Charles sait qu’il est différent des autres enfants. Tous les jours à l’école, on lui rappelle qu’il n’a pas la même vie que ses compagnons de classe. Tous les jours à la maison, il constate qu’il ne reçoit pas les mêmes soins que les enfants du voisinage. Pour esquiver les injustices et les railleries, Charles s’invente un refuge paisible peuplé de petites grenouilles bienveillantes.

Charles sait qu’il est différent des autres enfants. Tous les jours à l’école, on lui rappelle qu’il n’a pas la même vie que ses compagnons de classe. Tous les jours à la maison, il constate qu’il ne reçoit pas les mêmes soins que les enfants du voisinage. Pour esquiver les injustices et les railleries, Charles s’invente un refuge paisible peuplé de petites grenouilles bienveillantes.

Deuxième volet d’une trilogie lancée avec Paula en 2011, Charles est la première coproduction Canada/France de Dominic Etienne Simard et la deuxième collaboration du cinéaste avec l’Office national du film du Canada. Ce projet cinématographique a été mis en branle en 2012, lorsque Dominic Etienne a reçu le prix du concours Cours écrire ton court lancé par la SODEC. Pendant le processus de création, le cinéaste a bénéficié d’une résidence artistique à Château-Renault dans la vallée de la Loire en France, un séjour au cours duquel il a travaillé avec l’animateur français de renom Benoît Chieux.

Avec finesse et fantaisie, Charles présente le quotidien d’un petit garçon ordinaire négligé par une mère malade. Pour fuir la dureté du monde, l’enfant s’évade dès qu’il le peut dans un univers parallèle, aussi étrange que rassurant, où il puise la force de subsister. Quelqu’un viendra-t-il enfin lui prêter main-forte? Pendant combien de temps encore pourra-t-il vivre ainsi? Que pourra-t-il espérer de l’âge adulte? Ces grandes questions traversent une œuvre visuellement puissante, mais surtout profondément humaine et intelligente.

Bien que ce nouveau film s’éloigne d’un point de vue technique des propositions précédentes de Dominic Etienne, il s’en rapproche par une signature visuelle forte et une délicate sensibilité devenues emblématiques du style de l’auteur. Encore une fois, le cinéaste offre un réglage savamment dosé entre l’ombre et la lumière, entre l’émotion brute et la prise de conscience, entre le jeu et l’expérimentation. À l’instar du projet précédent, Charles aborde avec retenue et sagesse une réalité complexe, méconnue et souvent invisible. Le spectateur lit une à une les images et accède lentement à toute la singularité de l’univers de Charles.

Dominic Etienne étudie savamment la temporalité de son récit en laissant les choses se produire doucement, sans jamais les brusquer. Ce qui frappe, hormis ce ton méditatif qui fait la part belle à l’introspection, c’est sans contredit le travail sur les décors lugubres et texturés, qui contrastent avec les corps blancs des personnages, ainsi que la mise en valeur des ambiances sonores, à la fois sombres et enveloppantes. Avec son dessin stylisé et expressif, résumé à l’essentiel et exécuté avec une main de maître, le cinéaste sait une fois de plus se passer de dialogues. Le spectateur décode tout, sans ambiguïté, ce qui rend son travail encore plus percutant.

Enfin, par sa présence récurrente et symbolique, l’eau se révèle un élément central du film. Tantôt hospitalière, apaisante et salvatrice, elle abrite les petits batraciens dont Charles devient le compagnon. Tantôt inquiétante et imprévisible, elle forme une puissante et oppressante étreinte.

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