Autos Portraits
2015 | 4 min
Le film
Une Chevrolet Bel Air 1957 interprète une version ironique de la ballade américaine « Que Sera Sera (Whatever Will Be, Will Be) ». La calandre de la vedette devient une bouche enjôleuse, d’où s’échappent les rimes rassurantes de la chanson, tandis qu’un chœur d’automobiles l’accompagne en une chorégraphie spectaculaire. Satire grinçante de la puissance pétrolière, Autos Portraits est une comédie musicale à grand déploiement, le cinéaste et bédéiste Claude Cloutier caricaturant l’insouciance contemporaine face aux périls qui menacent la planète.
Prix et festivals
Selection officielAnnecy 2015
Bande-annonce
Équipe
Claude Cloutier
Réalisateur
Biographie
Photo
Photo : Véronique Boncompagni
Claude Cloutier
Claude Cloutier se fait d’abord connaître en tant que bédéiste avec la série La légende des Jean-Guy et Gilles la Jungle contre Méchant-Man. Il signe ensuite plusieurs films d’animation : Le colporteur (1988, en compétition au Festival de Cannes), Overdose (1994), Du big bang à mardi matin (2000), Isabelle au bois dormant (2007, une vingtaine de prix, dont le Génie et le Jutra du meilleur court métrage d’animation), La tranchée (2010), Interférence (2014), Autos Portraits (2015, prix Guy-L.-Coté et Iris du meilleur court métrage d’animation) et Mauvaises herbes (2020).
Julie Roy
Productrice exécutive (ONF)
Biographie
Photo
Photo : ONF
Julie Roy
Productrice exécutive au Studio d’animation français de l’Office national du film du Canada, Julie Roy a produit une quarantaine de courts métrages d’animation. Titulaire d’une maîtrise en études cinématographiques de l’Université de Montréal, elle a publié de nombreux textes portant sur les femmes et le cinéma d’animation.
Parmi ses productions, citons Le sujet de Patrick Bouchard et TESLA : LUMIÈRE MONDIALE de Matthew Rankin, tous deux présentés à Cannes, le premier à la Quinzaine des réalisateurs en 2018 et le second à la Semaine de la critique en 2017. En 2016, elle a coproduit Une tête disparaît de Franck Dion (Papy 3D/ONF), qui a remporté le Cristal du court métrage au Festival international d’animation d’Annecy. Claude Cloutier, Michèle Lemieux, Regina Pessoa et bien d’autres font partie des artistes qu’elle a accompagnés sur plusieurs œuvres.
Préconisant la diversité des approches cinématographiques, Julie Roy développe actuellement un projet d’installation interactive avec Nicolas Brault, ainsi que le prochain court métrage de Chris Lavis et Maciek Szczerbowski (Madame Tutli-Putli, 2007).
Audrey Emery
Chanteuse
Biographie
Photo
Audrey Emery
C’est entre la mer et la forêt, entre les Îles-de-la-Madeleine et les Laurentides qu’Audrey Emery se fait bercer. Ses explorations l’amènent à découvrir le piano classique et jazz ainsi que la guitare folk. Ces diverses collaborations avec Martin Léon, Éloi Painchaud, Jorane, Jean-Phi Goncalves, notamment, et ces multiples formations l’amènent aujourd’hui à vous offrir de la soul francophone dans un univers chaud et sensuel. Dans ses œuvres, elle exprime ses questionnements et sa vision des maux et du beau. De la fragilité des jours tout comme de leur grandeur. Sous la chaleur soul de sa voix et de son groove, Audrey Emery vous attisera le cœur.
Entretien avec Claude Cloutier
Quelle est l’origine d’Autos Portraits?
D’une certaine façon, c’est un projet assez ancien. Depuis très longtemps, je dessine des carcasses de voitures qui sont en fait des créatures hybrides, mi- mécaniques, mi- animales, qui sortent de la terre.
Après Du big bang à mardi matin, j’ai voulu faire un film inspiré de ces dessins, mais je me suis plutôt engagé sur la piste de la parodie d’un conte classique. Mon producteur de l’époque souhaitait un film drôle, et j’en ai profité pour aller dans le sens de ce que j’avais pu faire en bandes dessinées avec Gilles la Jungle contre Méchant Man, c’est-à-dire une œuvre totalement parodique. Cela a donné Isabelle au bois dormant.
Quand ce film a été terminé, on m’a proposé de réaliser un film sur la Première Guerre mondiale. J’ai alors récupéré l’idée de créatures qui émergeaient de la terre : dans la deuxième moitié du film, on voit des soldats qui sortent de terre dans un violent bouillonnement de la matière.
