cette rivière
2016 | 19 min 26 s
Prix et festivals
Prix Coup de Cœur 2016Festival Présence Autochtone Montréal
Meilleur court métrage documentaireCanadian Screen Awards 2017
Sélection officielleNorthwestFest International Documentary & Media Arts Festival 2017
Synopsis court
cette rivière expose sous un angle très personnel l’insoutenable déchirement que représente la recherche d’un être cher porté disparu.
Kyle Kematch et Katherena Vermette ont tous deux connu cet immense chagrin. L’une des sœurs de Kyle est disparue il y a plus de cinq ans. Il travaille aujourd’hui pour l’organisme bénévole Drag the Red, qui mène des recherches dans la rivière Rouge afin de trouver des indices qui auraient un lien avec des membres disparus de la communauté autochtone. Katherena est une poète et une auteure dont toutes les œuvres s’inspirent d’un drame familial survenu il y plus de vingt ans. Bien que les circonstances de la perte que chacun d’eux a subie diffèrent, Kyle et Katherena incarnent la beauté, la dignité, la résilience et le militantisme né du besoin d’agir.
Synopsis long
Ce court métrage habilement conçu expose sous un angle très personnel l’insoutenable déchirement que représente la recherche d’un être cher porté disparu.
Lorsqu’on a retiré le corps d’une jeune fille de quatorze ans des eaux de la rivière Rouge, à Winnipeg, en 2014, un tollé général s’en est suivi et on a lancé de nouveaux appels à l’ouverture d’une enquête nationale sur les disparitions et les assassinats de femmes autochtones. Le tragique événement a également galvanisé un petit groupe de citoyens de Winnipeg qui ont décidé d’agir en fondant l’organisme Drag the Red. Ce groupe de bénévoles mène des recherches dans la rivière Rouge et sur ses berges en vue de trouver des indices qui permettraient de répondre à certaines des questions que soulèvent ces disparitions et ces meurtres.
On estime à non moins de 4 000 le nombre de femmes, d’hommes et d’enfants autochtones portés disparus ou assassinés au Canada depuis 1980. Les familles autochtones de tout le pays saisissent très bien l’ampleur du phénomène : chacune d’elles connaît quelqu’un qui n’est jamais revenu. Kyle Kematch et Katherena Vermette illustrent cette réalité avec profondeur et humanité dans cette rivière.
Kyle est bénévole à plein temps pour Drag the Red. L’une de ses sœurs est disparue il y a cinq ans. De mai à octobre, presque tous les jours, il sonde la rivière en quête d’indices qui pourraient redonner espoir à toutes les autres familles ayant vécu des tragédies similaires. Katherena est une poète et une auteure dont toutes les œuvres s’inspirent d’un drame familial survenu il y plus de vingt ans. Bien que les circonstances entourant la perte que chacun d’eux a subie diffèrent, Kyle et Katherena incarnent la beauté, la dignité, la résilience et le militantisme né du besoin d’agir.
Réalisation conjointe de Katherena Vermette et Erika MacPherson. Images d’Iris Ng (Les histoires qu’on raconte).
Bande-annonce
Matériel promotionnel
Q et R avec Erika MacPherson et Katherena Vermette
Comment en êtes-vous arrivées à vous réunir pour faire ce film? Aviez-vous déjà travaillé ensemble?
Erika MacPherson : [productrice, ONF] C’est Alicia Smith qui nous a jumelées pour cette rivière : elle a été le cerveau qui a orchestré la création du film. C’était la première fois que Kate et moi travaillions ensemble, et j’ose espérer que ce ne sera pas la dernière.
Pourquoi avez-vous décidé de raconter l’histoire comme vous l’avez fait? Vous avez effectué des choix stylistiques très nets : pouvez-vous nous en parler?
