et sur les personnes qui la déterminent.
À propos de l’expérience utilisateur
Charity est une œuvre d’art public numérique qui explore l’improbable controverse autour d’une sculpture de vache chromée surdimensionnée juchée dans un quartier de banlieue. L’expérience s’ouvre sur Charity, la sculpture de huit mètres de haut en question, modélisée en 3D sur un écran d’ordinateur, tandis qu’un enregistrement audio (accompagné d’une transcription) du conseil municipal de Markham donne le ton bureaucratique. À l’aide d’un montage, on présente ensuite la réplique primée de la vache holstein et un aperçu de Markham pendant son développement, bien avant l’arrivée de la championne bovine. Le décor étant planté pour une farce kafkaïenne, le film devient interactif grâce à l’utilisation de la vidéo à 360° et de la photogrammétrie pour proposer une variante de la visite immobilière interactive. Alors que nous nous déplaçons dans une maison de Cathedraltown, celle-ci devient un site permettant de réexaminer le déchirement d’une communauté autour d’une œuvre d’art public, offrant ainsi un portrait du concept de propriété privée. Le contenu audio nous entraîne plus loin dans le théâtre quasi absurde que constituent les réunions du conseil municipal au cours desquelles sont discutés les mérites de la sculpture et la décision de l’enlever. Les querelles au niveau municipal nous font réfléchir aux forces plus larges en jeu dans nos démocraties et à ce qui peut arriver lorsqu’un symbole culturel est placé dans un climat culturel en constante évolution. D’une durée approximative de 36 minutes, ce documentaire est une étude de cas immersive et innovante sur les défis de composer simultanément avec des expériences subjectives et des histoires multiples.
À propos du partenariat MOCA-ONF
Le partenariat entre le Musée d’art contemporain de Toronto (MOCA) et l’ONF est un programme interdisciplinaire établi pour explorer comment nos villes et notre réalité sociale ont changé, et continueront de s’adapter, alors que la société est en pleine transformation et réouverture. L’initiative a été créée dans le but de travailler avec des artistes qui ne font pas partie de la sphère d’influence habituelle de l’ONF, et d’attirer de nouveaux publics dans des domaines adjacents. Travaillant de concert, les deux organismes ont chargé le collectif d’artistes formé de Parastoo Anoushahpour, Faraz Anoushahpour et Ryan Ferko de créer une œuvre d’art numérique réactive qui sera présentée au public lors de la triennale Greater Toronto Art 2021.
Charity est proposé parallèlement au nouveau film Surface Rites, également présenté au Musée d’art contemporain de Toronto dans le cadre de l’exposition Greater Toronto Art 2021. L’exposition se tiendra du 29 septembre 2021 au 9 janvier 2022. S’aventurant au-delà du paysage de banlieue dont Cathedraltown constitue un prototype, Surface Rites creuse la terre elle-même ainsi que les thèmes de l’exploitation minière et de la prospection, si étroitement liés aux colonies de peuplement et à la création des banlieues nord-américaines.
Entretien avec les artistes
En quoi cette histoire est-elle pertinente aujourd’hui ?
Charity prend en compte les forces plus larges en jeu dans nos démocraties municipales et soulève les questions suivantes : qu’est-ce qui définit l’identité d’un lieu ? Qui la détermine ? Quelles difficultés rencontre-t-on quand on représente simultanément des expériences subjectives et des histoires multiples ? Le documentaire a pour toile de fond un dialogue continu sur le rôle de l’art public et les façons dont il recoupe le développement, la propriété privée, la narration de la terre, les récits.
Avez-vous une relation personnelle avec le lieu ? Qu’est-ce qui vous a attirés dans cette histoire ?
