Changement de décor
2019 | 3 min 39
Le tout dernier court métrage d’animation d’Anita Lebeau relate l’histoire d’Annie, une femme qui parvient à trouver son équilibre malgré les fluctuations d’un quotidien tumultueux.
Mêlant les images réelles (en partie puisées dans les archives familiales) et l’animation traditionnelle, la cinéaste nous entraîne dans une visite éclair de l’univers d’Annie. Extrêmement occupée, celle-ci n’est toutefois pas esclave des pressions extérieures : elle a appris à s’en dégager. Son histoire nous montre la force que recèlent les choix apparemment anodins que nous effectuons tous les jours.
Changement de décor marque un écart stylistique par rapport aux deux films précédents d’Anita Lebeau, Sur la route et Louise. Ce film charmant porteur d’un message percutant aborde divers thèmes : la responsabilité, les relations, la pleine conscience, l’importance de prendre soin de soi. Il nous offre la chance de réorienter nos perspectives et, peut-être, de nous créer un espace à nous.
Synopsis & En une ligne
Synopsis
Voici Annie, une femme qui sait trouver son équilibre malgré les fluctuations d’un quotidien tumultueux. Mêlant images réelles et animation traditionnelle, la cinéaste Anita Lebeau nous entraîne dans une visite éclair de l’univers d’Annie et nous montre la force des choix apparemment anodins que nous effectuons tous les jours.
En une ligne
Une visite éclair de l’univers bien rempli d’Annie nous amène à découvrir la force que recèlent les choix apparemment anodins que nous faisons tous les jours.
Entrevue avec Anita Lebeau
Q : D’où est née l’idée de Changement de décor ?
R : L’idée de ce projet m’est venue alors que je regardais de vieux films amateurs de ma famille qui contenaient une scène de défilé tournée par une journée froide. Pendant que ma mère filme l’événement, les piles de sa caméra Super 8 refroidissent, ce qui a pour conséquence d’accélérer progressivement l’action (une fois le film développé). Cette scène m’a renvoyé l’image de ma vie actuelle — plutôt frénétique —, et la question « Comment faire pour arrêter ce défilé ? » s’est imposée à moi sous les traits d’Annie, la protagoniste en quête d’un changement profond. Alors que je travaillais à la réalisation du film, il m’est arrivé souvent d’envier Annie ! Mais elle m’a en fait appris à ralentir le défilé constant qu’il y a dans ma tête. Elle est, dans une certaine mesure, une miniature de moi.
Q : La combinaison de l’animation et des images réelles produit un effet unique. Parlez-nous un peu des techniques que vous avez utilisées pour créer le film.
R : Le film est une animation multimédia mitraditionnelle, minumérique. J’ai passé beaucoup de temps à assembler les images réelles. J’ai utilisé des séquences du défilé de nos films amateurs familiaux, mais aussi des plans d’archives trouvés sur les sites web de Pond5 et de Prelinger. J’ai photographié des objets choisis au hasard et créé des minividéos afin de les inclure dans le film. Puis, j’ai fait des allers-retours entre les logiciels Toon Boom Harmony, Adobe Photoshop et After Effects, et créé les éléments d’animation d’un kaléidoscope d’images (en ajoutant quelques trucs « réels » comme des roues d’engrenage, des chaises et des épis de maïs). J’ai ainsi conçu un film en continu que j’allais pouvoir utiliser dans la plupart de mes scènes. Je voulais créer l’impression que cette succession rapide d’images représentait l’esprit d’Annie, une répétition incessante d’idées, d’inquiétudes, de tâches, etc. Une fois les images assemblées (le défilé et la succession d’éléments), je les ai remises dans Toon Boom et j’y ai intégré Annie — c’est-à-dire que j’ai ajouté l’animation aux images.
Q : Ce film est tellement pertinent et fidèle à notre époque ! Que souhaitez-vous que le public en retienne ?
R : Que ce film porte moins sur le fait d’échapper à ce que vous lance l’univers que sur la façon dont vous recevez ce qu’il vous envoie et sur vos préoccupations du moment. Je ne voulais pas qu’en le visionnant, on ait envie de dire : « Pauvre Annie, elle est coincée dans le magma du monde moderne. Comment va-t-elle s’en sortir ? » Je voulais plutôt qu’on pense : « Bon sang, Annie, lâche un peu prise sur les quantités de choses qui tournent dans ta tête et contente-toi d’ÊTRE. »
Q : Il s’agit de votre troisième film avec l’ONF. Ce film diffère-t-il des deux autres et, si oui, en quoi ?