EM : La réalité qu’affrontent les communautés et les familles dont un proche est disparu est profondément sombre. Mais malgré la situation, l’intelligence, le sens de l’humour, de même que la force, la solidarité et la résilience prévalent. Nous souhaitions transposer cette complexité sur le plan stylistique. Visuellement, le film est chaleureux et ponctué de moments de proximité presque déstabilisants, suivis de perspectives éloignées, ce qui donne à la fois l’impression d’être à cet endroit, mais aussi [d’observer les choses] de cet endroit.
Le fait de devoir entremêler l’histoire des deux principaux protagonistes, Kate et Kyle, constituait pour nous un défi. Il devait être clair que Kate ne travaille pas avec Kyle dans le bateau de l’organisme Drag the Red (DTR), mais il nous fallait tout de même situer son histoire sur la rivière, à l’intérieur de ce même bateau. L’histoire de Kyle se déroule donc en direct, alors que nous le suivons pendant qu’il drague la rivière. Kate est filmée de façon formelle : ses paroles permettent de saisir le sens profond que recèle la rivière Rouge, pour la ville et pour la communauté. Comme l’un et l’autre se situent cinématographiquement dans l’embarcation de Drag the Red, la rivière elle-même devient aussi un personnage.
Durant les deux premiers tiers du film, Kate et Kyle sont présentés en contrepoint. Nous le voyons travailler et l’entendons nous raconter ce qui le pousse à être là, à exécuter cette tâche en apparence ingrate. Puis coupure, et Kate filme la rivière et l’histoire. Nous ne les retrouvons ensemble qu’une fois passés les deux premiers tiers du film. Nous les voyons aux écluses, la jonction qui, sur la rivière, relie la ville et la partie nord du lac (nous découvrirons par la suite que c’est à cet endroit que le frère de Kate a été trouvé).
Leurs histoires se croisent réellement lorsque Kate raconte à Kyle comment son frère est disparu et qu’ils partagent le sentiment de perte et d’absence de considération qu’ils ont vécu. Cette scène est filmée dans la zone marécageuse, à l’embouchure de la rivière, juste avant que celle-ci s’ouvre sur le lac. Symboliquement, ce moment correspond à la purification.
La scène finale de Kate se déroule à l’embouchure de la rivière, avec le vaste lac Winnipeg en arrière-plan.
Le film est magnifiquement tourné. Parlez-moi un peu de la collaboration avec Iris Ng…
EM : Iris est géniale. Elle a parfaitement saisi la dimension visuelle de cette histoire. Ses images sont sublimes. Nous étions dans l’embarcation de Drag the Red : une équipe de cinq femmes, avec Kyle, durant six jours, au milieu de la pire vague de chaleur dont je me souvienne. Il faisait aux environs de 30 degrés Celsius tous les jours, et le mercure a même grimpé un jour jusqu’à 36 degrés. Il n’y avait pas de toilette, et il n’y avait pas d’ombre. Iris a filmé caméra à l’épaule durant presque tout le film, sans se plaindre une seule fois des conditions, et toujours avec la même stabilité. Que dire de plus! Je donnerais tout pour travailler de nouveau avec elle.
Qui voyez-vous comme public pour ce film? Qu’espérez-vous que les gens vont en retirer?
EM : Il a été dit que le film s’adressait à la communauté autochtone, mais cette vision me paraît trop restrictive. Il importe de réfléchir à l’histoire elle-même, aux protagonistes et à la nature de leur résilience respective. Mais l’histoire que tous partagent est celle de la poésie d’un lieu. De la poésie de la perte.
J’espère que le récit laisse entrevoir la réalité affective des gens ayant perdu un être cher, mais aussi, qu’il témoigne de la proximité de tous les citoyens. Ces protagonistes ne sont pas des noms et des statistiques : ils nous ont permis de pénétrer dans l’intimité de leur histoire, ce qui amène le public à sympathiser avec eux en tant que personnes.
Katherena Vermette : Quoi que je fasse, j’agis d’abord pour ma communauté. Je cherche à raconter mes histoires en me situant dans une perspective de franchise et d’humilité. Je veux que les gens dont je trace le portrait trouvent un reflet fidèle d’eux-mêmes et de ceux qu’ils aiment. Cela dit, le récit ne doit pas se limiter à la communauté autochtone. Je pense que les personnes non autochtones souhaitent comprendre ces questions, et je suis heureuse de prendre part à ce dialogue et de partager ma connaissance modeste et personnelle de mon univers.