Ce qui nous a attirés, au début, c’est la cathédrale. En 2013, nous avons vu cet édifice insolite sur le bord de l’autoroute 404. Notre première visite a donné lieu à quelques bobines de film en noir et blanc. Elle a marqué le début de notre intérêt pour le lieu au sens large, à un moment où le quartier résidentiel de Cathedraltown commençait tout juste à sortir de terre. Comme pour la plupart de nos projets, cette relation s’est bâtie lentement, au fil du temps, et a pris de nombreuses directions. Nous nous interrogions : que signifie, pour la réplique d’une église slovaque, le fait de devenir le centre symbolique d’un développement de banlieue au nord de Toronto ? C’est alors que la controverse sur la vache Charity a éclaté. De manière imprévue, l’histoire de Charity reflétait l’histoire de la cathédrale, deux objets destinés à apporter une certaine identité à un nouveau site de banlieue. Ce qui nous a incités à faire de Charity l’objet d’un récit à part entière, c’est la façon dont la communauté s’est affirmée et a fait appel à l’administration municipale, offrant ce faisant un portrait de la collectivité.
En quoi le travail collectif diffère-t-il du travail individuel ?
Nous travaillons dans un collectif depuis 2013. La variété de nos formations — architecture, scénographie, histoire — nourrit nos projets, sans oublier nos diverses façons de voir le monde, d’être au monde. La plupart du temps, nous créons des œuvres portant sur des lieux. Nos trois expériences, nos trois perspectives nous permettent de réaliser des productions que nous espérons à la fois cohérentes et singulières dans leur forme, tout en proposant des manières nouvelles et complexes de penser le lieu.
D’après vous, cette histoire concerne-t-elle uniquement le Canada ?
À première vue, cette histoire est très localisée et associée à un développement précis de la banlieue de Markham. Pourtant, ce qui nous intéresse ici, c’est une résonance plus large, qui pousse à réfléchir aux questions d’identité, d’appartenance et d’autoreprésentation dans les banlieues du Canada et d’Amérique du Nord en général. Le coût de la vie dans des villes comme Toronto est de plus en plus prohibitif. Résultat : les banlieues prolifèrent, s’étendent. Même en banlieue, les maisons se vendent à des prix exorbitants et, souvent, plusieurs générations de familles cohabitent dans ces grandes demeures. Sur une terre qui appartenait entièrement à un homme ayant immigré de Slovaquie dans les années 1950 vivent aujourd’hui des centaines de familles, au nombre desquelles on compte une multitude de Canadiennes et de Canadiens de première et de deuxième génération. La question plus large de savoir comment des terres appartenant aux Autochtones ont pu devenir la propriété de quelqu’un et être par la suite réaménagées en banlieue concerne toute la population.
Pourquoi un documentaire interactif plutôt qu’un documentaire ?
Au début, nous pensions faire un film. Au fil des années, depuis notre première visite, en 2013, l’idée de départ a lentement évolué. En 2020, le Musée d’art contemporain de Toronto nous a demandé de montrer une partie de ce travail pour la première fois. Il nous a aussi proposé de travailler avec le Studio interactif de l’ONF à Vancouver pour développer de nouveaux volets. Ensuite, nous avons dû faire avec le confinement, pandémie oblige, et respecter le mandat du Studio, à savoir utiliser une technologie interactive pour présenter différents types de projets au public. Habituellement, nous diffusons nos œuvres dans des cinémas ou des galeries. Ici, on nous a donné l’occasion de changer notre modus operandi, tout en prenant soin de nous demander quelles parties abandonner au contrôle du public et lesquelles façonner par une narration intentionnelle. Les éléments interactifs, nous l’espérons, ajoutent une couche supplémentaire à cette expression narrative, sans distraire ni trop s’éloigner du fil conducteur. Nous voulions aussi créer une œuvre accessible, qui puisse être écoutée, regardée ou lue, et nous assurer de l’égale valeur de toutes ces expériences dans leur forme et leur contenu.
Quelles conversations cherchez-vous à provoquer ?
En plus de conversations sur la trajectoire inhabituelle de la vache Charity et le processus bureaucratique interminable qui s’est déroulé à l’hôtel de ville de Markham en 2017 et 2018, nous souhaitons que l’œuvre soulève des questions plus vastes autour des démocraties municipales et de la propriété privée. Comment l’espace est-il représenté ? Comment les récits sont-ils construits et contrôlés ? Qui a le droit de dicter ces récits ? Malgré l’intention de la donatrice d’utiliser Charity comme symbole de l’histoire agricole de la région avant que celle-ci devienne une banlieue, la vache n’a jamais vécu à Markham. C’est l’une des principales questions que les résidents ont soulevées lorsqu’ils se sont opposés à la sculpture. En outre, l’idée d’une histoire agricole qui marquerait la naissance de cette terre efface les récits et la souveraineté autochtones, perpétuant ainsi un contrôle colonial de la terre et de sa narration.