R : Mes deux premiers films sont associés à ma courbe d’apprentissage du métier d’animatrice. Comme je ne possède pas de formation officielle, à l’exception de quelques cours suivis il y a longtemps, je me suis beaucoup fiée aux animateurs-graphistes qui m’assistaient dans la réalisation de mes projets (en particulier Jason Doll pour Louise et Chris Cormier pour Sur la route).
J’ai songé à me faire aider encore une fois pour Changement de décor, mais je me suis dit qu’il était important que je le fasse toute seule. Je voulais ÊTRE Annie, et non la céder à quelqu’un d’autre qui allait décider de la façon dont elle allait bouger et réagir aux choses. J’ai sans doute sous-estimé l’ampleur de la tâche, mais je suis contente de l’avoir fait. Ce projet est probablement le plus satisfaisant que j’ai réalisé, aussi bien sur le plan de la technique que sur celui de la création. La narration est plus serrée.
Pour ce qui est du récit, je ne cherche pas délibérément à représenter ma famille dans mes œuvres (à l’exception, peut-être, de Louise), mais il se trouve qu’elle est bien pratique quand je cherche à approfondir une idée. Reste que cette fois, ce n’est pas sur ma famille que porte l’histoire : c’est sur moi. Je vous invite dans ma tête, où vous pouvez entendre tout le tintamarre intérieur — inquiétudes, pensées, idées, arguments, plans, rappels, souvenirs des coups de chance, rabâchage de tas de choses — et me regarder essayer d’y mettre de l’ordre. Ce n’est pas toujours facile, même durant mon sommeil, d’échapper à ce vacarme. Le fait de braquer les projecteurs sur moi marque assurément un point de départ.
Q : Êtes-vous aussi occupée que l’est Annie ? Qu’avez-vous en ce moment sur la table de travail ?
R : J’ai réalisé un court métrage, FACE|TIME, dont la présentation en première coïncidera à peu près avec les débuts de Changement de décor. Et j’ai deux autres idées de projets que j’aimerais mettre en route et pour lesquels j’espère obtenir du financement. Par ailleurs, je fais de l’animation dans une série francophone pour enfants qui s’appelle Canot cocasse (Manito Média et Loogaroo), j’enseigne l’animation à la School of Art de l’Université du Manitoba et je travaille à écrire de la prose. Et puis, je m’efforce de m’éloigner de l’ordinateur pour passer du temps avec ma famille ! De plus en plus. J’y suis presque !
Extraits
Images
Équipe
Générique
Scénario et Animation
Anita Lebeau
Conception sonore et voix d’Annie
Christine Fellows
Consultation d’images numériques
Pierre Plouffe
Pierre Ferlatte
Luc Binette
Assistante à la recherche
Elizabeth Klinck
Mixage
Bruce Little
Montage en ligne | Coloriste
Tony Wytinck
Gestionnaire des opérations
Darin Clausen
Administration
Bree Beach
Devon Supeene
Coordonnatrice de production
Faye Yoneda
Superviseure de production
Esther Viragh
Mise en marché
Catherine Veitch
Leslie Stafford
Sources d’archives
Lebeau Family Collection
Prelinger Archives
Pond5
Nous remercions particulièrement
Karin Adams
Elenore Wieler
Susan Anderson
Scott, Emma and Maggie Collins
Productrice
Alicia Smith
Producteurs exécutifs
David Christensen
Michael Fukushima
Directrice exécutive, Programme anglais
Michelle Van Beusekom
Produit par l’Office national du film du Canada – Studio du Nord-Ouest
www.nfb.ca
@2019 L’Office nationale du film du Canada
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L’ONF en bref
L’Office national du film du Canada (ONF) est un chef de file dans l’exploration de l’animation comme forme d’art, de mise en récit et de contenu innovateur pour les nouvelles plateformes. Il produit des œuvres d’animation audacieuses dans ses studios situés à Montréal, mais aussi partout au pays, et collabore avec les créateurs et créatrices les plus en vue de la planète dans le cadre de coproductions internationales. Les productions de l’ONF ont remporté plus de 7000 récompenses, dont, en animation, 7 Oscars et 7 Grands Prix du Festival d’Annecy. Pour accéder à ces œuvres uniques, visitez ONF.ca.