En ce qui concerne le film, j’ai eu l’impression que mon rôle était celui d’une poète. Les poètes décrivent ce qu’ils ressentent et mettent des images sur ces sentiments. Ils tentent de porter sur les choses un regard différent, en espérant amener le lecteur ou le spectateur à voir ces choses différemment aussi. Je crois que l’empathie constitue notre arme la plus puissante contre la tyrannie ou l’indifférence. Ce film porte sur la perte, le deuil, la colère et la guérison. Ce ne sont pas des sentiments réservés aux Autochtones. Tout le monde a la capacité de se sentir touché.
Combien de temps le processus de création du film a-t-il nécessité? Combien de temps a duré la période d’élaboration? Et celle du tournage?
KV : Alicia et moi nous sommes rencontrées pour la première fois au début décembre 2014. Nous avons eu plusieurs longues, longues réunions durant lesquelles nous avons parlé d’art, d’images, de cinéma et d’enjeux. À l’étape conceptuelle, c’était vraiment très amusant. Les choses se sont concrétisées quand Erika s’est jointe à nous et qu’il nous a fallu creuser de plus en plus profondément pour trouver la façon de dire ce que nous voulions exprimer.
Il s’agit de ma première expérience de cinéaste, et j’ai suivi là un formidable cours accéléré sur bien des plans. Et même si le tournage a été dur, nous avions une équipe formidable. Kyle et Calvin, les bénévoles de Drag the Red présentés dans le film, sont des gens très généreux et faciles à vivre. La première journée a été magnifique, remplie de cérémonies et de chansons, puis il y a eu tous ces moments du genre « promenade en bateau sous le soleil ».
EM : Je suis montée à bord pour faire la connaissance de Kate vers mars 2015, je pense. Nous avons consacré beaucoup de temps à nouer une relation avec les gens de Drag the Red. Kate était la personne qui restait sur la terre ferme, à démêler le pourquoi du comment. Nous avons eu beaucoup de soutien de la part de Bernadette Smith, de DTR. Elle s’est révélé une ressource formidable à l’étape de l’élaboration et au moment du tournage, également. Nous avons filmé durant sept jours en août 2016.
Katherena, compte tenu de votre propre histoire liée à la rivière, vous a-t-il semblé très difficile de faire ce film? Ou avez-vous au contraire vécu cette expérience à la manière d’une catharsis?
KV : J’ai vraiment aimé avoir l’occasion de travailler avec Kyle, Bernadette et l’équipe de DTR. J’ai aimé pouvoir faire participer des gens et leur rendre hommage, et puis évidemment, il y avait notre extraordinaire rivière. Mais à bien des égards, c’était plus difficile que cathartique. Personnellement, je me suis aventurée sur beaucoup de terrains où je n’avais pas l’intention d’aller. C’est ce qui se produit quand on plonge aussi profondément au fond de ces choses, si je peux m’exprimer ainsi. Cette tragédie qui se produit tous les jours dans tant de communautés est si énorme, si révoltante. Elle dépasse l’histoire de chaque famille prise individuellement, une histoire qui est tellement déchirante.
En ce qui concerne ma propre famille, finalement, je comprends mieux ce qui s’est produit. Mais ça me renverse, parce que tout ce temps a passé, et il reste encore tellement de choses à découvrir! Comme j’étais une enfant, il y a bien des choses qu’on ne m’a pas dites pour me protéger. Alors, le souvenir que je garde des événements est très différent de celui qu’en ont les autres.