Quel rapport y a-t-il, le cas échéant, entre cette œuvre et le retrait de statues problématiques pour des raisons politiques ? Ce débat vous intéresse-t-il ?
Ce travail est lié, mais peut-être d’une manière moins évidente que dans le cas de la statue d’une personne. Si l’on décortique la façon dont la sculpture de la vache a été installée à cet endroit, ce qu’elle était censée représenter et dissimuler, le fil rouge apparaît très nettement : richesse, extraction des ressources, colonialisme, patriarcat, suprématie blanche. Tous ces éléments alimentent les conversations entourant les sculptures qui représentent et glorifient plus directement des figures clés de cette histoire, et qui s’avèrent cruciales dans une certaine narration du lieu.
Pourquoi avez-vous opté pour la vidéo 360° et la photogrammétrie, dans ce documentaire ?
La décision d’utiliser la vidéo 360° et la photogrammétrie vient de l’immobilier : pour nos recherches, nous avons assisté à quantité de journées portes ouvertes, consulté une multitude d’annonces immobilières dans la région de Markham. Nous sommes souvent attirés par des images fabriquées dans un souci utilitaire et fonctionnel dans les lieux où nous travaillons. Nous avons constaté que ces deux modes de production d’images étaient déjà intégrés au langage visuel de l’immobilier, dans le cadre de notre projet. Évoluer dans ce contexte nous a donc permis de réfléchir à certains thèmes et préoccupations formels et esthétiques pour récrire le récit bureaucratique de la vache Charity.
Lectures additionnelles
Une vache de chrome qui ne fait pas l’unanimité à Markham – Radio-Canada
L’avenir incertain de la vache de chrome Charity à Markham – Radio-Canada
Was a freak spring windstorm behind Charity the chrome cow’s demise? – CBC (en anglais)
When Charity the cow was here, it was most ‘punderful’ time of year -Toronto.com (en anglais)
Extrait #1
Extrait #2
Extrait #3
Images
Équipe
Générique
Charity
Parastoo Anoushahpour
Faraz Anoushahpour
Ryan Ferko
Écrit par
Parastoo Anoushahpour
Faraz Anoushahpour
Ryan Ferko
Produit par l’Office national du film du Canada en partenariat avec le Musée d’art contemporain de Toronto
Tournage, montage et son
Parastoo Anoushahpour
Faraz Anoushahpour
Ryan Ferko
Design UI et Développement
Thinkingbox
Actrice
Chantria Tam
Modéliste 3D
Vincent McCurley
Prise de son
Benjamin Barton
Assistante de production
Amy Gotting
Coloriste
Dave Roman
Mixage son
Joshua Stevenson
Traduction française
Marie-Eve Fortin
Musée d’art contemporain de Toronto
Conservateur adjoint
Rui Mateus Amaral
Directrice artistique
November Paynter
Office national du film du Canada
Producteur
Jeremy Mendes
Producteur exécutif
Rob McLaughlin
Chargée de projet
Camille Fillion
Coordinatrice de production principale
Jasmine Pullukatt
Chargées de studio et de production
Camille Fillion
Janine Steele
Administratrice du studio
Victoria Angell
Agente de mise en marché
Laurianne Desormiers
Attachée de presse
Jennifer Mair
Coordinateur marketing
Éric Bondo
Technologie de l’information
Sergiu Raul Suciu
Plateformes numériques
Catherine Perreault
Services juridiques
Peter Kallianotis
Médias sociaux
Hannah Martin
Relations de presse
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Attachée de presse – Toronto
C. : 416-436-0105
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L’ONF en bref
Au carrefour mondial des contenus numériques, l’Office national du film du Canada (ONF) crée des animations et des documentaires interactifs d’avant-garde, du contenu pour appareils mobiles ainsi que des installations et des expériences participatives. Les productions interactives et plateformes numériques de l’ONF ont remporté au-delà de 100 récompenses, dont 21 prix Webby. Pour accéder à ces œuvres uniques, visitez ONF.ca.