Restaient donc les automobiles : j’adore les lignes modernes et élégantes des voitures des années 1950 et 1960. C’est une période qui correspond à l’âge d’or de la comédie musicale américaine. J’ai donc eu l’idée d’imbriquer ces deux éléments pour réaliser une comédie musicale avec de belles voitures.
Quel a été le principal défi du film?
Donner vie à ces objets. Les voitures sont dessinées avec un haut degré de réalisme ; ce sont donc des objets complexes qu’il faut faire bouger, qu’il faut animer. J’en suis rapidement venu à la conclusion qu’il était essentiel que je fasse chanter les voitures et qu’il fallait que la synchronisation des lèvres soit parfaite. Rien que ça, c’est un énorme boulot!
Ensuite, la comédie musicale exige une mise en scène élaborée, avec des angles de caméra affirmés, de la danse, etc. En animation dessinée, cela veut dire un énorme travail de perspective, des mouvements complexes, beaucoup de niveaux d’animation… C’est un film qui aurait été plus simple à réaliser en utilisant un logiciel 3D : la modélisation des automobiles aurait permis de réaliser les mouvements plus facilement.
Mais je ne suis pas un animateur de 3D. Ce qui me caractérise, c’est mon dessin. C’est à mon dessin qu’on me reconnaît, c’est à travers lui que je m’exprime. Alors je n’aurais pas pu faire le film autrement. Autos Portraits est une fable écologique. C’est un film dont l’esprit paraît assez proche de celui de Du big bang à mardi matin. Je crois que c’est juste de comparer les deux films. D’abord il y a la relation à la musique, qui est structurante dans les deux cas. Ensuite, le fait que la comédie et l’humour viennent teinter le regard, mais que le sujet est sérieux : l’évolution dans Du big bang…, le paradigme pétrolier dans Autos Portraits. La différence, en fait, réside dans ce que les deux films ont une trajectoire opposée : Du big bang… s’amorçait de façon plutôt solennelle avec la séquence sous-marine, pour se terminer dans la légèreté avec les massacres absurdes à travers les époques; tandis qu’Autos Portraits s’ouvre dans l’insouciance la plus totale et se leste progressivement du poids du désastre écologique. Plus on avance dans le film, plus le discours critique se construit à même le dérapage du numéro de comédie musicale.
Vous vous intéressez à la science?
Beaucoup! À la science, à la technologie, à l’Histoire. Cela vient nourrir mes films. Même Isabelle au bois dormant, dans lequel il y a des gags à propos de la monarchie britannique et de l’histoire de l’art.
Et l’écologie?
On retiendra sans doute d’Autos Portraits le discours écologiste parce que c’est ce qui se dégage du résultat final, mais ce n’est pas sous cet angle que j’ai abordé la réalisation du film. Mon approche de départ était plutôt historique, esthétique et technique. La correspondance historique entre les voitures et l’apogée de la comédie musicale, la crise du pétrole de 1971 qui met fin à cet âge d’or des grosses voitures, tout comme la comédie musicale a été pratiquement anéantie autour de 1968 avec l’arrivée du Nouvel Hollywood. Le discours écologique est arrivé ensuite, quand j’ai voulu organiser le récit. Tous les éléments ont trouvé leur cohérence dans ce discours.
Je suis évidemment d’accord avec ce que le film raconte, mais ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas un militant. Je suis un cinéaste et un auteur de bandes dessinées. Je fais des films et des livres. Autos Portraits met de l’avant un propos écologique, tout comme La tranchée portait un discours pacifiste. Je ne ferai probablement plus un autre film pacifiste, ni un autre film écologiste… Globalement, je suis un humaniste et cela teinte sans doute mon regard.
Les bandes dessinées qui vous ont fait connaître sont très drôles. Vous êtes d’ailleurs venu au cinéma en adaptant l’une de celles-ci, La légende des Jean-Guy, qui est devenue Le colporteur. Mais depuis, vous n’avez fait qu’un seul film vraiment comique, Isabelle au bois dormant, qui a remporté beaucoup de succès. On trouve des éléments humoristiques dans vos autres films – à l’exception de La tranchée – mais l’humour n’y est pas la dominante. Est-ce que vous vivez ce rapport avec l’humour et le sérieux comme une tension?