Images
Équipe
Générique
des indiens se noient
la famille l’apprend
ça arrive tous les jours
le fond regorge
d’indiens morts
cette rivière se gonfle
gèle
se fracasse
d’impassibles bras de glace
accueillent les indiens
PRODUIT PAR
L’OFFICE NATIONAL DU FILM DU CANADA
Réalisé par
Erika MacPherson et Katherena Vermette
Écrit par
Katherena Vermette et Erika MacPherson
Productrice
Alicia Smith
Producteur exécutif
David Christensen
Narration
Katherena Vermette
Avec
Kyle Kematch
Calvin Alexander
Katherena Vermette
Directrice de la photographie
Iris Ng
Prise de son en extérieurs
Conception sonore
Montage sonore
Anita Lubosch
Montage
Erika MacPherson
Gestion des données numériques
Conseiller au travail de montage
Marcel Kreutzer
Mixage
Bruce Little
Montage en ligne et coloriste
Tony Wytinck
Version française et sous-titres
Claude Dionne
Coordination de la production
Faye Yoneda
Jasmine Pullukatt
Supervision de la production
Mark Power
Assistante à la production
Kristin Pontz
Administration du Centre
Bree Beach
Ginette d’Silva
Gestionnaire des opérations du Centre
Darin Clausen
Mise en marché
Leslie Stafford
Coordination de la mise en marché
Michelle Rozon
Directrice générale du programme anglais
Michelle Van Beusekom
Conducteurs des bateaux
Kyle Kematch / Drag the Red
Jan Bass / Whiskers et Walleye avec Bass
Conseillère stratégique
Etoile Stewart
Photographe
Chris Friesen
NOUS REMERCIONS
Bernadette Smith
Sabrina Leister
Kyle Kematch
Calvin Alexander
Sheenah Fontaine
Bénévoles – DTR Ground Search :
Tasha-Lynne Benjamin
Shauna Taylor
Paula Ducharme
Jennifer Coutu
Kimberly Kostiuk
Jessica Chisholm
Dion Rockwood
Ariunna Chislom
NOUS TENONS À REMERCIER
Ceremonial Blessing:
Ko’ona Cochrane
Red Robe Drummers:
Alison Cox
Alisheya Walker
Elizabeth Armstrong
Alison Dong
Carol Mann
Hilda Mann
Arlene Mitchell
NOUS REMERCIONS AUSSI
Kelly Dodds / MidCanada Production Services
Chester Kazimirowich / Redboine Boat Club
Jan Bass / Whiskers and Walleye with Bass
Tom Corrigan
Rasheed Mohammed
Reuben Boulette
Pierre Vermette
Bob Smith
Leslie Smith
Leah Decter
Neechi Commons
Écluse et digue St. Andrews:
Elmer Mallett
Charles Leach
Earl Calder
Brent Murray
Tourné sur la rivière Rouge, à Winnipeg et aux alentours, à l’écluse et à la digue St. Andrews
et au lac Winnipeg
Extrait du poème indians, tiré de north end love songs
de Katherena Vermette
Relations de presse
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Katja De Bock
Attachée de presse – Vancouver
C. : 778-628-4890
k.debock@onf.ca | @NFB_Katja
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L’ONF en bref
Fondé en 1939 et unique en son genre, l’Office national du film du Canada (ONF) produit, coproduit et distribue des documentaires et des films d’animation distinctifs, engageants, pertinents et innovants. Incubateur de talents, il est un des plus grands laboratoires de création au monde. Depuis plus de huit décennies, l’ONF permet aux Canadiennes et aux Canadiens de se raconter et de se rencontrer. Ses films sont de plus une ressource éducative fiable et accessible. L’ONF possède également une expertise reconnue mondialement en préservation et en conservation, en plus d’une riche collection vivante d’œuvres qui constituent un pilier important du patrimoine culturel du Canada. Jusqu’à maintenant, l’ONF a produit plus de 14 000 œuvres, dont 6500 sont accessibles gratuitement en ligne sur onf.ca. L’ONF ainsi que ses productions et coproductions ont remporté au-delà de 7000 prix, dont 11 Oscars et un Oscar honorifique récompensant l’excellence de l’organisation dans toutes les sphères de la cinématographie.