J’aimerais faire davantage de vraie comédie, mais on ne réalise pas à quel point il est difficile de mettre en chantier un film purement humoristique dans notre contexte de production. Quand on cherche du financement, quand on doit convaincre des investisseurs, des chaînes de télévision, on a souvent l’impression d’être évalué en fonction du propos. Par nature, mon humour est absurde plutôt que social. Les choses les plus drôles que j’ai faites jouent sur les codes narratifs, sur le langage, sur des situations incongrues ou franchement ridicules. Quand on se retrouve en ballottage avec toutes sortes de projets qui abordent de grandes questions, qui parlent du monde dans lequel on vit, qui traitent de sujets sociaux importants, il est difficile d’attirer l’attention et d’obtenir du financement en étant juste drôle. Après avoir fait Isabelle au bois dormant, j’ai déposé un projet intitulé L’odyssée de Buffalo Gilles, qui est une franche comédie dans le même esprit qu’Isabelle… Je n’ai pas obtenu le financement. C’est un projet auquel je tiens toujours, mais ce ne sera pas mon prochain film.
Quel sera votre prochain film?
Il s’intitule Mauvaise herbe. Il y a sans doute dans ce projet une réaction contre Autos Portraits : j’ai passé des années à dessiner des voitures, donc je vais maintenant dessiner des plantes et des mouches. Ça me libère l’esprit de penser que je vais dessiner des êtres organiques, qui bougent plus naturellement et qui sont moins complexes.
L’action du film se déroule dans un espace clos et deux plantes carnivores se disputent les mouches qui s’aventurent sur leur territoire. Vous voyez, si on creuse un peu on se rend compte qu’il y est encore question de ressources naturelles et de guerre, ce qui nous ramène à Autos Portraits et à La tranchée. Ce sera peut-être un film pacifiste ET écologiste, ce qui vient contredire ce que j’ai dit tout à l’heure. Mais encore une fois, le point de départ n’est pas là. Le point de départ est graphique.
Images
Générique
L’Office national du film
du Canada présente
Autos Portraits
Réalisation, scénarisation,
animation
Claude Cloutier
Production
Julie Roy
Composition de l’adaptation
Jean-Phi Goncalves
Concepteur sonore
Olivier Calvert
Montage image
Michel Pelland
Guillaume Fortin
Musique
« Whatever Will Be, Will Be
(Que Sera Sera) »
Écrit par : Jay Livingston
et Ray Evans
Avec la permission de
Universal Music Publishing
une division de
Universal Music Canada Inc.
Chanteuse principale
Audrey Emery
Choristes
Audrey Brossard
Pierre-Philippe Côté
Alexandre Désilets
Nicolas Grou
Valérie Jodoin Keaton
Émilie Laforest
Andrée-Isabelle Ntibarikure (Aiza)
Alejandra Ribera
Musiciens
Antoine Bareil
Madeleine Messier
Sheila Hannigan
Ligia Paquin
Jean-Nicolas Trottier
David Carbonneau
Arrangements musicaux
Guido Del Fabbro
Jean-Phi Goncalves
Mixage
Serge Boivin
Bruitage
Lise Wedlock
Enregistrement sonore
Geoffrey Mitchell
Directeur technique et
chef coloration
Pierre Plouffe
Infographistes
Yannick Grandmont
Stego
Parissa Mohit
Ehsan Gharib
Montage en ligne
Serge Verreault
Titres
Réjean Myette
Producteur exécutif
René Chénier
Coordonnatrice de production
Michèle Labelle
Administratrice
Diane Régimbald
Équipe administrative
Diane Ayotte
Karine Desmeules
Agente de mise en marché
Geneviève Bérard
Coordonnateur technique
Daniel Lord
Remerciements
Pascale Ferland
Sébastien Nasra
Christine Noël
Oana Suteu
Conseil des arts du Canada (Recherche)
Avec la participation d’ARTE France
Unité de programmes cinéma
Responsable des courts
Hélène Vayssières
Autos Portraits
Studio d’animation français
Programme français
© 2015 Office national
du film du Canada
www.onf.ca
Festivals
Élise Labbé
e.labbe@nfb.ca
Ventes
Chanelle Routhier
c.routhier@nfb.ca
Relations de presse
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Nadine Viau
Attachée de presse – Montréal
C. : 514-458-9745
n.viau@onf.ca
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L’ONF en bref
L’Office national du film du Canada (ONF) produit des animations innovantes dans ses studios de Montréal, dans ses centres situés partout au pays et dans le cadre de coproductions internationales avec les animateurs les plus en vue de la planète. Il est également un chef de file en matière d’approches novatrices en stéréoscopie 3D et en contenu animé pour nouvelles plateformes. L’ONF a réalisé plus de 13 000 productions et remporté au-delà de 7000 récompenses. Ses animations ont récolté 7 de ses 12 Oscars, 6 Grands Prix au Festival international du film d’animation d’Annecy, en France, 4 Palmes d’or au Festival de Cannes et 2 Ours d’or à la Berlinale. Pour accéder aux animations primées de l’ONF et découvrir le travail des artistes et des artisans, allez à ONF.ca, téléchargez les applications de l’ONF pour appareils mobiles ou visitez Pause ONF.